L'Envol des pionniers ne veut pas passer à côté des ruptures technologiques majeures apportées par la décarbonation du secteur. Ce musée inauguré en décembre 2018 et consacré aux premiers temps de l'aviation a commencé par rendre hommage à cette époque à travers une maquette grandeur nature du Salmson 2A2 et un retour sur le parcours des pionniers Saint-Exupéry, Mermoz et Guillaumet.
Ancré dans le passé mais aussi le futur de l'aviation
Pour sa première année d'exploitation, le nouveau lieu culturel a attiré 34.000 visiteurs en 2019 avant d'être fermé pendant de longs mois avec la crise sanitaire. La fréquentation a depuis bien repris avec 40.000 entrées attendues pour l'année 2022. Pour gagner encore davantage en notoriété et élargir le profil de ses visiteurs, le musée a lancé ce lundi 28 novembre le collectif Toulouse Pioneers qui regroupe cinq sociétés pionnières dans la décarbonation du secteur invitées à prendre part à la programmation culturelle de l'Envol des pionniers et à témoigner auprès du grand public de leur vision des pionniers de l'aviation d'aujourd'hui.
C'est le cas du constructeur aéronautique Aura Aero qui veut faire voler son avion à propulsion électrique de 19 places à destination du transport régional dès 2027, de la startup H3 Dynamics qui vient de faire voler son premier drone à hydrogène, du constructeur de drones Delair, de l'acteur de l'écopilotage Openairlines et enfin de l'équipementier aéronautique Latécoère qui travaille sur l'avion du futur depuis Toulouse.
« Un musée ne peut pas être mis sous cloche. À l'Envol des pionniers, nous voulons rappeler l'histoire des premiers temps de l'Aérospostale qui est très liée à l'histoire de Toulouse avec l'émergence de Latécoère, de la compagnie Air France ou encore d'Émile Dewoitine qui donnera naissance indirectement à Airbus. Mais nous voulons aussi parler du présent et du futur de l'aviation », explique Jean-Baptiste Desbois, directeur général de la Semeccel qui exploite le lieu.
Soft power
Du côté des entreprises, prendre part à la programmation du musée constitue une opportunité de se faire connaître auprès d'un plus large public. « Nous sommes bien identifiés au sein de l'industrie et nous sommes aussi en lien avec les étudiants via les écoles. Notre participation à l'Envol des pionniers nous permettra de partager notre activité avec des enfants », souligne Bertrand Gauthier, responsable des activités européennes de la société H3 Dynamics.
Le musée peut constituer un outil de soft power auprès de la population. « Cela permet d'influencer la société", glisse Alexandre Feray, fondateur d'Openairlines. Un enjeu stratégique à l'heure où la pression environnementale au sein de la société est de plus en plus forte vis-à-vis de l'aviation. Décarboner l'aviation va demander d'opérer d'importantes ruptures technologiques. De l'audace et un certain goût du risque qui restent encore largement à financer. « Aujourd'hui, pour se financer dans le secteur aéronautique, il existe une grande aversion au risque. Alors qu'il est admis qu'une biotech va mener de la recherche pendant dix à quinze sans rien rapporter. Il faudrait un changement culturel qui inspire aussi le milieu aéronautique », relève Bastien Mancini, le CEO de Delair.
Une exposition Latécoère pour imaginer le futur de l'aviation
Dès la prochaine exposition, dont le coup d'envoi est programmé le 17 décembre prochain et qui sera consacrée à Pierre-Georges Latécoère, les visiteurs seront invités à participer à un défi autour de l'aviation de demain. L'exposition invitera le public à se familiariser avec les nouveaux enjeux environnementaux de l'aviation à travers un parcours interactif et la présentation d'expériences actuelles d'entrepreneurs toulousains pionniers dans leur domaine qui travaillent à décarboner l'aviation.
Tout en s'inspirant des valeurs de pionnier de Pierre-Georges Latécoère, les visiteurs, enfants comme adultes, devront à leur tour imaginer un avion ou un drone durable. Pour cela, il faudra qu'ils constituent une équipe, définissent l'énergie qu'ils souhaitent utiliser (hydrogène, électricité...), découvrent leurs incidences sur la conception de l'avion et définissent des parcours pour consommer moins ou réduire leur empreinte carbone... La visite de l'exposition se terminera avec Pierre-Georges Latécoère qui, grâce à un dispositif original, s'adressera directement aux visiteurs pour décrypter avec eux les choix qu'ils auront faits lors de leur défi.
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