Les étudiants de l'Isae-Supaero vont envoyer une expérience dans l'ISS

Le 21 novembre prochain, une capsule SpaceX doit envoyer vers la Station spatiale internationale une expérience scientifique mise au point par des étudiants toulousains de l'Isae-Supaero et de Polytechnique Turin. Sélectionnée par l'Esa, le projet vise à tester en microgravité un matériel médical utilisé par des patients souffrant de maladies cardio-vasculaires.
(Crédits : Reuters)

Jorge Galván touche du bout des doigts son rêve. Cet étudiant espagnol en deuxième année de master à l'Isae-Supaero à Toulouse aimerait à la sortie de l'école « travailler dans le contexte suborbital et développer des technologies pour permettre à des humains d'habiter dans l'espace ». Un rêve déjà en train de se réaliser pour l'élève qui a pu participer à la conception d'une expérience scientifique menée en collaboration entre l'Isae-Supaero et Polytechnique Turin et qui sera envoyée le 21 novembre prochain depuis une capsule SpaceX vers la Station spatiale internationale.

Tester du matériel médical en microgravité

Débuté en 2017, le projet est la première expérience spatiale universitaire sélectionnée dans le cadre du programme Orbit your thesis de l'ESA. L'expérience consiste à visualiser l'écoulement d'un fluide semblable au sang dans deux modèles d'artères malades dont une seule a été réparée chirurgicalement grâce à la pose d'un stent (minuscule tube expansible qui maintient l'artère ouverte) et à comparer les résultats avec ceux obtenus sur Terre.

« Nous allons pouvoir observer si le tube résiste au lancement. Lorsque la fusée décolle, la très forte accélération génère des vibrations avec le risque que l'objet se déplace et ne maintienne plus l'artère. Ensuite, il sera intéressant d'observer si le matériel reste en place en microgravité. Enfin, nous allons observer l'impact des radiations sur le matériau », décrit Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheuse à l'Isae-Supaero et par ailleurs cofondatrice de The Spaceflight Institute, une future formation pour les astronautes commerciaux.

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Objectif : déterminer si un astronaute équipé d'un tel matériel médical pourrait aller dans l'espace et ainsi ouvrir la voie à plus de diversité dans les profils des équipages. Lors du lancement de sa nouvelle campagne de recrutement d'astronautes en 2021, l'Agence spatiale européenne a affiché l'ambition d'ouvrir l'accès à l'ISS des personnes souffrant d'un handicap physique. Pour Stéphanie Lizy-Destrez, l'expérience pourrait aussi avoir des retombées sur Terre : « Cela pourrait amener à une meilleure conception du matériel médical pour faciliter la vie des personnes souffrant de problèmes cardiaques.» À Toulouse, depuis plus de 30 ans, l'Institut de médecine et de physiologie spatiales de Toulouse (Medes - IMPS) épaule des expériences en microgravité qui ont permis d'améliorer la prise en charge de certaines maladies comme l'ostéoporose ou le diabète.

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Des moyens d'essais professionnels

Pour préparer l'expérience, les étudiants de l'école d'ingénieurs toulousaine ont pu avoir accès à des moyens d'essais généralement réservés aux professionnels du secteur comme les chambres à vide de l'Isae-Supaero, le banc de tests de vibration de l'Institut Clément Ader et même aller mener des tests sur un site de l'agence spatiale européenne en Belgique. « Ce n'est pas un simple exercice de classe mais un projet qui va donner des résultats scientifique réels. C'est vraiment une opportunité éducative unique pour apprendre à mener des projets spatiaux dans un contexte professionnel », se réjouit Jorge Galván.

Sa professeure abonde : « Le fait de pouvoir être impliqué dans des projets réels permet aux élèves de mettre en application les connaissances qu'ils ont acquises et d'en voir certaines limites. Ce que l'on sait écrire sous forme d'équations ne fonctionne pas toujours au moment où l'on passe à la fabrication. Encadrés par l'Agence spatiale européenne et des entreprises du secteur, ils ont appris à travailler dans un cadre professionnel : faire des revues, présenter son travail, écrire de la documentation technique... Autant d'éléments qui ne sont pas forcément enseignés en cours mais qui les entraînent pour leur futur métier.»

Une fois l'expérience arrivée dans la Station spatiale internationale, les élèves de l'Isae-Supaero seront chargés de l'acquisition et de la transmission des données aux étudiants de Polytechnique Turin qui s'occuperont de l'analyse scientifique. « Nous avons installé une salle de contrôle à l'Isae-Supaero avec un ordinateur depuis lequel les élèves peuvent se connecter aux serveurs de l'Agence spatiale européenne. En cas de problème, les étudiants devront comprendre pourquoi tel équipement s'éteint et reconfigurer certains paramètres », détaille Stéphanie Lizy-Destrez, enseignante-chercheuse à l'Isae-Supaero. L'expérience doit durer pendant quatre mois dans l'ISS.

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