Aéronautique : H55 s'implante à Toulouse pour faire décoller l'aviation électrique

La startup suisse H55, fondée par des anciens de l'avion solaire Solar Impulse, vient d'annoncer l'ouverture d'une antenne à Toulouse. La jeune société travaille déjà avec Pratt & Whitney sur un démonstrateur d'avion régional hybride de 49 places et va contribuer avec Safran au rétrofit d'une flotte de 80 appareils de formation Piper Archer en avions électriques.
(Crédits : Pratt & Whitney)

Toulouse confirme plus que jamais être à l'épicentre de l'essor d'une aviation décarbonée. Après l'implantation de la startup californienne Universal Hydrogen pour développer des systèmes modulaires pour convertir les avions régionaux à l'hydrogène, l'arrivée de l'Anglo-américain ZeroAvia qui veut remplacer les moteurs thermiques des avions régionaux par des chaînes propulsives à hydrogène, c'est autour de la startup suisse H55 de mettre un pied dans la Ville rose. Elle a été cofondée en 2017 par André Borschberg, à l'origine avec Bertrand Piccard de Solar Impulse.

« Solar Impulse est un avion électrique et solaire qui a fait le tour du monde en volant cinq jours et cinq nuits au-dessus de l'océan Pacifique. Cette expérience m'a convaincu que la propulsion électrique était non seulement fiable mais qu'elle a un avenir très prometteur. Avec H55, nous mettons à profit les 13 ans de développement au sein de Solar Impulse pour continuer à imaginer les systèmes de propulsion et des systèmes de batteries pour l'aviation en mettant à disposition des solutions certifiées et sûres », décrit André Borschberg.

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Des projets avec Pratt & Withney et Safran

Le premier projet de H55 porte sur un avion de deux places 100% électrique destiné à la formation des pilotes pour le compte de BRM Aero. L'aéronef sera doté d'un système de propulsion électrique de 100 kW. Il disposera d'une autonomie d'1h30 et aura vocation à réaliser des vols d'une heure pour garder une réserve de 30 minutes. La certification du système est attendue en 2024.

Avec son système de stockage de l'énergie, H55 va également contribuer au rétrofit d'une flotte de 80 appareils de formation Piper Archer détenus par le canadien CAE en avions électriques. « Safran sera chargé de la fourniture des moteurs et H55 délivrera les batteries, le stockage et la gestion d'énergie », précise Grégory Blatt, cofondateur de H55.

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Pour l'instant, les systèmes de batteries de la startup sont conçus pour voler une heure environ et demandent une trentaine de minutes de recharge. Pour autant, la jeune société est convaincue du potentiel à venir, notamment dans les aéroclubs.

« Comme pour les voitures, le coût d'acquisition d'un avion électrique est un peu plus élevé mais il va descendre avec l'usage et l'industrialisation. Le coût d'opération d'un vol est d'ores et déjà beaucoup moins onéreux. Or, les aéroclubs dotés de dizaines d'avions sont très sensibles à ces coûts. Et puis pour former ces pilotes, il faut réaliser des tours de piste qui génèrent beaucoup de bruit avec un aéronef thermique et polluant. L'avion électrique répond aux challenges environnementaux tout en proposant une solution attractive économiquement.

Enfin, notre solution ne nécessite pas d'infrastructures supplémentaires. Les avions pourront être rechargés via les bornes électriques que sont en train d'acheter les aéroports et qui peuvent aussi servir aux voitures car nous sommes alignés avec les standards de l'automobile », indique Grégory Blatt.

Au-delà de projets tout-électrique, la startup suisse a également été sélectionnée par Pratt & Whitney pour fournir les batteries d'un démonstrateur d'avion de transport régional hybride électrique de 49 places sur un Dash 8 fourni par De Havilland Aircraft. Cet avion vise une réduction de 30% des émissions de CO2 par rapport aux moteurs actuels.

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Une équipe d'ingénieurs à Toulouse

 H55 emploie désormais une centaine de personnes avec au-delà de son siège, une antenne au Canada d'une dizaine de collaborateurs. À Toulouse, la startup dispose pour l'instant d'un bureau au sein du District, l'accélérateur du pôle de compétitivité Aerospace Valley au sein du B612. « C'est vraiment un premier pas. Dans un an, nous aurons une présence plus établie avec une équipe d'ingénieurs sur place. Est-ce que nous y ferons également de la production et de l'assemblage comme c'est le cas en Suisse ? Nous verrons bien », confie André Borschberg.

 La jeune société compte bien profiter de sa présence dans la Ville rose pour nouer des collaborations avec d'autres sociétés portant des projets pour l'aviation décarbonée. « Nous sommes venus à Toulouse pour la proximité avec les clients mais aussi pour la politique menée en France sur la transition écologique de l'aviation. Il existe des partenariats forts entre le gouvernement et l'industrie avec beaucoup de soutien. Et puis c'est un écosystème assez incroyable avec les meilleures écoles, les meilleurs ingénieurs... », conclut Gregory Blatt.

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