Les salariés de BricoPrivé durcissent le ton, les discussions avec le repreneur toujours en cours

Les 174 salariés de BricoPrivé multiplient les mobilisations dans la dernière ligne droite des négociations avec le Groupement Les Mousquetaires face à la fermeture programmée de leur entreprise. Des désaccords existent entre les deux camps sur les aides accordées aux collaborateurs dans le cadre du PSE, alors que l'acteur toulousain du e-commerce intéresse toujours un investisseur pour un projet de reprise. Les détails.
Les salariés de BricoPrivé veulent faire entendre leur voix pour obtenir des mesures d'accompagnement dans le PSE à la hauteur de leurs demandes.
Les salariés de BricoPrivé veulent faire entendre leur voix pour obtenir des mesures d'accompagnement dans le PSE à la hauteur de leurs demandes. (Crédits : Rémi Benoit)

« S'ils font perdre de l'argent au groupement Les Mousquetaires, cela ne va pas nous pousser à vouloir faire des efforts », met en garde Laurent Pussat, le président de ITM équipement de la maison, qui regroupe les enseignes Bricomarché, Brico Cash, Bricorama et BricoPrivé. Depuis quelques jours, les près de 200 salariés de cette dernière multiplient les actions face à la fermeture annoncée de leur entreprise à court terme.

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Durant le week-end, les 174 collaborateurs de la PME toulousaine spécialisée dans la vente en ligne d'accessoires de bricolage et de jardinage se sont mobilisés pour faire entendre leur voix. Ils se sont tout d'abord rendu dans certains magasins Intermarché de l'agglomération, propriétés du groupement Les Mousquetaires, dont ITM équipement de la maison est une filiale. Par la suite, les salariés de BricoPrivé ont manifesté sur la place du Capitole à Toulouse, et depuis ce matin du lundi 8 avril, ils bloquent leur entrepôt logistique au nord de l'agglomération.

« Nous avons le sentiment de ne pas être entendus et nous sommes donc plus que jamais déterminés à durcir le ton. Les salariés sont prêts à aller taper à la porte de Thierry Cotillard, le président du groupement Les Mousquetaires », met en garde Karoline Vitrant, la porte-parole du CSE de BricoPrivé.

Les collaborateurs de l'ancienne pépite toulousaine qui a avoisiné les 200 millions d'euros de chiffre d'affaires en dix ans d'existence ont le sentiment d'être les victimes collatérales d'une guerre d'actionnaires. Après avoir cédé les deux tiers du capital en 2020, les deux cofondateurs ont quitté leur bébé, en septembre dernier, sous fond de désaccord avec leur nouvel actionnaire majoritaire.

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Débat sur le montant des mesures d'accompagnement

Au-delà de ce sentiment d'injustice, c'est surtout le contenu des négociations autour du PSE qui attisent la colère des salariés. « Bien sûr, il y a désormais un dialogue entre le PSE et la direction, mais il n'y a aucune négociation de possible », peste Karoline Vitrant. Une nouvelle réunion s'est tenue entre les deux parties, au siège social de BricoPrivé à Toulouse, mercredi 3 avril et une autre est programmée ce jeudi.

La direction du groupement Les Mousquetaires propose un congés de reclassement (période durant laquelle une indemnité salariale est versée, tout comme est assurée le financement d'actions de formation) de 8 mois pour les salariés de 35 ans et moins, jusqu'à 14 mois pour ceux de 55 ans et plus, ainsi que les travailleurs handicapés. « C'est indigne d'un groupe comme Les Mousquetaires. Nous voulons 12 mois pour les 35 ans et moins et jusqu'à 15 mois pour les 55 ans et plus », demande la porte-parole du CSE.

Autre point d'achoppement, les montants versés à ceux désireux de créer leur propre entreprise. Si la direction du groupement Les Mousquetaires propose 5.000 euros pour les microentreprises et 8.000 euros pour les entreprises classiques, tandis que le CSE réclame 8.000 euros pour les microentreprises et 15.000 euros pour les entreprises. Enfin, le montant des primes supra légales est aussi au coeur des débats. Les représentants du personnel demandent 15.000 euros par année d'ancienneté, contre 1,5 mois de salaire brut à 4,5 mois de salaire brut par année d'ancienneté, sachant que celle-ci est en moyenne de 3,3 ans au sein de BricoPrivé.

« Nous ne donnerons jamais 15.000 euros, c'est disproportionné. L'objectif d'un PSE est de favoriser un retour rapide à l'emploi des salariés et non pas de leur donner un chèque. Nous proposons aussi des primes de retour à l'emploi, ainsi que des moyens d'aide à la mobilité pour le salarié et son conjoint », défend Laurent Pussat.

« Le dialogue doit désormais se poursuivre et des efforts doivent être consentis pour assurer l'avenir des salariés », a tenu à réagir Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, à propos de la situation de BricoPrivé.

Le repreneur ne reprendra pas tous les salariés

Par ailleurs, les 174 salariés de BricoPrivé se sont vu proposer des offres de reclassement au sein du groupement, avec très régulièrement un éloignement géographique important de leur lieu de résidence actuel, du côté de la Bretagne ou de la région parisienne. En conséquence de quoi, certains collaborateurs de l'acteur du e-commerce misent aussi sur l'offre de reprise déposée, auprès du groupement Les Mousquetaires, par BJ Invest, société d'investissement détenue par le Toulousain Benjamin Jayet.

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« Nous sommes toujours en discussion avec lui. Pas plus tard que ce week-end des échanges ont encore eu lieu. Nous sommes en train de vérifier la solidité économique et sociale du repreneur. J'aimerais savoir notamment combien de personnes ils comptent reprendre dans son projet. Nous ne le laisserons pas reprendre tout le monde si c'est pour procéder à un plan social au rabais par la suite. Une chose est certaine et c'est la réalité, il ne reprendra pas tout le monde chez BricoPrivé si l'opération venait à se faire », prévient le président de la filiale du groupement Les Mousquetaires.

L'entrepreneur espère avoir des éléments nouveaux à présenter aux salariés lors de la réunion du 11 avril, et tout particulièrement le contenu de l'offre du repreneur, dont le profil et le projet sont également surveillés de près par la présidente de l'exécutif régional.

En parallèle, le groupement Les Mousquetaires a jusqu'au 6 mai prochain pour déposer son projet de PSE pour BricoPrivé, afin de le soumettre à validation par la Dreets, et ainsi permettre une homologation sous trois semaines.

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