Réindustrialisation : une usine d'assemblage de vélos voit le jour dans le Gers

Soucieuse de se relancer, la filière du vélo en France se structure. Elle dispose depuis peu d'une nouvelle usine d'assemblage de vélos dans le Gers, à l'Isle-Jourdain. Propriété du groupe Cyclelab, elle projette 10.000 heures d'assemblage en 2025. Les détails.
L'usine d'assemblage La Vélo Factory vient d'ouvrir ses portes dans le Gers.
L'usine d'assemblage La Vélo Factory vient d'ouvrir ses portes dans le Gers. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est un nouveau pas vers la réindustrialisation de la France, de l'Occitanie, mais surtout d'un territoire rural comme le Gers. Depuis quelques semaines, ce territoire jouit d'un nouvel actif industriel fraîchement sorti de terre, la Vélo Factory, installée dans une modeste zone industrielle à l'Isle-Jourdain. « C'est une prise de risque économique et industrielle importante », estime Denis Briscadieu, le président du groupe Cyclelab, entité qui détient la nouvelle usine dédiée à l'assemblage de vélos.

Ce groupe, dont le siège social est lui aussi dans le Gers, dispose de 530 collaborateurs en France et est connu du grand public au travers des enseignes « Culture Vélo » dont il en a la propriété. Les 82 magasins lui ont permis de réaliser 150 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 en écoulant 42.500 vélos. Sans cette activité, Cyclelab réaliserait 13 millions d'euros notamment grâce à son service de gestion de flottes à destination des collectivités. L'investissement dans la Vélo Factory apparaît donc comme un virage important pour le groupe, qui ne souhaite plus être un simple distributeur.

Vélo Factory

L'assemblage a été imaginé par sous-ensembles dans cette usine (Crédits : Rémi Benoit).

« L'enjeu est d'aller chercher les grandes marques de vélos, mais aussi les startups, qui ont besoin de lignes d'assemblage supplémentaires, ou encore les entreprises qui fournissent des vélos de fonction », liste le dirigeant.

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Dans ce défi - à la fois commercial mais aussi de réindustrialisation - près de deux millions d'euros ont ainsi été injectés. Si l'État a apporté 400.000 euros au travers de plusieurs dispositifs, le conseil régional d'Occitanie a aussi apporté sa contribution à hauteur de 600.0000, tandis que Cyclelab a investi 800.000 euros.

« Il y a une reconquête industrielle européenne à faire sur le vélo (...) Il faut particulièrement remettre l'industrie du vélo dans cette région et créer une dynamique collective », commente Carole Delga, la présidente socialiste de la Région Occitanie pour justifier son soutien financier.

Vélo Factory

Denis Briscadieu, à droite, entourée de Carole Delga et du préfet du Gers, a inauguré son nouvel actif industriel à la mi-janvier (Crédits : Rémi Benoit).

Une montée en puissance attendue

Selon le député Guillaume Gouffier Valente, sur les 2,685 millions de vélos vendus en France, seuls 690.000 y sont assemblés actuellement, alors que le pays était un des leaders mondiaux sur le sujet dans les années 70/80. Un déclassement constaté dans le rapport de l'élu local sur la filière économique du vélo présenté en début d'année 2022. Taïwan est aujourd'hui la place forte mondiale de la production de vélos. Mais les tensions géopolitiques et la commande croissante en France ont encouragé quelques marques à rapatrier en France certaines productions et assemblages.

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« C'es la neuvième unité d'assemblage en France. Au mois de décembre, elle nous a permis d'assembler et livrer 210 vélos. Nous tablons sur 7.500 heures d'assemblage en 2024, 10.000 en 2025 et 15.000 en 2026 », projette Antoine Siceaux, le responsable de la Vélo Factory.

Vélo Factory

Vélo Factory

La Vélo Factory gère elle-même l'expédition de ses commandes (Crédits : Rémi Benoit).

À l'intérieur de cette ancienne carrosserie gersoise ? De la robotique dernière génération semi-autonome, organisée par secteur selon la pièce assemblée. Ici, près de 500 mètres carrés d'ateliers sont à disposition des équipes, contre 200 de bureaux. À contrario, elle dispose derrière de 7.200 m2 de stockage pour anticiper les flux de commandes à venir.

« Nous avons passé plus de six mois avec le cabinet EY pour définir la bonne capacité de l'usine et nous avons par la suite réalisée l'étude de faisabilité technique (...) Ici, nous avons la capacité d'assembler et tester toutes les sortes de vélo : cargo, hydrogène, route, VTT, etc (...) Si la demande est au rendez-vous une phase 2 est prévue pour 2026 voire 2027 sur une parcelle attenante », fait savoir Denis Briscadieu.

Pour l'instant, la nouvelle Vélo Factory est loin de tourner au maximum de ses capacités. Elle mobilise pour le moment deux salariés, tandis que Cyclelab espère qu'à terme elle nécessitera 20 collaborateurs. Une opération de recrutement avec Pole Emploi a été menée il y a quelques semaines. Si l'entreprise a repéré huit à dix profils pour ses besoins futurs, elle n'a pas encore donné suite. « Nous avons eu quelques productions décalées en raison de problèmes d'approvisionnement de certaines pièces.  800 à 1.000 vélos seront assemblés ici au premier trimestre 2024 », tient à rassurer Antoine Siceaux.

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