La startup toulousaine Rubix S&I devient Ellona. L'entreprise fondée en 2016 est spécialisée dans le développement d'objets connectés pour le suivi et l'identification en continu des nuisances (gaz, odeurs, bruit, particules, lumière, etc.) en environnements extérieur et intérieur. Ce changement d'identité reflette un changement de stratégie, encouragé par les besoins exprimés durant la pandémie. Ellona souhaite dorénavant voir évoluer sa mission de mesure environnementale vers de l'intelligence environnementale et se concentrer sur la data.
"Nous avons aggloméré beaucoup de nouvelles expertises. Notre expertise initiale était beaucoup sur les gaz, les odeurs, les particules et les allergènes, mais nous avions souhaité monter en puissance dans le domaine des bruits et des sons. Par cela, nous avons amalgamé des compétences complémentaires et il était donc bon de changer d'identité de façon à ce que cette fusion (de compétences) soit génératrice d'un renouveau, d'une nouvelle énergie. Le nom Rubix était un nom très attaché au hardware et avait une sonorité très rugueuse. Nous souhaitions une sonorité plus orientée vers la data. Nous avons une orientation de plus en plus forte vers les banques de données : de sons, d'odeurs, d'allergènes, de vibrations, etc", explique Jean-Christophe Mifsud, président et fondateur de l'entreprise.
Renforcer les banques de données
Dorénavant, Ellona ne fait plus seulement de la mesure de données mais également de l'identification de ces dernières. L'entreprise est en train de renforcer ses banques de données sur des outils déjà existants, notamment sur la partie environnement extérieur. Elle équipe des zones portuaires, des sites industriels et de traitement de déchets avec ses boitiers connectés. À l'avenir, la startup souhaite augmenter ses bank data en environnement intérieur "avec des applications assez pointues" dans les hôpitaux, les salles de production, etc.
"La mesure est inane si elle ne génère pas une action. De plus, il faut réagir à celle-ci en temps réel. Enfin, il manquait un troisième élément qui a été extrêmement révélateur pendant la pandémie, une résolution qualitative. Nous avons donc souhaité construire des banques de données qui permettent de contextualiser les événements et de pouvoir agir en connaissance de cause. Aujourd'hui, nous collectons de la donnée, du savoir-faire sensoriel provenant des hommes et des femmes qui sont dans la maintenance prédictive, dans le nettoyage des espaces de façon à ajouter aux données analytiques des données sensorielles. Nous allons pouvoir sentir l'insalubrité ou le nettoyage. Nous allons écouter des bruits et savoir distinguer une altercation d'un goutte à goutte dans les toilettes, ou d'un gémissement dans les hôpitaux."
Un portique détecteur de charge virale
Afin de devenir "un acteur incontournable dans le domaine de la donnée", Ellona travaille sur une levée de fonds d'une vingtaine de millions d'euros. Elle souhaite effectuer ce tour de table en deux parties, une première avant l'été 2022 et l'autre à la fin de l'année voire début 2023. Cette étape intermédiaire devrait permettre d'augmenter la valorisation de la société et sa traction commerciale ainsi que de valider les technologies.
Cette augmentation de capital devrait également permettre à la startup d'accélérer le développement d'un nouvel outil, sur lequel elle planche depuis plusieurs années, des portiques équipés de capteurs optiques capables de détecter une charge virale à partir d'une simple analyse de l'haleine. Cette solution brevetée est actuellement en phase de test au sein d'un hôpital anglais. Les premiers résultats seraient encourageants. Pensée pour les aéroports et les gares, la machine de détection non invasive de charge virale devrait être déployée par Ellona d'ici fin 2023 début 2024.
"La salubrité virale dans les transports est importante. Pour cela, il est nécessaire, de façon ambulatoire, de détecter les personnes qui peuvent être porteuses d'une charge virale et ce, sans les arrêter systématiquement pour les faire souffler dans un ballon. L'idée est qu'un visiteur passe sous un portique et sans qu'il s'en aperçoive, son haleine est analysée. L'empreinte est interprétée par l'intelligence du cloud", décrit Jean-Christophe Mifsud.
De plus, la startup, qui jusqu'à présent mettait au point des systèmes postés souhaite désormais réaliser la mise oeuvre de ses technologies dans systèmes portables. Ainsi, un appareil transportable "au poignet" et utile pour l'analyse des aliments ou des fuites environnementales devrait voir le jour d'ici la fin de l'année.
Une seconde filiale en Asie
En attendant, Ellona compte toujours une cinquantaine d'employés, répartis entre la Ville rose, la capitale et New-York. Le marketing, la communication et la R&D sont réalisés à Toulouse, le business development et le support client se font en partie depuis le bureau parisien d'Ellona et une personne est présente au sein de sa filiale aux États-Unis. La future levée de fonds devrait lui permettre de recruter une quinzaine d'employés notamment sur les parties traitement du signal et commercialisation. À terme, l'entreprise souhaite disposer de 100 collaborateurs. Dans un avenir proche, la startup toulousaine à pour objectif d'ouvrir une seconde filiale en Asie afin d'accompagner ses partenaires locaux.
Aujourd'hui, la société réalise près de 70 % de son chiffre d'affaires à l'international principalement en Asie, au Japon et en Corée du Sud mais également en Australie et en Europe. Elle compte près de 100 blue chip comme Bouygues construction, Veolia ou encore Elior dans son portefeuille clients. En 2021, elle dénombrait quelques deux millions de prises de commandes, en partie grâce à ses capteurs de CO2 que les établissements scolaires, municipalités et conseils régionaux se sont arrachés durant la pandémie. En 2022, elle affiche un objectif de cinq millions de commandes.
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