L'entreprise fera partie des nouveaux voisins du constructeur français de bus à hydrogène Safra. Installé à Albi (Tarn), celui-ci sera désormais le voisin de ARM Engineering, qui va dévoiler dans les prochains jours ses deux premiers prototypes d'un vélo à hydrogène. C'est un changement de braquet pour cette entité, pour le moment basé à Montans (Tarn), jusqu'à présent concentré sur le développement d'une solution rétrofit pour les véhicules des particuliers vers l'électrique.
« Le gouvernement avait lancé une consultation pour légiférer sur le marché du rétrofit et notamment ses petits acteurs, comme les PME et TPE. Cette consultation n'a finalement rien donné et les procédures d'homologation de l'Utac restent trop complexes pour des entreprises de petite taille. Nous n'avons aucune visibilité, donc nous passons à autre chose », justifie Marc Lambec, le CEO d'ARM Engineering.
Cet autre chose, c'est la mobilité douce, « un marché porteur » pour le dirigeant, et donc ce vélo à hydrogène développé dans le Tarn. La société, spécialisée dans le développement de solutions de mobilité durable, a donc imaginé un deux-roues avec une autonomie de 40 kilomètres, le tout en offrant une solution d'assistance électrique. « Les tests d'homologation vont être passés prochainement », ajoute-t-il.
Un petit électrolyseur portatif
Sur ce marché, au-delà de la concurrence des acteurs chinois et de ceux du vélo électrique, ARM Engineering vient marcher sur les plates bandes d'une autre société française : Pragma Mobility. Installée à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), cette entité commercialise un vélo avec une capacité de 150 kilomètres, le tout grâce à une recharge complète en deux minutes. Seulement, pour bénéficier de cette rapidité, il faut avoir une station de recharge spécifique pour recharger son vélo à hydrogène. Uniquement une dizaine existe actuellement à en croire la carte affichée sur le site internet du constructeur.
« On ne peut pas proposer la même solution de recharge que les voitures pour un vélo. Les usages sont totalement différents. Par conséquent, leur offre de recharge est trop complexe. Avec notre solution, nous allons la simplifier », fait savoir Marc Lambec.
Pour ce faire, ARM Engineering compte commercialiser son vélo à hydrogène avec un petit électrolyseur mobile. « Il sera de la taille d'un micro-ondes. Il suffira d'une source d'alimentation électrique et de 250 ml d'eau », pour recharger totalement la pile à combustible, précise le dirigeant qui estime la vente à l'unité de cet électrolyseur autour de 2.000 euros. Dans sa stratégie commerciale, Marc Lambec sensibilise actuellement les commerces locaux et divers lieux accueillant du public pour acquérir un tel équipement afin d'amortir cet investissement qui permettra d'avoir une recharge complète du vélo à hydrogène en six heures.
Un rapprochement avec des distributeurs spécialisés envisagé
Pour garantir l'autonomie de son véhicule à deux roues, l'entreprise tarnaise a mis au point un réservoir à hydrogène composé de pastilles d'hydrure de magnésium. « Cela permet de stocker l'hydrogène sans trop devoir le pressuriser, tout en offrant une densité énergétique suffisante, le tout grâce à une réaction chimique naturelle », ajoute l'ingénieur de formation.
Néanmoins, l'entreprise, qui s'est associée à un sous-traitant pour la fabrication, fera produire les cadres de ses vélos en Asie, alors que la tendance du moment est plutôt à un rapatriement de cette production en raison de la demande européenne de plus en plus forte. « Si nous voulions être cohérents sur le plan commercial au niveau du prix, nous ne pouvions pas faire autrement », explique Marc Lambec. Le CEO compte lancer la commercialisation de son vélo autour de 3.500 euros pièce, avant la fin de l'année 2023.
La PME qui emploie au total une quinzaine de salariés espère vendre 5.000 vélos à hydrogène en 2024, principalement en s'associant à des distributeurs spécialisés dans la mobilité douce. Par la même occasion, le lancement de ce projet est associé au déménagement de l'entreprise à Albi, à proximité immédiate du circuit automobile. L'agglomération souhaite y développer un pôle de la mobilité à hydrogène et a ainsi accordé une subvention de 50.000 euros à ARM Engineering pour financer son installation dans la capitale du Tarn dans 650 mètres carrés.
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