« L'espace devient un vrai domaine de conflictualité. Le temps joue contre nous donc on essaie de se concentrer sur l'essentiel pour y aller le plus vite possible », rappelait le Général Adam, commandant de l'espace, lors de sa participation en mai dernier au Space Forum organisé par La Tribune à Toulouse.
Alors que la première attaque russe en Ukraine en février 2022 avait été menée depuis l'espace en ciblant l'entreprise américaine de télécommunications par satellite Viasat et qu'un satellite français, Athena-Fidus, a déjà fait l'objet d'une tentative d'espionnage russe, la France se dote progressivement de nouveaux outils de face aux menaces croissantes rencontrées en orbite.
Outre la création il y a quatre ans d'un Commandement de l'espace qui doit réunir 500 personnes dès 2025 à Toulouse dans de nouveaux bâtiments appelés à sortir de terre, la stratégie française prévoyait la naissance d'une académie spatiale de défense pour unir les forces du pays en matière de formation.
Créer une filière d'expertise sur le spatial de défense
Cette nouvelle entité a officiellement vu le jour lors du dernier salon du Bourget. L'académie spatiale de défense regroupe le Commandement de l'espace, l'École de l'air et de l'espace et l'Isae-Supaero.
« L'idée est de réunir toutes les les forces de formation existantes au sein du ministère des Armées pour le spatial de défense. Le Commandement de l'espace dispose d'un centre de formation aux opérations spatiales militaires, l'Isae-Supaero dispense des formations en lien avec des technologies d'ingénierie. L'École de l'air et de l'espace prend en charge la formation d'officier pour la défense spatiale », explique Didier Delorme, directeur du développement et de l'innovation à l'Isae-Supaero.
Avant d'ajouter : « Il faut monter en puissance sur la formation, à la fois pour nos besoins propres mais aussi à être capable d'avoir une offre pour nos partenaires et sensibiliser des personnes qui interagissent avec la défense spatiale comme les industriels ou des personnels par exemple du ministère des Affaires étrangères ou d'autres ministères qui peuvent être concernés dans leur activité par ces sujets. »
« L'Académie spatiale de défense œuvrera à la constitution d'une filière d'expertise spatiale de défense depuis la théorie jusqu'à la mise en œuvre. Ouverte à une large audience, elle propose des formations dans lesquelles le Commandement de l'espace apportera sa vision des enjeux et des défis à venir pour les opérations militaires », estime pour sa part le Général Adam.
Un premier séminaire entre Toulouse et Salon-de-Provence
La nouvelle académie va dans un premier temps faire fructifier les formations existantes mais pourra donner lieu à de nouveaux modules. « L'École de l'Air est devenue en 2021 l'École de l'Air et de l'Espace et fournit depuis les spécialistes du domaine spatial militaire », rappelle le Général de brigade aérienne Pierre Réal, directeur général de l'établissement. L'école a ainsi lancé en 2022 un mastère avancé en Défense et sécurité dans l'espace.
La nouvelle académie spatiale de défense a prévu d'ici la fin de l'année d'organiser un premier séminaire commun sur les enjeux du spatial de défense entre Toulouse et Salon-de-Provence. L'arrivée progressive du Centre d'excellence de l'OTAN à proximité du futur siège du Commandement de l'espace pourrait aussi faire émerger des coopérations internationales en matière de formation avec les pays alliés.
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