Pour développer sa propulsion verte pour petit lanceur, Pangea Aerospace s'installe à Toulouse

Née à Barcelone en 2018, Pangea Aerospace vient d'ouvrir une antenne à Toulouse. La jeune pousse développe un système de propulsion à partir de la technologie aerospike, réutilisable et dédié aux micro-lanceurs, tout en utilisant du biométhane. Elle espère achever son développement en 2024.
(Crédits : Pangea Aerospace)

Depuis quelques semaines, l'écosystème du spatial toulousain accueille un nouveau membre. Fondée en 2018 du côté de Barcelone (Espagne), Pangea Aerospace vient de prendre ses quartiers à Toulouse, au sein du B612, situé au sud de la ville. Pour le moment, une poignée de salariés (cinq) sont à Toulouse sur la quarantaine au total que dénombre Pangea Aerospace. "Mais une dizaine de postes sont actuellement à pourvoir chez nous, dont certains à Toulouse", précise Marie Laure Gouzy, la nouvelle responsable des activités en France de la startup.

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"Je suis originaire de Barcelone, donc cela me tenait à coeur de fonder ma société là-bas. De plus, il y a un écosystème favorable aux startups dans cette ville. Désormais, notre volonté était de nous rapprocher de l'écosystème du spatial et de potentiels partenaires, en venant en France et Toulouse a été naturellement retenue", justifie Adrià Argemí.

Par ailleurs, le PDG et cofondateur de Pangea Aerospace a mené une partie de ses études à Toulouse, au sein de l'Isae-Supaero, avant de travailler pour Airbus sur la propulsion aéronautique. "La propulsion, c'est ma passion", confie-t-il. Sans surprise donc, la propulsion des lanceurs est ainsi le terrain de jeu de la jeune pousse. Une bonne nouvelle pour Toulouse donc qui ne comptait jusqu'à présent aucun acteur de la propulsion spatiale sur son territoire. C'est aussi un aspect qui a plu à la direction de Pangea Aerospace, allant même jusqu'à évoquer "une opportunité".

Réutilisable

La jeune société compte continuer à Toulouse le développement de sa technologie "unique au monde" selon les dires d'Adrià Argemí. Elle a réussi le premier essai à feu d'un moteur-fusée aerospike fin 2021. "Cette technologie a longtemps été étudiée par d'autres, mais elle n'est jamais devenue concrète car elle était trop chère et trop compliquée à fabriquer", raconte le PDG. En se concentrant sur cette technologie, l'entrepreneur souhaite rafraîchir les idées dans le domaine du spatial voire le secouer de son propre aveu.

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Grâce au chamboulement économique que connait la filière avec la logique du New Space et la démocratisation de l'impression 3D (son système de propulsion est totalement fabriqué en fabrication additive), Pangea Aerospace a réussi son pari. Par ailleurs, son système de propulsion sera réutilisable une dizaine de fois, sera moins consommateur d'ergol et surtout, il fonctionnera au biométhane. "Nous allons procéder à des preuves à feu avec du biométhane, en Allemagne, en 2023" annonce Adrià Argemí.

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Pour le moment, l'ambition de Pangea Aerospace est d'atteindre une force de propulsion de 10 tonnes. Ce nouveau moteur-fusée sera ainsi destiné aux micro-lanceurs, dans un premier temps. Mais le Cnes a commandé une étude de faisabilité à la startup pour adapter sa technologie sur une force de propulsion de 100 tonnes, autrement dit les gros lanceurs.

À la recherche de fonds

Pour autant, la startup barcelonaise ne compte pas se placer comme un concurrent d'Ariane. "Nous ne voulons pas opérer les lancements. Nous souhaitons nous positionner comme un fournisseur en nous concentrant sur le hardware", assure le PDG qui promet des cadences de production plus rapides que ce qu'il se fait en Europe actuellement. Pangea Aerospace compte ainsi se concentrer sur le développement et la commercialisation de son système de propulsion et éventuellement les boosters. Des acteurs européens et hors européens ont déjà fait parvenir plusieurs lettres d'intention pour quelques dizaines de systèmes de propulsion aerospike.

"Nous espérons terminer le développement pour la fin d'année 2024. Mais nous sommes à la recherche d'investisseurs privés pour aller au bout du projet. Jusqu'à présent, nous avons levé 8,5 millions. C'est compliqué de trouver des financements en Europe", regrette le co-fondateur.

Néanmoins, Pangea Aerospace, qui vise le million d'euros de chiffre d'affaires en 2022, compte bel et bien rester européen en ouvrant des sites sur des territoires avec des compétences nécessaires à son développement. Toulouse ne sera donc pas la seule antenne de la startup à terme.

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Commentaires 2
à écrit le 15/12/2023 à 11:18
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Le titre de l'article est erroné : "Pour développer sa propulsion verte pour petit lanceur, Pangea Aerospace s'installe à Toulouse" devrait se lire : "Pour obtenir des financements publics français, Pangea Aerospace s'installe à Toulouse"... Je le sa...

à écrit le 16/11/2022 à 10:06
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"réutilisable et dédié aux micro-lanceurs, tout en utilisant du biométhanol" et fonctionnera aussi au biométhane en Allemagne, en 2023 ? Ça brûle tout ? Le méthanol et le méthane c'est pas pareil même si on peut(pourrait) faire du méthanol avec le CO...

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