Thérapie cellulaire : la startup Cell-Easy débute ses essais sur l'Homme, à Toulouse

Utiliser l'Homme comme usine de production de cellules souches pour le compte d'autres patients, voilà l'approche développée par le jeune CDMO toulousain Cell-Easy. Son innovation va faire l'objet d'une campagne de tests au CHU de Toulouse dans les prochaines semaines. Les détails.
La startup toulousaine Cell-Easy fait une avancée majeure dans la thérapie cellulaire.
La startup toulousaine Cell-Easy fait une avancée majeure dans la thérapie cellulaire. (Crédits : Cell-Easy)

« C'est un produit pharmaceutique innovant totalement français et une histoire uniquement française », se réjouit Guillaume Costecalde, à l'heure où la compétitivité de la France est contestée sur la santé. Ce biologiste de formation, à la tête de la startup toulousaine Cell-Easy, entre dans une phase décisive de son histoire d'entrepreneur dans la santé. Avec sa jeune entreprise, fondée en 2017, le dirigeant va mener sa première campagne d'essais sur l'Homme, au CHU de Toulouse, après avoir obtenu l'autorisation règlementaire du Dossier du Médicament Expérimental (DME) délivrée par l'ANSM.

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« Nous lançons ce premier essai sur l'Homme autour des maladies auto-immunes. Nous allons nous attaquer aux ischémies critiques du membre inférieur. C'est une maladie qui se présente sous la forme de douleurs en raison d'une très mauvaise circulation du sang. Cela concerne souvent les personnes diabétiques et cela peut aller jusqu'à l'amputation de la jambe », décrit Guillaume Costecalde.

Piloté par le Professeur Gregory Pugnet du service de médecine interne et d'immunologie clinique de l'hôpital Rangueil, à Toulouse, cet essai va concerner quelques patients et durer environ 48 mois. Après les premières injections attendues au cours du premier semestre 2024, une phase d'observation d'environ un an suivra.

Cette phase 1 sera suivie d'une phase 2 qui observera la réelle efficacité du médicament, puis la phase 3 devra confirmer des bienfaits à l'échelle d'un échantillon de plusieurs centaines de patients. En interne, Cell-Easy se veut confiant et croit en son innovation médicale. qui transforme un patient en usine de traitements pour les autres. « C'est une vraie révolution », promet le biologiste.

Pas de problème de compatibilité selon Cell-Easy

Dans les faits, c'est un véritable changement des pratiques médicales. Jusqu'à présent, la thérapie cellulaire utilisée l'approche autologue dans laquelle le donneur de cellules (souches) était le patient lui-même. Autrement dit, des cellules souches, étaient prélevées sur le patient, le traitement injecté dans celles-ci et une fois réinjectées par voie sanguine aller agir sur les zones nécessaires. La startup Cell-Easy et sa quarantaine de collaborateurs ont mis au point l'approche allogénique. Celle-ci consiste à utiliser les cellules d'un seul donneur pour produire des doses thérapeutiques pour des milliers de patients. Selon la startup toulousaine, plus de 5.000 doses peuvent être produites par don de tissu.

« Nous injectons le traitement et nous laissons les cellules se reproduire directement dans l'Homme. En plus d'être une pratique beaucoup plus efficace, nous divisons drastiquement le coût de la thérapie cellulaire par 20 selon nos calculs. Nous rendons ainsi cette technologie beaucoup plus accessible car moins onéreuse. Nous allons être en capacité de produire des milliards de cellules souches », estime le président de la health tech.

Dans le cas de la campagne de tests sur l'Homme, l'apport des cellules souches de Cell-Easy aura surtout une activité anti-inflammatoire sur le malade et ces cellules auront l'intelligence d'aller directement ciblées la zone à traiter. Elles s'élimineront de manière autonome quelques dizaines d'heures après leur injection.

« Notre traitement a fait ses preuves avec l'approche autologue. Nous sommes confiants sur cette phase 1 en allogénique (...) L'activité immuno-modulatrice permet à ces cellules de ne pas être rejetées par le corps receveur et d'agir avant d'être évacuées. C'est une médecine qui permet au corps de reprendre le dessus sur une pathologie et non pas de guérir directement celle-ci », décrit le dirigeant.

L'autre point important est que Cell-Easy utilise des cellules souches, non pas de la moelle osseuse, mais du tissu adipeux, plus communément appelé le gras. Ce qui permet à la jeune pousse toulousaine de récupérer 250 millilitres par patient de cellules, soit beaucoup plus qu'un prélèvement au niveau de la moelle osseuse.

De nouveaux soutiens financiers

Pour la startup toulousaine, installée dans le secteur de l'Oncopole sur 1.400 m2 de locaux en deux parties (bureaux et bâtiment pharmaceutique), l'aboutissement de ce traitement représente avant tout un enjeu de crédibilité. « Ce traitement pour les maladies auto-immunes est une vitrine pour démontrer que notre approche fonctionne. Nous avions besoin d'avoir cette vitrine », explique Guillaume Costecalde.

Par la suite, Cell-Easy compte agir sur le long terme dans le costume d'un CDMO, autrement dit un sous-traitant pharmaceutique pour le compte de grands acteurs comme des groupes pharmaceutiques, qui désirent développer des médicaments.

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« Nous allons les aider à concevoir des médicaments, principalement en immuno-oncologie. Aujourd'hui, nous avons cinq clients, ce qui nous permet de figurer parmi les acteurs qui comptent en Europe sur la thérapie cellulaire. Nous rapatrions des essais cliniques en France », se félicite Guillaume Costecalde.

Après avoir levé sept millions d'euros en décembre 2020, notamment auprès de Mérieux Equity Partners, IRDI Capital Investissement et M Capital, Cell-Easy a reçu environ 10 millions d'euros depuis 2020, de la part de la BPI et du conseil régional d'Occitanie, entre subventions et avances remboursables notamment au travers du plan France 2030. Forte d'une « croissance annuelle à trois chiffres », la jeune pousse table sur la rentabilité au cours de l'année 2024.

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