Dans l'Aveyron, la tannerie Arnal reconnue pour son savoir-faire devenu rare

La tannerie Arnal, située au Monastère (Aveyron) perpétue le savoir-faire de la confection du cuir depuis 1880. Une longévité et des pratiques qui viennent d'être récompensées par l'obtention du label EPV (Entreprise du patrimoine vivant). Portée par le secteur équestre, l'entreprise mise aujourd'hui sur le monde du luxe pour se développer.
La tannerie Arnal propose propose des cuirs haut de gamme.
La tannerie Arnal propose propose des cuirs haut de gamme. (Crédits : Tannerie Arnal)

La Tannerie Arnal et sa vingtaine de collaborateurs viennent de recevoir le Label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant). Une distinction qui atteste du savoir-faire artisanal de cette entreprise aveyronnaise. Elle est l'une des dernières en France à avoir une activité de rivière.

Il s'agit là d'une étape qui consiste à nettoyer les peaux brutes et à les préparer au tannage afin de rendre la peau imputrescible. Si la peau n'est pas tannée, elle va tout simplement dépérir. C'est un savoir-faire qui aujourd'hui ne se pratique plus que dans une quinzaine d'unités en France. « La plupart des tanneries ayant une activité de rivière ont fermé dans les années 1980 - 1990 », précise Jérôme Verdier, le dirigeant de la tannerie.

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Son entreprise exerce son activité depuis 1880. Spécialisée dans la confection de cuir bovin haut de gamme, elle a dans un premier temps exercé une activité de bourrellerie (les cuirs fournis aux attelages) puis a progressivement bifurqué vers la fabrication de chaussures dans les années 1950 et ensuite vers le monde équestre dans les années 1980. Désormais, la production de l'entreprise Arnal est à destination des artisans de la sellerie, de la maroquinerie, de la chaussure, de la décoration et des intérieurs cuir.

« Nous sommes un des rares fabricants en France de cuirs lourds et donc épais, notamment pour des activités de sellerie équestre. Nous avons ensuite toute une activité pour le monde du luxe. Nous sommes fournisseurs de cuirs finis, il s'agit de cuire avec des finitions très complexes et très spécifiques », appuie Jérôme Verdier.

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Un marché de la tannerie en France en renaissance

Dans les années 1960, l'Hexagone comptait 1.300 tanneries sur son territoire, aujourd'hui elle ne sont plus que 50. Jérôme Verdier, depuis quinze ans dans le métier, préside la Fédération Française de la Tannerie Mégisserie, association de professionnels du cuir. À ce titre, il décrit le marché du cuir de luxe comme étant en renaissance. Aujourd'hui, la filière tannerie mégisserie (fabricants de cuirs finis) représente près de 2.000 salariés et 400 millions d'euros de chiffres d'affaires par an en France. Le luxe et la tendance du Made In France soutiennent ainsi l'activité et a permis de réinvestir voire de moderniser certains sites et de former de nouveaux ouvriers.

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« Quatre grandes marques réussissent à nous porter » affirme le professionnel. Le tanneur préfère garder secret le nom de ses plus gros clients, mais ils proviennent surtout du secteur équestre français. La tannerie Arnal pratique essentiellement le BtoB et s'adresse également aux artisans indépendants. « Une tannerie, c'est un peu un intermédiaire entre l'artisanat et l'industriel », décrit-il. Même si la plus grosse part de l'activité de l'entreprise se fait dans le milieu de l'équitation, la maroquinerie française de luxe est vraiment son axe de développement.

« Notre matière première est utilisée pour réaliser des articles d'exceptions, nous sommes incapables de fournir des Zara ou des H&M qui fabriquent leurs sacs au Pakistan par milliers », détaille Jérôme Verdier presque agacé.

La tannerie Arnal produit tout de même, en fonction de la complexité des articles, entre 1.000 et 2.000m2 de cuir par semaine, soit environ 600 peaux.

Des projets de réduction de coûts énergétiques

La tannerie Arnal s'ouvre depuis deux ans au marché international, en particulier vers l'Asie et les États-Unis. La demande est dynamique dans ces régions du monde surtout pour le marché du luxe et exige dès lors beaucoup de rigueur.

Le spécialiste du cuir cherche également à devenir plus autonome d'un point de vue énergétique pour limiter sa consommation d'eau et plus généralement moderniser les infrastructures. « Nous aimerions utiliser une partie des toitures et de notre capacité hydraulique pour produire notre propre électricité », indique le tanneur.

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