Autoroute A69 Toulouse - Castres : et maintenant ?

Après la manifestation ce week-end et la tentative de ZAD à Saix (Tarn), les opposants à l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres se disent déterminés à poursuivre leurs actions. Pendant ce temps, les forces de l'ordre restent sur les lieux du rassemblement pour éviter une nouvelle occupation illégale, tandis que le chantier de l'A69 a repris. Cependant, la demande de moratoire dans l'optique d'organiser un référendum local est toujours d'actualité pour les opposants, qui engrangent quelques soutiens politiques. Les détails.
Jusqu'où ira la mobilisation contre l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres ?
Jusqu'où ira la mobilisation contre l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres ? (Crédits : Pierrick Merlet)

Que va-t-il rester de la forte mobilisation de ce week-end contre le projet d'autoroute A69, entre Toulouse et Castres ? C'est certainement ce que pose comme question la préfecture du Tarn, certains décideurs politiques et les leaders de l'opposition à ce projet. Selon le décompte de ces derniers, ils ont réuni « plus de 10.000 personnes » à Saix (Tarn) pour manifester contre l'infrastructure autoroutière longue de 53 kilomètres et qui doit permettre de gagner une vingtaine de minutes de trajet entre les deux villes.

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« Nous sommes satisfaits. Nous avons au moins autant de personnes qu'en avril (8.000, ndlr) mais nous pensons fermement être au-delà. Nous avons réuni des personnes de toute la France car dans plusieurs territoires ce type de projet fait débat. L'autoroute A69 est problématique pas seulement tarnaise, elle est nationale », commente Olivier Chollet, le référent local du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA).

La préfecture du Tarn a quant à elle communiqué sur 2.400 participants, et « 2.500 individus violents » qui n'ont pas suivi le parcours déclaré auprès des services de l'État. Sur le terrain, six cortèges avec des codes couleurs différents ont effectivement emprunté des chemins divers, mais en fin de journée tous se sont retrouvés sur le lieu de rassemblement initial, au lieu-dit La Crémade. Plusieurs centaines de participants se sont réunis pour établir une ZAD (zone à défendre) en occupant illégalement des maisons vouées à être détruites par le chantier de l'autoroute A69, avec l'espoir de stopper le projet.

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À l'occasion d'une conférence de presse en fin de journée, dimanche 22 octobre, le préfet du Tarn, Michel Vilbois, a fait savoir que les forces de l'ordre resteraient sur place dans « les jours qui suivent » pour éviter une renaissance de la ZAD (zone à défendre), après avoir procédé à son évacuation. Le représentant de l'État n'a pas précisé le dispositif mais au plus fort du week-end, 1.600 agents étaient sur place. Dès lors, d'importants de contrôle de police étaient menés lundi 23 octobre pour les personnes souhaitant se rendre dans la zone en question.

« Suite à la plainte du propriétaire l'instruction a été donnée de dégager le site par les forces de l'ordre à l'occasion d'une opération judiciaire, sous l'autorité du Parquet. L'appui de la cellule anti-zad mise en place par le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer a été déterminant », souligne la préfecture du Tarn.

Pour mémoire, le lot de maisons occupées jusqu'à dimanche après-midi est désormais la propriété de la société Atosca, après avoir fait l'objet d'une procédure d'achat à l'amiable entre ses anciens propriétaires et l'entreprise chargée du chantier de l'A69 et sa future exploitation. « Il ne s'agit pas d'une expropriation », tient à rappeler à propos de cette propriété située « en bordure du tracé » de la future autoroute. Par ailleurs, elle ne devrait pas être rasée dans l'immédiat, ce point n'étant toujours pas arrêté en interne au sein d'Atosca.

La société Carayon a porté plainte

La société dédiée à ce projet, qui compte notamment à son capital le groupe de BTP NGE et deux fonds d'investissements, est concentrée sur la poursuite des travaux, après la pause forcée liée à la mobilisation de ce week-end.

