Réindustrialisation : GTP Bioways installe deux nouvelles lignes de production pharmaceutique à Toulouse

Pour doter l'Hexagone de capacités de production pour des produits biologiques pharmaceutiques, GTP Bioways vient de matérialiser un investissement de 12 millions d'euros à Toulouse, soutenu par le plan France Relance pour son aspect stratégique. Avec ses nouveaux équipements, le CDMO toulousain s'attend à voir son chiffre d'affaires décoller à court terme.
Avec ce projet industriel, GTP Bioways va ouvrir 40 postes à Toulouse.
Avec ce projet industriel, GTP Bioways va ouvrir 40 postes à Toulouse. (Crédits : GTP Bioways)

Le bassin industriel de Toulouse est actuellement sous le feu des projecteurs en raison du dossier Latécoère. Le sous-traitant aéronautique historique de la Ville rose ambitionne de délocaliser les activités de son usine du futur flambant neuve au profit de sites au Mexique et en République Tchèque. 150 emplois seraient menacés selon les syndicats qui vont se mobiliser ce mercredi 15 février. À contrario, d'autres acteurs créent des emplois dans la quatrième ville de France, et tout particulièrement l'industrie pharmaceutique. En l'occurence, la société GTP Bioways va ouvrir 40 postes d'ici le mois de juillet sur son site non loin de l'Oncopole.

« Nous sommes 55 aujourd'hui au sein de la société. Cela va être un grand bond en avant pour nous », témoigne Grégori Gross, le responsable de production chez GTP Bioways.

Derrière ces embauches, se cache l'ouverture dans les semaines à venir de deux lignes de production pour des produits biologiques pharmaceutiques à Toulouse.

« Historiquement, les médicaments développés par l'industrie pharmaceutique étaient basés sur la production de petites molécules. Mais depuis les années 80, elle s'est orientée sur la fabrication de produits biologiques à partir d' usines cellulaires (cellules de mammifère ou microbienne), afin d'obtenir des traitements plus spécifiques. Aujourd'hui, les trois quarts des nouvelles thérapies mises sur le marché sont des petites molécules et un quart des produits biologiques. Mais la part des produits biologiques progresse car ils permettent de traiter des pathologies qui n'avaient pas de traitement jusque-là », analyse le dirigeant.

Deux lignes aux caractéristiques différentes

Dans les faits, les équipes de GTP Bioways sont spécialisées dans la production de protéines recombinantes, c'est-à-dire produire une protéine particulière à partir d'une cellule ou d'une bactérie qui ne la contient pas. C'est typiquement ce savoir-faire qui est utilisé sur les recherches menées par le Professeur Delord dans son vaccin contre certains cancers, par exemple.

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Pour ce qui est du projet industriel de la société toulousaine, chaque ligne de production aura ses spécificités. La première, d'une capacité de 40 litres, permettra de produire des composants pour des vaccins ou des réactifs pour de la thérapie cellulaire, à partir de cellules mammifères (ou animales). L'autre, de 350 litres, servira à la production de biothérapies, mais aussi de vaccins, à partir de systèmes microbiens. « Pour cette dernière, nous serons les seuls en France à l'ouvrir à des tiers », souligne Grégori Gross. Au total, environ 12 lots de médicaments pourront être produits par ligne, chaque année.

GTP Bioways

GTP Bioways a réceptionné récemment l'un des deux 'fermenteurs' qui permettra de produire le composant final pour les industriels pharmaceutiques, des cuves produites par une société espagnole (Crédits : GTP Bioways).

L'investissement va permettre dès lors au groupe GTP Bioways « d'offrir plus de disponibilités », le groupe disposant déjà d'une unité de production à Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie).

La spécificité du modèle économique de GTP Bioways est d'être effectivement un prestataire de services pour le monde pharmaceutique. « Nous sommes les passeurs de témoin entre les acteurs de la recherche et les industriels pharmaceutiques », illustre le responsable de production. Concrètement, l'entité permet de mettre au point l'industrialisation de certains candidats médicaments, avant de produire les premiers lots pour des essais cliniques.

« Pour nous, ces deux lignes de production représentent un intérêt majeur puisqu'elles vont nous permettre désormais de maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur, de la R&D à la production des lots pour les premiers essais cliniques ».

Décollage du chiffre d'affaires en vue ?

Le CDMO toulousain (Contract Development Manufacturing Organisations), acronyme pour définir les sous-traitants pharmaceutiques, va ainsi être référencé comme GMP (Good Manufacturing Practice), un système qui garantit les bonnes pratiques de production des médicaments à usages humain et vétérinaire. Ce qui va aussi avoir des conséquences positives sur leur chiffre d'affaires, que l'entreprise ne souhaite pas communiquer.

« À court terme, ces deux nouvelles lignes vont permettre de doubler le chiffre d'affaires annuel de GTP Bioways, et davantage à moyen terme », confie le département communication de la société.

L'acquisition de ces nouveaux équipements, qui s'étalent sur 1.300 m2 pensés par la société V3ie et qui auront coûté environ 12 millions d'euros à la société, étaient primordiales pour l'attractivité de la société qui va devoir faire face à une demande de plus en plus forte. Surtout, cette option représente un choix stratégique important, l'hypothèse d'acquérir une ligne déjà en service étant devenue trop onéreuse face à la demande en forte croissance pour ces technologies.

De plus, face à ces enjeux de souveraineté médicale, mais aussi technologique, le plan France Relance a accordé près de six millions d'euros de soutien financier, sous forme de subventions, pour ce projet.

Lire aussiBiomédicament : Evotec investit 150 millions d'euros à Toulouse pour un site de production

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Commentaire 1
à écrit le 24/02/2023 à 10:55
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Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

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