E-commerce : BricoPrivé à Toulouse, c'est terminé, ou presque

Après des mois de négociation, le groupement Les Mousquetaires est parvenu à trouver un accord avec les représentants du personnel autour du PSE et la fermeture de sa filiale BricoPrivé. Près de 200 emplois vont disparaitre à Toulouse et le repreneur un temps envisagé n'est plus dans la partie. Les détails.
Filiale du groupement Les Mousquetaires, la société toulousaine BricoPrivé va disparaître.
Filiale du groupement Les Mousquetaires, la société toulousaine BricoPrivé va disparaître. (Crédits : Rémi Benoit)

Après des semaines et même des mois de vives tensions en interne, l'histoire de la société toulousaine semble proche de la fin. Le CSE - qui porte la voix des 174 salariés menacés d'un licenciement économique à court terme - a annoncé la « fin des négociations ». Non pas parce que le dialogue est impossible avec la direction du groupement Les Mousquetaires, qui détient l'entreprise spécialisée dans la vente d'outillages du bricolage et d'équipements du jardin par internet, mais parce qu'un accord a été trouvé.

Cette annonce met fin à une période sociale sensible provoquée par la décision de liquider l'entreprise BricoPrivé, elle qui frôlait les 200 millions d'euros de chiffre d'affaires au moment de son rachat par le détenteur de l'enseigne Intermarché en 2020, mais surtout par les conditions proposées par la direction des licenciements économiques.

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« Bien évidemment, nous aurions préféré qu'aucun licenciement économique ne soit prononcé, mais nous sommes au moins fiers d'avoir pu obtenir des avancées significatives dans le PSE pour que les salariés puissent enfin tourner la page BricoPrivé. Nous avons réussi, par exemple, à obtenir un congé de reclassement allant de huit à 14 mois, contre six à dix mois comme proposé au départ par la direction », commente le CSE et sa porte-parole Karoline Vitrant.

Dans ces discussions, chaque camp a fait un pas vers l'autre, le CSE demandant au départ 12 à 15 mois selon l'âge du collaborateur. Un accord a aussi été trouvé sur des primes pour la création d'une activité économique, ainsi que les primes supra légales, point sur lequel le CSE demandait 15.000 euros par année d'ancienneté.

« Nous ne donnerons jamais 15.000 euros, c'est disproportionné. L'objectif d'un PSE est de favoriser un retour rapide à l'emploi des salariés et non pas de leur donner un chèque. Nous proposons aussi des primes de retour à l'emploi, ainsi que des moyens d'aide à la mobilité pour le salarié et son conjoint », avait alors prévenu dans les colonnes de La Tribune courant avril Laurent Pussat, le président de ITM équipement de la maison, qui regroupe les enseignes Bricomarché, Brico Cash, Bricorama et BricoPrivé du groupement Les Mousquetaires.

Des pertes financières au coeur du dossier

Avant même la fin des négociations, une partie des salariés avait déjà quitté le navire entre arrêts maladies, début de formation pour se reconvertir et même prise d'un nouveau poste dans une nouvelle structure. Une quarantaine de collaborateurs de l'ancienne pépite de la French Tech à Toulouse seraient ainsi dans l'un de ses cas de figure selon des témoignages de salariés.

Pour ceux qui sont encore dans le navire, l'histoire n'est pas encore totalement terminée. Le projet de PSE est en cours d'étude par la DREETS, autrement dit l'inspection du travail. « Nous ne pourrons statuer sur la date de fermeture du site internet et de l'entreprise, ainsi que le licenciement des salariés, qu'après l'homologation du PSE par la DRETTS », prévient Karoline Vitrant auprès de La Tribune. Mais la cessation d'activité définitive pourrait intervenir au début de l'été estime de son coté la direction, si aucun accroc ne retarde l'homologation du plan de licenciements économiques chez BricoPrivé.

Quid du repreneur potentiel de la société évoqué pendant un temps ? « À date, selon notre direction, aucun repreneur sérieux pour BricoPrivé n'a présenté une offre de reprise digne d'intérêt », fait savoir le CSE dans son communiqué. BJ Invest, société d'investissement détenue par le Toulousain Benjamin Jayet avait pris contact avec Laurent Pussat pour discuter des contours d'une reprise des actifs de BricoPrivé et une partie de ses effectifs. Néanmoins, des doutes sur les capacités financières de ce candidat étaient apparus dans le mois d'avril.

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Sans repreneur, cet épisode marquer la fin d'une étoile montante de la tech toulousaine, avant d'être rattrapée par des difficultés financières. Le groupement Les Mousquetaires, fort pourtant d'un chiffre d'affaires de 53 milliards d'euros en 2023, a pris cette décision de liquider la société BricoPrivé trois ans après avoir déboursé plus de 60 millions d'euros pour acquérir une part majoritaire de l'actionnariat de l'entreprise fondée par Julien Boué et Marc Leverger.

« Par rapport au business plan prévisionnel lors du rachat, nous avons contracté 60 millions de pertes supplémentaires. Depuis 2020, le chiffre d'affaires a dégringolé de 30% et tout autant pour le résultat de l'entreprise. En 2023, BricoPrivé c'est 13 millions d'euros de pertes. Mais ce n'est pas cet exercice qui nous a fait prendre cette décision de fermer BricoPrivé, plutôt la multiplication des contre performances économiques depuis notre arrivée », détaillait Laurent Pussat il y a quelques semaines auprès de La Tribune.

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