Brico Privé : les salariés se mobilisent une nouvelle fois à Toulouse face à la fermeture annoncée par le groupement Les Mousquetaires

En pleine négociation de leur PSE, les collaborateurs de Brico Privé se sont réunis devant leur siège à Toulouse, jeudi 21 mars. Au-delà de la fermeture de leur entreprise, les collaborateurs du site spécialisé dans la vente en ligne d'articles de bricolage dénoncent la manière dont est menée la négociation entre la direction et leur CSE. Les détails.
Tous équipés d'un masque représentant le PDG du groupement Les Mousquetaires, les salariés de Brico Privé contestent la fermeture annoncée de leur entreprise par leur actionnaire unique.
Tous équipés d'un masque représentant le PDG du groupement Les Mousquetaires, les salariés de Brico Privé contestent la fermeture annoncée de leur entreprise par leur actionnaire unique. (Crédits : Pierrick Merlet)

Les fumigènes sont au rendez-vous. Allumés de concert, ils provoquent un véritable nuage de fumée devant le siège social de Brico Privé, le groupe toulousain spécialisé dans la vente d'articles de bricolage sur internet. Dans l'immeuble aux nombreux étages, qui fait face à la Cité des startups de Toulouse, se joue en même temps l'avenir des 174 collaborateurs de l'entreprise. Ce jeudi 21 mars, les représentants du CSE avaient rendez-vous pour négocier le futur PSE avec la nouvelle direction de Brico Privé, depuis la démission en septembre dernier des deux fondateurs de la société sur fond de désaccord avec son actionnaire majoritaire.

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La centaine de salariés qui manifeste en bas de l'immeuble dès le début de la matinée, et venue de tous les sites de Brico Privé (région lyonnaise et secteur Eurocentre au nord de Toulouse), est dans l'attente de réponses.

« La direction interdit le CSE de communiquer avec nous. Nous n'avons pas d'informations sur les négociations. Il y a de la colère et de l'incompréhension. On ne peut pas se projeter pour assurer notre avenir », témoigne Mickaël*, un salarié de la région lyonnaise venu manifester.

Alors que les collaborateurs étaient conscients de la situation économique de leur entreprise ces derniers mois, ils étaient avant tout dans l'attente d'un plan d'action et de redressement de la part du groupement Les Mousquetaires, actionnaire majoritaire et unique de Brico Privé depuis le départ des deux fondateurs. À la place, la direction leur a annoncé, le 12 janvier, la fermeture prochaine du site de vente en ligne, mais le maintien de leur filiale professionnelle, Racetools.

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« Malgré les investissements réalisés sur ces dernières années pour, entre autres, accroître la notoriété de Brico Privé, les choix stratégiques opérés n'ont pas permis le redressement de la situation économique de l'entreprise, qui n'est pas parvenue à s'adapter à l'évolution du marché et à la baisse de son activité », rappelait le groupement Les Mousquetaires il y a quelques semaines.

Pas de date de fermeture précise

Aucun chiffre précis ne circule sur la réelle situation économique de l'entreprise acquise par le groupe en 2021. L'actionnaire se contente de signaler à La Tribune « une baisse du chiffre d'affaires à deux chiffres et une dégradation de la rentabilité encore plus forte », tandis que Paul*, un salarié du siège social, sait que son employeur « perd de l'argent tous les mois », sans plus de précisions. Pour les salariés, la raison de ce mariage manqué est toute trouvée.

« Le groupement Les Mousquetaires nous a promis de multiples synergies qui n'ont jamais eu lieu. Par exemple, nous n'avons jamais pu profiter de la puissance de leur centrale d'achat. Pour Brico Privé, rien n'a changé dans notre fonctionnement entre avant et après le rachat », peste Mélanie*, qui travaille sur le site de logistique toulousain de la société.

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Dans ce contexte, la mort de Brico Privé est actée depuis bien longtemps dans l'esprit des 174 salariés concernés, à l'image de ces croix funéraires gravées du nom de leur société et brandies lors de leur mobilisation du jour. D'autres ont opté pour des grandes affiches avec la mention « Les Mousquetaires nous ont planté », avec en guise de point d'affirmation le dessin d'une épée.

Malgré cette annonce, le site internet de Brico Privé est toujours en fonctionnement et la direction assure qu'il « restera en fonctionnement jusqu'à l'homologation de ce projet de PSE ». Contacté par La Tribune pour préciser le calendrier, le groupement Les Mousquetaires n'avait pas encore donné suite à nos sollicitations au moment de publier cet article.

« Nous n'avons pas de date de fermeture, nous sommes complètement laissés à l'abandon, on ne se sent pas considérés. Fermer est un choix stratégique selon eux, alors il faut laisser partir les salariés avec dignité », estime Paul*.

Les arrêts maladies se multiplient

En interne, les services commerciaux particulièrement sont toujours tenus de réaliser leurs objectifs de vente, et ce malgré l'annonce de la fermeture prochaine de Brico Privé. « Depuis que cela se sait, les commandes ont beaucoup baissé...», constate Mickaël*.

Par ailleurs, le contexte social en interne s'est lourdement dégradé. Les réunions de services sont désormais très rares et, selon les salariés, « une trentaine » de collaborateurs serait en arrêt maladie depuis peu. Parmi eux, figure la DRH historique de la société...

« D'autres, une petite dizaine, ont fait le choix de suspendre leur contrat et d'aller travailler ailleurs en attendant le dénouement du PSE », précise Mélanie*

Ce n'est pas le premier PSE mené par le groupement Les Mousquetaires ces derniers dans ses entités engagées sur le marché du bricolage. Malgré un chiffre d'affaires record de 53 milliards d'euros en 2023, le groupe a également réduit la voilure dans son réseau de magasins Bricorama, pour lequel il a été acté la fermeture de cinq implantations et plusieurs dizaines d'emplois supprimés.

* Les prénoms ont été changés.

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