Textile : pourquoi la marque de sous-vêtements masculins Pétrone s'installe dans le Gers

Née à Paris, la marque de sous-vêtements masculins haut de gamme Pétrone à la production européenne installe son siège social et ses équipes dans le Gers. Avec l’ambition de déployer des boutiques en France, l'entreprise qui propose des boxers en soie végétale réfléchit à se développer à l'export et créer une gamme féminine.
Les deux co-fondateurs de la marque Pétrone devant leurs nouveaux locaux à Pessac.
Les deux co-fondateurs de la marque Pétrone devant leurs nouveaux locaux à Pessac. (Crédits : Pétrone)

Le haut de gamme s'installe dans le Gers. La marque de sous-vêtements masculins Pétrone a pris ses quartiers depuis le début de l'année 2024 dans un ancien presbytère, au coeur du village de Pessan, à la sortie d'Auch, dans le Gers. C'est dans une surface de 600 m2 que travaillent les dix salariés de la jeune pousse. La marque a été créée à Paris en 2018 par Nicolas Hernandez, un ancien des Galeries Lafayette de Paris, qui a eu l'envie de créer des sous-vêtements éthiques.

De l'auteur grec et courtisan de Néron, le nom Pétrone, surnommé « l'arbitre des élégances », a été minutieusement choisi. « Les marques de sous-vêtements masculins traitaient souvent de blagues un peu simplistes. Nous trouvions que ce n'était jamais abordé de manière sérieuse, comme si c'était un sujet honteux. Nous voulions prendre le contre-pied et donner à la firme une image un peu premium et élégante jusque dans le nom », explique l'entrepreneur.

« L'idée de la marque est de faire des produits de très haute qualité, donc plus éthique, mais basée en Europe. Toute la confection est réalisée au Portugal, nous utilisons une fibre de bois autrichienne, le Tencel, mélangé à du coton bio pour faire des toiles sur mesure. Nous achetons des fils, les mélangeons en créant les couleurs », détaille Nicolas Hernandez, co-fondateur de Pétrone.

Le Tencel, aussi appelé soie végétale, est une matière thermo-régulante, aussi appelée la soie végétale. « Cette matière permet de tenir chaud quand il fait froid et de rafraîchir quand il fait chaud, c'est un peu magique », avance le dirigeant. Ce tissu permet de baisser de près d'un degré la température du corps lors d'un effort intense, selon lui. La jeune entreprise propose aussi des chaussettes, des pulls, des tee-shirts et des articles de sport. L'entreprise ambitionne d'élargir sa gamme aux vêtements de confort (jogging, sweatshirts) et d'étoffer leurs produits de sport. La demande auprès de la marque en vêtements féminins explose.

Pétrone article

La marque parisienne ne propose pas que des caleçons (Crédits : Pétrone).

Un retour aux sources

Les deux premières années de Pétrone, Nicolas Hernandez était seul à temps plein. Sa compagne, Marion, l'a ensuite rejoint. L'entreprise compte désormais dix salariés, qui ont réalisé ensemble un million d'euros de chiffre d'affaires en 2023 et vise les deux millions pour 2024. La société ne compte pas recruter pour le moment, car nombreuses sont les recrues récentes, leurs effectifs ayant doublé en un an. Avec 13.000 commandes et 65.000 pièces vendues, la jeune pousse comptabilise un panier moyen de 72 euros.

Au début de l'aventure, les stocks étaient, par manque de place, entreposés à Auch (Gers), dans le garage des parents du co-fondateur. Quand l'activité s'est accélérée, un dilemme s'est posé et le choix a été fait de migrer vers le Sud-ouest, comme un retour aux sources. Pour le co-fondateur originaire du Gers, il était important d'y créer localement des emplois autres que dans la fonction publique et l'agriculture. Ce dernier constitue un secteur structurant de l'économie départementale avec 13 % de l'emploi total contre 4 % au niveau régional, selon Carif-Oref Occitanie.

Lire aussiColère des agriculteurs : à Toulouse, la grogne reprend, le préfet convoque la grande distribution

« Nous pouvions employer depuis Paris, où nous allions trouver le plus de profils créatifs, puisque c'est là où les emplois sont, mais c'est devenir une marque comme une autre, sans grand attachement à travailler pour nous. Nous devions donc le faire à la campagne, où nous créons des emplois qui n'existaient pas dans le marketing ou le digital, avec plus de difficultés à recruter, mais en apportant plus de sens à notre entreprise », confirme le dirigeant.

Lire aussiRéindustrialisation : une usine d'assemblage de vélos voit le jour dans le Gers

Des postes pourtant très importants pour la jeune pousse puisque la marque a la particularité d'être DNVB (Digitally Native Vertical Brand), autrement dit de vendre directement aux consommateurs sans passer par des intermédiaires traditionnels, comme les magasins physiques ou les distributeurs tiers. « Quand j'ai commencé à me pencher sur l'idée de monter une marque, j'ai repéré ce modèle né aux Etats-Unis et j'avais envie de monter ce projet sur ce modèle de distribution », raconte l'entrepreneur de 41 ans. Pétrone dispose ainsi de sa propre boutique à Paris.

Déploiement à l'échelle européenne d'ici cinq ans

La marque a d'ailleurs récemment triplé son investissement de communication et de publicité : de sept à 20 % du chiffre d'affaires en 2024. Pour l'instant, 10 % des ventes se font à l'export, notamment dans des pays francophones, en Suisse, en Belgique et au Luxembourg. Quelques pièces partent aussi en Thaïlande et à Singapour, de clients français expatriés.

« Pour élargir les marchés, nous devons nous pencher sur la traduction du site et développer des stratégies par marché, chose que nous n'avons pas encore réalisée, car nous sommes encore loin de nos limites pour le marché francophone. C'est prévu d'ici cinq ans », soutient Nicolas Hernandez.

Lire aussiTextile : la marque toulousaine Baserange bat des records à l'export

À terme, la marque espère donc se déployer à l'échelle européenne. Elle souhaite conquérir de nouveaux marchés, notamment l'Europe du Nord : Allemagne, les pays scandinaves et Pays-Bas. « Nous pensons pouvoir intéresser ces marchés, car ce sont des pays à fort pouvoir d'achat et avec une conscience écologique plutôt forte dans leurs manières de consommer », explique le co-fondateur.

Tout d'abord, la jeune pousse souhaiterait ouvrir un réseau de cinq boutiques en France d'ici trois à cinq ans. Le co-fondateur voudrait ouvrir la prochaine boutique à Toulouse pour sa proximité avec le Gers, troisième marché de la marque. Lyon est aussi ciblée, d'autres villes françaises sont en réflexion.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.