Spatial : Pangea Aerospace amorce une année cruciale pour devenir LE motoriste des petits lanceurs

Entre un tour de table financier à boucler, l'organisation d'une nouvelle campagne de tests majeure et la sortie d'un premier produit en fin d'année, l'année 2024 se présente comme celle de la bascule pour Pangea Aerospace. La startup franco-espagnole, qui développe un moteur-fusée aerospike pour les petits lanceurs spatiaux, vient par ailleurs d'être retenue dans un nouvel appel à projets France 2030, créateur d'emplois à Toulouse. Explications.
Pangea Aerospace espère boucler sa levée de fonds dans les premières semaines de 2024.
Pangea Aerospace espère boucler sa levée de fonds dans les premières semaines de 2024. (Crédits : Pangea Aerospace)

Et si l'année 2024 était l'année de la jeune pousse Pangea Aerospace ? La startup franco-espagnole de 35 salariés attend beaucoup de celle-ci, elle qui se présente comme le futur motoriste de tous les projets de petits lanceurs spatiaux dans le monde, pour l'instant.

La période 2024 doit tout d'abord être une échéance majeure dans le financement de cette entité qui a vu le jour en 2018 en région Catalogne, à Barcelone. « Nous cherchons au minimum 15 millions d'euros (...) J'espère avoir de bonnes nouvelles pour la fin du premier trimestre 2024 », confie Marie Laure Gouzy, la responsable des activités en France de la startup, dont ses équipes (sept salariés) sont installées au B612, à Toulouse. Selon nos informations, une partie du montant recherché a été sécurisée mais Pangea Aerospace court toujours après son lead investor pour boucler le premier tour de table majeur de sa jeune histoire.

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Bien que des discussions soient en cours avec divers acteurs financiers, la dirigeante constate un certain attentisme dans l'écosystème général de la finance. « Dans le NewSpace, il faut distinguer la partie software et hardware. Dans cette dernière, très demandeuse de cash, nous ne pouvons que constater un ralentissement des investissements. Les acteurs sont dans une forme d'attentisme après l'espoir suscité par ce secteur ».

Une fois conclu, cette levée de fonds doit permettre à Pangea Aerospace de finaliser le développement de son moteur-fusée aerospike et entamer l'installation des moyens de production en région toulousaine. « Aujourd'hui, nous sommes à un TRL 6 de notre produit, il nous reste quelques étapes à franchir », précise à La Tribune Marie Laure Gouzy dont son entreprise veut secouer le secteur spatial.

Des tests techniques décisifs à venir

Ce moteur-fusée aerospike, produit totalement avec de la fabrication additive (impression 3D), se veut tout d'abord réutilisable, une dizaine de fois. En plus de se promettre plus léger avec l'objectif de maximiser la charge utile transportable par un lanceur, le système de propulsion imaginé par Pangea est présenté comme plus vertueux pour l'environnement. Le moteur utilise du biométhane et de l'oxygène comme carburant, dont les émissions sont principalement de la vapeur d'eau au contraire d'un moteur classique qui fait appel aux énergies fossiles. Cette multitude d'innovations n'a pas empêché la jeune pousse de valider certaines avancées technologiques ces derniers mois.

« En novembre dernier, l'agence spatiale allemande a validé les composants du moteur aerospike Arcos. Nous avons testé le module complet, avec une chambre de combustion, l'injection et l'allumeur (le moteur est composé 24 chambres de combustion, ndlr). Par exemple, nous avons validé, en ce qui concerne les chambres à combustion, une composition issue du mariage de deux matériaux dont un alliage de cuivre, le GRCop-42. Cette innovation permet de réduire le poids et le coût de ce composant. En 2024, une nouvelle campagne de tests devra valider les plateformes complètes d'injection et le générateur de gaz », détaille la dirigeante.

Ces développements ont particulièrement permis de séduire des prospects, dont l'Américain Tehiru Space, qui a été le premier petit lanceur spatial à s'engager avec Pangea Aerospace, autour d'un contrat qui pourrait générer jusqu'à 50 millions d'euros de revenus pour la startup franco-espagnole dans les prochaines années.

« Nous avons des lettres d'intention pour notre moteur-fusée aerospike (...) Nous pouvons dire que nous avons même une traction commerciale assez forte. La plupart des acteurs de l'écosystème ont engagé le dialogue avec nous. Le positionnement d'être LE motoriste des petits lanceurs spatiaux est payant », estime la responsable française. De plus, la startup vient de boucler une étude de faisabilité technique concluante, financée par le CNES, qui démontre qu'il est possible d'avoir un moteur-fusée aerospike d'une puissance d'un méganewton.

Aller plus loin avec France 2030

En plus d'adapter sa technologie à des lanceurs de taille plus importante, Pangea Aerospace vient d'être retenue comme lauréat France 2030 sur l'appel à projets pour le développement de micro-lanceurs français, point sur lequel Emmanuel Macron a beaucoup insisté lors de son discours à Toulouse le 11 décembre dernier.

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 « Ce projet, qui va nécessiter le recrutement de trois ingénieurs à Toulouse en 2024, consiste à concevoir un moteur à partir de la technologie aerospike pour l'étage supérieur du lanceur et d'en faire surtout un moteur réutilisable », précise Marie Laure Gouzy.

Aussi, le motoriste spatial compte boucler cette année le recrutement à Toulouse d'un business développeur pour son autre produit, Unyx, dont le lancement commercial est espéré pour la fin d'année 2024. Il s'agit d'un système de propulsion chimique, en orbite, complémentaire, par exemple du système de propulsion électrique proposé par le Toulousain Exotrail.

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« Au-delà de générer des revenus à court terme, c'est pour nous une manière de nous doter d'un héritage d'exploration spatiale et commencer à gonfler notre CV. Il y a des projets de commandes pour Unyx, les discussions sont engagées », assure l'entrepreneuse.

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