Lafarge investit une sacrée somme dans sa cimenterie de Martres-Tolosane

Classée parmi les 50 sites industriels les plus pollueurs du pays, la cimenterie de Martres-Tolosane qui appartient au français Lafarge vient de faire l'objet d'un énorme plan d'investissement. L'objectif ? Réduire sa consommation électrique et utiliser davantage de combustible alternatif avec son nouveau four, avec l'ambition d'atteindre la neutralité carbone en 2030. Par ailleurs, la cimenterie installée au sud de Toulouse va devenir un laboratoire de recherche collaboratif pour la captation du Co2, avant de valoriser celui-ci. Les détails.
La cimenterie à Martres-Tolosane du cimentier Lafarge est désormais considérée comme la plus moderne de France.
La cimenterie à Martres-Tolosane du cimentier Lafarge est désormais considérée comme la plus moderne de France. (Crédits : Pierrick Merlet)

« C'est désormais la ligne de production la plus moderne de France », assure François Petry, le PDG de LafargeHolcim France, à propos de sa cimenterie à Martres-Tolosane (Haute-Garonne). Dans cette commune rurale de 2.500 habitants, le groupe français vient d'investir pas moins de 120 millions d'euros dans ce site qui a fourni le ciment du chantier du nouveau parc des expositions de Toulouse, le MEETT, ou qui va alimenter prochainement le chantier de la troisième ligne de métro de la Ville rose.

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« C'est le plus gros investissement de Lafarge en France depuis au moins 50 ans. Cela va jouer un rôle majeur pour Martres-Tolosane et son bassin de vie. La cimenterie représente 130 emplois directs et 600 indirects. C'est précieux pour une commune comme la nôtre », témoigne le maire, Loïc Gojard.

Cette rénovation, qui a notamment entraîné une modification du plan local d'urbanisme (PLU), est notamment visible par l'apparition dans le paysage d'une tour de 110 mètres de hauteur, qu'il est possible d'apercevoir des kilomètres à la ronde. Cet aménagement permet de faire préchauffer la matière première, le calcaire, à 800 degrés, avant de l'envoyer dans un four pour une cuisson à 1.500 degrés, lui aussi nouveau.

L'inauguration de ce « Four 3 », qui est intervenue jeudi 26 octobre en présence de la direction du groupe LafargeHolcim et des élus locaux, vient ainsi marquer la fin d'une profonde et complexe mutation de ce site industriel. Ce nouveau four et sa tour viennent ainsi remplacer les deux anciens et historiques fours du site. « Les travaux ont été menés tout en gardant en fonctionnement les deux fours afin de ne pas perturber l'approvisionnement en ciment des clients. Nous avons désormais une capacité de production trois fois supérieure à nos anciens équipements », commente Xavier Brulé, le directeur de l'usine. « Cela a été un grand défi technique et industriel », confirme François Petry.

Passer de l'un des 50 plus gros pollueurs à l'un des sites les plus propres

Au-delà d'une productivité supérieure, après plusieurs années de travaux, l'essentiel est ailleurs pour le cimentier français. Pour mémoire, la cimenterie de Martres-Tolosane de Lafarge a été classée par le gouvernement français parmi les 50 sites industriels les plus polluants du pays. Les dirigeants de ces sites ont été reçus courant novembre 2022 à l'Élysée, par le président de la République, notamment pour établir une feuille de route sur leurs émissions de gaz à effet de serre.

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« L'industrie représente 10% des gaz à effet de serre en Occitanie, contre 18% en France, et dans la région, la cimenterie pèse pour 40% de ces émissions. L'Ademe a accompagné ces trois dernières années 20 projets d'industriels et mobilisé 50 millions d'euros en subventions. Avec ces projets, ce seront 220.000 tonnes de Co2 rejetées, désormais évitées, chaque année », décompte Céline Vachey, la directrice de l'Ademe Occitanie, qui a soutenu financièrement la rénovation de la cimenterie toulousaine.

Selon des chiffres avancés par Lafarge, son investissement dans la cimenterie de Martres-Tolosane va permettre de réduire de 20 à 30% la consommation électrique du site, grâce à la tour de préchauffage, et par conséquent réduire les émissions de GES. « Nous sommes dans une logique d'abaisser le poids carbone de nos ciments », souligne Lafarge. Pour cette raison, le cimentier français travaille aussi sur les combustibles utilisés dans ses fours, responsables pour moitié des émissions de GES dans le processus de production du ciment. « Plus de 130.000 tonnes de déchets seront valorisées chaque année ici », se réjouit Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie et ancienne maire de Martres-Tolosane.

« Nous remplaçons les combustibles fossiles par des combustibles issus de filières locales, comme du bois broyé ou des pneus déchiquetés, beaucoup moins polluants. Actuellement, nous pouvons aller jusqu'à 60% de combustible alternatif dont 50% issus de la biomasse, contre 20% avec l'ancienne usine. Nous visons les 85% à horizon 2027 », précise Xavier Brulé.

La pollution générée bientôt utilisée dans le transport aérien ?

Malgré ces efforts, la production de ciment sera toujours une activité émettrice de gaz à effet de serre. Par conséquent, le groupe LafargeHolcim a décidé d'accorder une particularité supplémentaire à son site de Martres-Tolosane (sur ses six cimenteries en France). L'usine située au sud de Toulouse va accueillir sur son foncier un laboratoire à ciel ouvert de captation du Co2.

« Nous allons créer ici un centre de recherche et d'innovation dédié à la captation du Co2, avec l'ambition de rendre à terme l'usine de Martres-Tolosane net zéro carbone », annonce le PDG François Petry.

Lafarge

Pour l'inauguration de son nouveau four, le PDG de LafargeHolcim France, François Petry, a fait le déplacement, jeudi 26 octobre (Crédits : Pierrick Merlet).

Totalement nouveau dans l'univers de la cimenterie, cette plateforme souhaitée par la direction du cimentier français Lafarge s'organisera en open innovation. Autrement dit, la cimenterie pourra accueillir sur place des startups, laboratoires de recherche ou des entreprises plus matures pour mettre à disposition leurs moyens de recherche voire collaboration sur certains sujets. « C'est une première mondiale dans notre secteur (...) L'objectif, c'est la décarbonation totale de notre usine », appuie le directeur du site, Xavier Brulé.

Cette démarche s'inscrit dans un projet plus global, nommé Pycasso. Aux côtés du pôle de compétitivité des industries du sous-sol Avenia, de l'énergéticien Repsol et le deuxième gestionnaire du réseau de transport de gaz dans l'Hexagone Teréga, Lafarge a pour ambition de valoriser le Co2 capté dans son usine pour le valoriser, notamment en carburants de synthèse pour le transport aérien. Selon des chiffres avancés par le cimentier français, 600.000 tonnes de Co2 pourraient ainsi être revalorisées rien que pour la cimenterie de Martres-Tolosane.

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Commentaires 2
à écrit le 30/10/2023 à 23:13
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Lafarge Français ? .. comme vous y allez La Tribune.. Lafarge n´ a plus rien de français !! Holcum maison mère est suisse , le top management est suisse ou allemand… la société est basé fiscalement dans un paradis fiscal vraiment plus rien de frança...

à écrit le 30/10/2023 à 23:13
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Lafarge Français ? .. comme vous y allez La Tribune.. Lafarge n´ a plus rien de français !! Hold-up maison mère est suisse , le top management est suisse ou allemand… la société est basé fiscalement dans un paradis fiscal vraiment plus rien de franç...

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