ZeroAvia s'installe à Toulouse et va faire voler un avion de 19 places à hydrogène

La startup anglo-américaine ZeroAvia vient d'ouvrir une antenne à Toulouse où elle aimerait recruter une dizaine de personnes d'ici 2024. La société veut remplacer les moteurs thermiques des avions régionaux par des chaînes propulsives à hydrogène. Un premier vol avec un avion de 19 places est prévu dans les prochains jours avant une levée de plus de 200 millions de dollars attendue pour début 2023.
(Crédits : ZeroAvia)

ZeroAvia s'apprête à frapper un grand coup. La startup anglo-américaine compte réaliser dans les prochains jours au Royaume-Uni le premier vol avec un avion d'essai de 19 places, un Dornier 228, dans lequel le moteur thermique a été remplacé par sa chaîne hydrogène de 600 kW.

Capitaliser sur l'écosystème hydrogène à Toulouse

Fondée en 2017 en Californie par Valery Miftakhov (ex-Google), ZeroAvia développe des groupes motopropulseurs à hydrogène à destination des avions régionaux. Dès 2020, la société a ouvert une antenne au Royaume-Uni pour y mener ses premiers essais. Plus récemment, en février dernier, ZeroAvia s'est implanté à Toulouse pour poursuivre ses développements techniques.

« ZeroAvia suit une trajectoire d'expansion assez rapide puisque nous sommes maintenant plus de 200 personnes, environ une moitié aux États-Unis et l'autre moitié en Angleterre. Dans l'année qui a suivi le lancement de ZeroAvia en Californie fin 2017, les pouvoirs publics américains n'avaient que peu d'appétence pour un soutien actif à l'aviation verte. Au contraire, du côté britannique, il y avait une belle opportunité basée sur une volonté politique forte de renforcer sur le plan national les fondamentaux de cette nouvelle aviation.

Concernant la France, la force des écosystèmes aéronautiques et hydrogène y est telle que c'est un point de passage obligé. D'autant que nous voulons monter des partenariats avec nombre d'acteurs de ces écosystèmes -ceux de grande taille comme des startups innovantes- tant dans le domaine des technologies embarquées que dans celui des infrastructures sol », explique Daniel Routier, directeur général de ZeroAvia France.

Ce Toulousain a travaillé pendant 24 ans au sein d'Airbus avec diverses fonctions de responsable des ventes avant de participer à la création de Blue Spirit Aero, autre startup positionnée sur l'aviation à hydrogène. Pour l'instant, ZeroAvia France est composée de deux salariés mais la startup veut commencer à partir du second semestre 2023 à recruter des profils techniques pour atteindre une dizaine de collaborateurs d'ici début 2024.

Avec son implantation à Toulouse, ZeroAvia rejoint une myriade de projets de petits aéronefs électriques et hydrogène qui ont émergé dans la Ville rose en l'espace de seulement deux ans dans le sillage de l'avion zéro émission annoncé par Airbus. C'est le cas par exemple de l'avion régional électrique de 19 places d'Aura Aero, du projet d'avion d'affaires à hydrogène de Beyond Aero sans compter l'implantation de centres R&D de startups étrangères comme H3 Dynamics ou Universal Hydrogen.

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Une première chaîne hydrogène pour 2025

Dans cette bataille pour l'aviation à hydrogène, ZeroAvia mise sur une solution pour remplacer à court terme les moteurs thermiques des avions régionaux.

« Notre première priorité est d'adresser au plus vite la décarbonation de l'aviation via le retrofit (remplacement du moteur sur un avion en service) et le linefit (installation de la chaine propulsive hydrogène sur l'avion en production), approches pour lesquelles nous avons déjà plusieurs clients. Notre première chaîne d'hydrogène (d'une puissance de 600 kW avec de l'hydrogène gazeux) permettra d'avoir une autonomie de 250 miles nautiques (environ 400 kilomètres) pour des avions 10 à 20 places et entrera en service dès 2025. Elle vise à remplacer en particulier le moteur PT6 de Pratt & Whitney qui équipe la quasi-totalité des avions d'entrée de gamme du transport régional, comme par exemple le Cessna Caravan ou le Twin Otter », détaille Daniel Routier.

C'est cette première chaîne propulsive qui devrait faire l'objet d'un premier vol dans les prochains jours à bord d'un avion d'essai au Royaume-Uni. ZeroAvia veut également commercialiser dès 2027 une version entre 2 et 4 MW d'hydrogène liquide avec 500 miles nautiques d'autonomie (800 kilomètres environ) pour équiper des aéronefs régionaux de 40 à 75 places comme des Dash 8 ou des ATR. La startup aimerait enfin développer une version adaptée aux jets régionaux à l'horizon 2030.

Cette dernière version intéresse grandement la compagnie American Airlines qui a investi dans ZeroAvia récemment tout comme United Airlines ou British Airways. « Depuis la création, la société a déjà levé 150 millions de dollars auprès de grands noms de l'investissement, dont les fonds de Jeff Bezos ou Bill Gates. Amazon possède notamment de nombreux avions de petite capacité destinés au transport de fret et pourrait devenir, nous l'espérons, un client de notre solution », commente Daniel Routier. ZeroAvia cherche désormais à lever plus de 200 millions de dollars d'ici le premier trimestre 2023.

Malgré ses soutiens de poids, le développement de ZeroAvia n'en reste pas moins confronté à d'importants challenges techniques. En avril 2021, un avion d'essai équipé d'une de ses chaînes hydrogène de faible capacité s'est crashé, sans faire de blessé. « Cela a été un processus d'apprentissage exceptionnel. Nous avons dû revoir certains processus opérationnels et fonctionnels internes. ZeroAvia en est sortie beaucoup plus forte. Il n'y a rien de tel que d'apprendre en faisant comme on dit en anglais », estime Daniel Routier. Le prochain vol d'essai devra confirmer l'avancée technique de ZeroAvia.

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Commentaires 3
à écrit le 07/12/2022 à 11:05
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Pourquoi une société anglo-américaine s'installe à Toulouse, réponse simple parce qu'il n'y a que la France pour subventionner ces projets utopiques aujourd'hui. On est dans la même manne des bateaux électriques qui devaient voler sur la Seine sponso...

à écrit le 07/12/2022 à 9:58
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Commençons par produire de l'hydrogéne décarboné ce qui n'est pas le cas avec la filière dite du reformage..

le 07/12/2022 à 17:53
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ça va venir, ça commence, ne vous impatientez pas. Il ne faut pas pour autant retarder la mise au point des systèmes avec l'hydrogène industriel avant, plus tard, d'être 'vert' à 100%. Comme pour manger bio, en attendant de tout trouver en boutiques,...

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