Teréga lance un AMI pour son réseau de distribution d'hydrogène dans le Sud-Ouest

Le gestionnaire de réseaux gaziers Teréga a annoncé, à l'occasion des Journées de l'hydrogène dans les Territoires à Pau, le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt piloté par ses soins pour son futur réseau de distribution d'hydrogène vert dans le Sud-Ouest. Si l'objectif est d'identifier les besoins des acteurs locaux, l'entreprise se projette déjà sur l'opérationnel. Teréga va mettre en service un site pilote en 2025 dans la région sur la question du rétrofit de canalisations existantes afin d'étudier dans quelles conditions techniques elles pourraient distribuer de l'hydrogène sur 600 kilomètres de réseaux, dont 200 déjà existants. Les détails.
Teréga veut développer d'ici 2030 un réseau de distribution d'hydrogène bas carbone dans le sud-ouest.
Teréga veut développer d'ici 2030 un réseau de distribution d'hydrogène bas carbone dans le sud-ouest. (Crédits : Teréga)

Les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine auront-elle leur propre réseau de distribution d'hydrogène bas carbone dans les années futures ? L'entreprise Teréga, deuxième gestionnaire du réseau de transport de gaz dans l'Hexagone avec 5.200 kilomètres de canalisations dans le sud-ouest, avance ses pions après avoir annoncé son ambition de créer une telle infrastructure inter-régionale.

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À l'occasion de la dixième édition des Journées de l'hydrogène dans les Territoires, organisée par France Hydrogène à Pau (Pyrénées-Atlantiques) les 13 et 14 juin, le logisticien de l'énergie a annoncé le lancement d'un appel à manifestation d'intérêt (AMI) exclusivement pour ce projet dénommé HySoW.

« Notre volonté est d'évaluer les réels besoins en matière d'hydrogène bas carbone des acteurs locaux. Cela peut être des entreprises, des porteurs de projet et des collectivités. L'idée est de cartographier leurs besoins et faire évoluer la structure imaginée en fonction de leurs retours. Nous espérons que les deux conseils régionaux seront à nos côtés pour pousser cet AMI auprès des acteurs du territoire », précise Laëtitia Mahenc, la responsable des projets stratégiques hydrogène pour Teréga.

Dans les faits, il suffira de remplir un formulaire sur le site internet de l'entreprise, à compter du 26 juin et jusqu'au 13 octobre. « C'est une démarche non-engageante », tient à souligner Antoine Charbonnier, le responsable du pôle Stratégie & Innovation.  Par la même occasion, Teréga espère identifier des partenaires industriels qui pourraient apporter une contribution financière à un projet estimé à « plusieurs centaines de millions d'euros », selon Laëtitia Mahenc.

Un site pilote en 2025

En plus de cavités salines permettant d'assurer une capacité de stockage de 500 Gwh sur ce réseau à sa mise en service visée en 2030, Teréga ambitionne de proposer 600 kilomètres de canalisations pour distribuer de l'hydrogène vert sur tout le Sud-Ouest, de Port-La-Nouvelle à Bayonne, en passant par Bordeaux et Toulouse.

Teréga

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« Nous menons actuellement des études pour évaluer la rénovation du réseau existant car 30% des 600 kilomètres seraient concernés par du retrofit. Nous regardons sous quelles prérogatives techniques l'acier actuel des canalisations pourrait accueillir de l'hydrogène. Nous savons déjà que nous devrons diminuer la densité par rapport à ce que nous faisons avec le gaz », expose la responsable des projets stratégiques sur l'hydrogène.

Il faut en effet savoir que les pipelines de méthane, très souvent souterrains, n'ont pas été pensés pour transporter de l'hydrogène, dont les molécules sont si petites qu'elles peuvent se diffuser dans la structure métallique et la fragiliser.

« Nous allons engager une opération de rétrofit sur une canalisation pilote dès 2025. Pour ce faire, nous avons une short-list de deux petites portions de canalisations déjà ciblées. Ce projet pilote nous permettra d'établir la procédure opérationnelle pour passer d'un gaz à l'autre », complète Antoine Charbonnier.

Quel tracé définitif pour BarMar ?

L'enjeu est de taille pour les deux régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, car elles sont pour le moment écartées du tracé du futur pipeline d'hydrogène vert sous-marin prévu entre Barcelone et Marseille, un projet nommé H2Med. En conséquence de quoi, Teréga, qui fait partie du consortium européen qui pilote le projet, mène actuellement une étude en partenariat avec le conseil régional d'Occitanie pour proposer un tracé alternatif qui suivrait les côtes méditerranéennes.

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« À l'automne prochain, je prendrai la présidence de la Communauté de travail des Pyrénées (un organisme interrégional de coopération transfrontalière qui réunit le sud-ouest français et le nord-est espagnol, ndlr). J'ai indiqué à ses membres que l'hydrogène serait une priorité de ma présidence. Nous allons nous mobiliser sur le projet BarMar (autre nom donné au projet H2Med, ndlr) en menant à bien cette étude alternative. Il faut profiter du noeud gazier existant à Narbonne (Aude) pour offrir un meilleur maillage à ce projet et que le sud-ouest puisse en profiter. Pour avoir dirigé des entreprises dans le BTP, profiter d'installations existantes coûte forcément moins cher qu'en construire des nouvelles, surtout quand il s'agit d'infrastructures sous-marines », a fait savoir Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, invitée à prendre la parole en ouverture de ces Journées de l'hydrogène dans les Territoires.

Du côté de Teréga, on signale avoir mandaté des ingénieurs pour étudier la faisabilité technique et l'équation économique d'un tel tracé alternatif. Dans tous les cas, la région Occitanie souhaite disposer à terme sur son territoire de 12 points de production d'hydrogène vert : deux majeurs, à Port-La-Nouvelle et à Bessières avec Lhyfe, ainsi que dix sites de production plus modestes.

Un AMI aussi pour le projet de réseau de valorisation du Co2

Dans le même temps que son AMI pour son projet de réseau de distribution d'hydrogène, Teréga va lancer un autre AMI dédié celui-ci à son projet Pycasso. Derrière ce nom, se cache un réseau de captation de Co2 chez les entreprises émettrices avant de l'acheminer vers les entreprises qui désirent valoriser cette molécule pour en faire notamment des carburants de synthèse. « Nous lançons cet AMI pour identifier les acteurs intéressés par la valorisation du Co2, mais aussi les émetteurs, afin d'optimiser notre future chaîne d'approvisionnement en tant que logisticien », commente Antoine Charbonnier, le responsable du pôle Stratégie & Innovation. Teréga est déjà en relation avec plusieurs émetteurs de Co2, dont deux sites industriels français qui font partie des 50 plus polluants dans le pays et l'entreprise mise également sur les ports de Bordeaux, Bayonne et Port-La-Nouvelle pour en importer. Reste maintenant à définir quel rôle aura Teréga entre les émetteurs et les transformateurs. « Nous sommes des logisticiens, nous n'avons pas vocation à détenir la molécule. Néanmoins, nous nous posons des questions d'ordre stratégique sur le rôle que nous devons avoir dans la commercialisation du Co2 dans ce projet », conclut le dirigeant.

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Commentaire 1
à écrit le 14/06/2023 à 8:05
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L'hydrogène, c"est bien. Il faudrait seulement trouver un moyen pour le rendre moins volatile et explosif 🤪

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