« Nous avons repris le chantier ce lundi matin. Nous l'avons stoppé un peu avant le week-end pour préparer la protection des équipements. Nous sommes conscients que c'est un sujet sensible, mais pour nous cela reste un chantier de BTP classique », tient à nuancer Martial Gerlinger, le directeur général d'Atosca, qui rappelle que 40% des budgets sont déjà engagés.

Le long de la RN 126 existante, et que les opposants au projet souhaitent voir aménagée plutôt que favoriser la construction d'une autoroute, les engins de chantier étaient effectivement concentrés sur deux à trois bases de vie sécurisées afin d'éviter d'éventuels dégâts sur un matériel onéreux.

Une issue que les forces de l'ordre ne sont pas parvenues à éviter concernant la cimenterie Carayon, qui a été victime d'un important incendie, causé par des manifestants lors de la mobilisation contre l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Plusieurs camions-toupies, et une partie des locaux, ont été décimés par les flammes, pris à partie par « un groupe de 400 manifestants violents » selon la préfecture du Tarn. « C'est un de nos prestataires locaux », explique Martial Gerlinger et les organisateurs ont fait savoir qu'ils avaient l'intention de « désarmer » cette cimenterie en raison de son implication dans le chantier de l'A69. Sans surprise, l'entreprise Carayon a décidé de porter plainte après ces événements.

Après l'évacuation effectuée par les forces de l'ordre, plusieurs associations contre le projet, dont La Voie est libre, La déroute des routes et Extinction Rébellion, se sont réunies dès dimanche soir pour évoquer la suite de la mobilisation. « Notre objectif reste toujours le même : des blocages tant que cela est possible. La détermination est toujours là et nous sommes en pleine réflexion sur nos prochains moyens d'action », fait savoir Olivier Chollet. Au début du week-end, les organisateurs de la manifestation de samedi ont évoqué un prochain rassemblement à Toulouse, sans donner davantage de précision pour le moment ni même informé si une telle action était encore d'actualité.

Le référendum local, une issue possible ?

Les opposants à l'A69 appellent à une suspension du chantier de quelques semaines le temps de mener une véritable médiation entre les deux camps, avec l'espoir que cette discussion débouche sur un référendum local et citoyen. Un sondage de l'institut Ifop, commandé par le collectif La Voie est libre et Agir pour l'environnement et réalisé auprès d'un peu plus de 600 résidents du Tarn et de Haute-Garonne, a récemment révélé que 82% des sondés étaient favorables à la tenue d'un référendum local dédié à ce projet d'autoroute entre Castres et Toulouse. Par ailleurs, 61% se disent favorables à l'abandon du projet.

« Ce projet est emblématique de ce qu'il ne faut plus faire, donc nous continuerons à nous battre tant que les gens continueront à nous soutenir. On nous dit que ce projet va se faire et bien la mobilisation est de plus en plus importante (...) Les politiques suivent le vent et quand le vent tourne il vaut mieux aller dans le sens du vent. (...) Suivez le sens de l'histoire Madame Delga (présidente de la région Occitanie, ndlr) et Monsieur Beaune (ministre des Transports, ndlr), n'allez pas vers un suicide politique », témoigne Thomas Brail, le président du GNSA.

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En plus de provoquer certains désaccords au sein de sa majorité régionale, la position Carole Delga sur cette autoroute A69, favorable au projet, génère quelques différences de vision au sein du Parti socialiste, dont elle est membre. Invité sur France 3 dimanche 22 octobre, le patron du PS, Olivier Faure, et opposant politique de Carole Delga au sein du parti, a demandé à la présidente de la région Occitanie de renoncer à ce projet. Avant le week-end, c'est Sébastien Vincini, président du département de la Haute-Garonne et secrétaire national du PS, qui a pris la parole sur France Bleu pour demander au gouvernement de suivre l'avis des scientifiques en émettant l'hypothèse de décréter un moratoire sur l'A69 ou un référendum local.

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Commentaire 1
à écrit le 24/10/2023 à 10:57
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Faire arriver la future A69 sur l’A68 complètement saturée le matin avec un péage pas adapté et surtout une autoroute très accidentogéne, très vallonnée où les ingénieurs ont créés des voies d’accélération dans les côtes des vallons où les camions on...

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