La Ville rose affirme un peu plus sa place de premier plan en matière de spatial. Le ministère des Armées a annoncé jeudi 4 février que "l'OTAN a retenu la proposition française de création d'un centre d'excellence exclusivement dédié à l'espace qui sera implanté à Toulouse".
La Ville rose devenue une évidence pour l'OTAN
Il existe seulement une vingtaine de centres d'excellence homologués par l'OTAN à travers le monde adressant des domaines aussi variés que la cyberdéfense, la médecine militaire, la lutte contre les engins explosifs improvisés, etc. En France, jusqu'à présent, seule la ville de Lyon hébergeait le centre d'analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes (CASPOA). Mais depuis 2019, l'OTAN a reconnu également l'espace comme milieu d'opérations, au même titre que les milieux aérien, terrestre, maritime et cyber. Le choix de la Ville rose pour implanter un premier centre d'excellence spatiale est apparu comme une évidence.
"L'OTAN avait lancé un appel à concurrence en 2019. Un site allemand était également en lice. Deux éléments peuvent expliquer que Toulouse et la France soient in fine retenus par l'OTAN. Le premier est que Toulouse dispose d'un écosystème du spatial de rang mondial avec les équipes du Cnes, d'Airbus et de Thales. C'est aussi à Toulouse que nous avons décidé en septembre 2019 d'implanter le commandement de l'espace. Le deuxième élément est que la France ait reconnu que le spatial était un enjeu militaire majeur, cela a certainement contribué au fait que l'OTAN choisisse le projet français", précise à La Tribune Hervé Grandjean, le porte-parole du ministère des Armées.
La France très attentive aux menaces ciblant les satellites
En septembre 2018, la ministre des Armées Florence Parly dévoilait depuis Toulouse une tentative d'espionnage russe ciblant un satellite français, Athena-Fidus, mettant en évidence la vulnérabilité de l'infrastructure spatiale française. À l'été 2019, Emmanuel Macron affirmait que la France devait mieux protéger ses satellites, "y compris de manière active". Dans la foulée, en septembre 2019, était créé à Toulouse le commandement de l'espace.
"L'espace devient un champ de menace militaire. Il faut bien connaître ce qui se passe dans l'espace et ensuite protéger nos actifs les plus précieux, en l'occurrence nos satellites. Il existe des projets d'armes à énergie dirigée donc des lasers de puissance, des projets de nanosatellites qui seraient chargés de patrouiller autour de nos grands satellites les plus précieux pour empêcher qu'ils soient espionnés ou abîmés par des adversaires", détaille Hervé Grandjean.
Les premiers effectifs du commandement de l'espace (CDE) de l'Armée française ont commencé à arriver dans des locaux provisoires au sein du centre spatial toulousain du Cnes. Les infrastructures définitives commenceront à sortir de terre en 2023 et le centre de commandement sera pleinement opérationnel en 2025 avec 400 personnes mobilisées.
Une montée en puissance progressive jusqu'en 2025
Le centre spatial de l'OTAN aura une démarche très différente mais complémentaire du CDE.
"Le commandement de l'espace du ministère des Armées en France a notamment pour mission de piloter nos satellites militaires. Il s'agit d'établir une cartographie des satellites présents dans l'espace, de connaître les menaces qui peuvent mettre en péril les entraînements de nos satellites. De son côté, le centre d'excellence de l'OTAN a plusieurs vocations. La première est de définir la doctrine, autrement dit les principes suivant lesquels nous décidons d'agir ou pas. Cela concerne non pas seulement la France mais tous les pays de l'OTAN. Le centre fera un retour d'expérience sur ce que nous avons pu constater chez certaines puissances spatiales, la façon dont elles s'opéraient, les menaces auxquelles il faut se préparer et réaliser de la prospective pour imaginer les menaces de demain ou d'après demain", poursuit le porte-parole du ministère des Armées.
Le centre d'excellence de l'OTAN entrera en service dès l'été 2021. De premières équipes seront hébergées dans des locaux provisoires à proximité du Cnes et du CDE. Puis des bâtiments définitifs seront construits dans le quartier avec l'objectif d'accueillir 42 permanents dont 17 étrangers d'ici 2025, année à laquelle le centre de l'OTAN sera pleinement opérationnel. Des délégations de pays étrangers seront amenées à venir ponctuellement se former dans la future institution toulousaine
Au-delà de l'activité générée par cette nouvelle structure, pour Jean-Claude Dardelet, vice-président de la métropole en charge de l'Attractivité, "le fait que Toulouse soit choisie est une reconnaissance de sa compétence en matière de spatial militaire au niveau mondial". "Des officiers des pays membres vont venir à Toulouse pour se former et standardiser les techniques d'opérations spatiales à l'échelle mondiale", ajoute-t-il.
"Cela donne une assise complémentaires et une légitimité totale pour la métropole en matière spatiale. Toulouse en est vraiment le cœur battant", conclut Hervé Grandjean.
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