À Toulouse, « le manque d'hôtels in situ est le danger pour la croissance du MEETT »

Dans une interview accordée à La Tribune, Olivier Chanelle, le directeur général de Toulouse Événements, filiale du groupe GL Events chargée de l'exploitation du nouveau parc des expositions de Toulouse le MEETT fait le point deux ans après son ouverture. Si le dirigeant vise les 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024, il met cependant en garde sur l'absence d'hôtels sur place, préjudiciable à terme selon lui. Olivier Chanelle presse les collectivités et les opérateurs intéressés de faire aboutir au moins un projet d'ici fin 2025.
Olivier Chanelle, le directeur général de Toulouse Événements qui gère le MEETT à Toulouse, réclame sans plus tarder l'aboutissement d'un projet hôtelier sur place.
Olivier Chanelle, le directeur général de Toulouse Événements qui gère le MEETT à Toulouse, réclame sans plus tarder l'aboutissement d'un projet hôtelier sur place. (Crédits : Rémi Benoit)

La Tribune - Comment a été vécu en interne la perte du marché d'exploitation du centre de congrès Pierre Baudis et des Espaces Vanel à Toulouse, au profit de Montpellier Events ?

Lire aussiMontpellier Events récupère la gestion du centre de congrès Pierre Baudis et des Espaces Vanel à Toulouse

Olivier Chanelle - C'est un coup dur et même une grosse déception. Mais nous partons la tête haute, avec des sites pleins jusqu'à fin 2023 voire 2024. Nous savons que ce n'est pas la qualité de notre travail qui a fait pencher la balance, cela s'est joué sur la partie investissements. Autant sur Vanel, quand nous l'avons récupéré en 2014, nous l'avons complètement rénové. Mais sur Baudis, nous gérions ce bâtiment depuis 2001 et nous avions fléché, dans le cadre de la prochaine DSP, des investissements de développement. Ils ont proposé mieux que nous si on en croit le résultat de la consultation. Mais nous avons face à nous une SEM, qui n'est pas une société normale.

Cette situation ne risque-t-elle pas de créer une certaine concurrence supplémentaire entre Toulouse et Montpellier sur l'accueil d'événements ? Pour Toulouse Événements, filiale de GL Events, perdre cette complémentarité des lieux est certainement affaiblissant ?

Cette batterie de propositions, avec trois lieux aux capacités d'accueil complémentaires était beaucoup plus forte commercialement. Avec la commercialisation du MEETT, nous avons provoqué des retombées sur le centre de congrès Pierre Baudis. Désormais, même si nous allons travailler en bonne intelligence, nous serons surtout concurrents, c'est inévitable. Avec cette nouvelle répartition, nous serons moins forts et eux aussi. Ce qui se passe, c'est tout l'inverse des choix menés dans les autres destinations de France. Néanmoins, l'outil de développement de la destination Toulouse reste le MEETT.

Lire aussiLe MEETT, l'immense parc des expositions de Toulouse, va enfin accueillir son premier show

Comment se passe son exploitation, deux ans après l'inauguration de ce nouveau parc des expositions à Toulouse ? La crise sanitaire est-elle définitivement derrière vous ?

Dans notre activité, il n'y a plus rien du Covid, c'est l'inverse même. Il y a un besoin de se retrouver. Depuis le début de l'année 2022, tous nos événements progressent aussi bien en visiteurs ou participants qu'exposants. Sur les événements que nous organisons, la moyenne de croissance des participants en 2022 est de +22% par rapport aux niveaux de fréquentation de 2019.

L'année 2024 s'annonce aussi comme une très belle année. Nous allons accueillir l'événement Rendez-Vous en France, qui rassemble de très nombreux tours-opérateurs étrangers pour présenter l'offre touristique française. Nous allons aussi recevoir le salon Pro-Days, le salon des professionnels du vélo habituellement à Versailles et qui cherchait un lieu en raison des Jeux Olympiques de Paris 2024. Ce seront 6.000 participants professionnels sur 30.000 m2.

Actuellement, nous sommes positionnés sur de potentiels événements jusqu'en 2032, et un total de 150 projets.

Le MEETT est composée, en plus de la partie parc des expositions, d'un centre des congrès et des conventions qui peut accueillir jusqu'à 3.000 personnes. Prend-t-il désormais une place particulière dans votre commercialisation avec la perte du centre de congrès Pierre Baudis ?

Il était déjà un outil important mais oui, il prend un gap d'importance supplémentaire dans ce nouveau contexte. Nous allons encore plus nous concentrer sur sa commercialisation. De plus, nous allons y mener des investissements cet été à hauteur de 700.000 euros. Nous allons surtout le rendre plus cosy, donc cela sera surtout de l'aménagement. Des clients nous ont fait remonter le fait qu'il était trop froid donc nous nous appuyons sur ces retours des clients pour améliorer cet outil.

En chiffres, quel est le bilan de l'exploitation du MEETT ?

Nous devrions clôturer l'exercice 2023 avec 18,3 millions d'euros de chiffre d'affaires, alors qu'en 2022 nous avons fait 16,3 millions. Quant à 2024, nous pensons atteindre le cap des 20 millions d'euros. Dans l'ancien parc des expositions, en 2019, date du dernier exercice, nous avions réalisé 10 millions d'euros et nous n'arrivions pas à développer car l'outil ne le permettait pas.

Lire aussiÀ Toulouse, quel bilan pour le MEETT après un an d'exploitation ?

Initialement, le projet comportait plusieurs complexes hôteliers in situ pour accompagner l'activité du site. Aujourd'hui, rien n'est sorti de terre. Le MEETT disposera-t-il d'un hôtel un jour ?

Le manque d'hôtels in situ est le danger identifié pour la croissance du MEETT. Les projets n'ont pas été abandonnés mais ont été perturbés par la crise sanitaire. Cependant, nous avions vendu certains événements avec un hôtel sur place et cela a créé de la déception, malgré la compréhension des clients face à cette situation particulière. Le fait de ne pas avoir d'hôtel sur place nous élimine de pas mal de projets, c'est un point crucial. Si nous n'avons pas quelque chose avant fin 2025, nous allons nous tirer une balle dans le pied. Le besoin identifié à court terme est de 300 chambres, puis de 500 dans un second temps, avec un hôtel 3 étoiles et un de 4. Il y aurait aussi un projet pour un deux étoiles mais il ne répond pas à nos besoins.

Lire aussiKaufman & Broad réalisera le complexe hôtelier du Pex

C'est la société d'aménagement de Toulouse Métropole, Europolia, qui gère cette opération. Deux opérateurs sont positionnés pour le moment, avec le promoteur Kaufman & Broad d'un côté dont le dépôt du permis de construire serait en cours et de l'autre le groupe Vinci qui a un accord avec le groupe Accor pour l'exploitation. Dans cette affaire, je ne peux pas faire plus que mettre à disposition mon carnet de commandes, le foncier sur place est déjà fléché. Aujourd'hui, grâce à la zone aéroportuaire, nous avons 2.500 chambres à moins de 10 minutes de trajet donc nous arrivons à nous débrouiller. Mais il faut absolument avancer sur ce sujet pour éviter de perdre trop de projets. L'idéal serait d'avoir la livraison en septembre 2025, mais si c'est fin 2025 voire début 2026, cela sera déjà bien.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.