Alénore, la maroquinerie en "cuir végétal de pomme" cousue main en France

Des sacs, des portefeuilles ou encore des trousses en "cuir de pomme" ? C’est ce que propose Alénore, marque française de haute maroquinerie végétale, fondée à Toulouse en 2021. La jeune entreprise a choisi pour matière principale la toile végétale produite à partir de déchets de pommes. Commercialisée via son e-shop et quelques pop-up stores, la marque veut vendre ses différents modèles dans toutes les grandes villes de France via des revendeurs.
Tous les modèles sont fabriqués dans le Tarn, au sein de l'atelier d'une entreprise du patrimoine vivant français.
Tous les modèles sont fabriqués dans le Tarn, au sein de l'atelier d'une entreprise du patrimoine vivant français. (Crédits : Alénore)

"Lorsque les gens passent devant nos sacs, en magasin, ils pensent qu'ils sont en cuir", lance Anne-Laure Sas-Mayaux, cofondatrice d'Alénore. Au premier aspect, les sacs et la petite maroquinerie Alénore semblent être en cuir, c'est à s'y m'éprendre. Et pourtant, aucune matière animale n'est utilisée par la marque de haute maroquinerie toulousaine fondée début 2021.

L'ensemble des ses créations sont végan car réalisées à base de toile végétale de pomme. Ce "cuir de pomme" est une matière brevetée et unique produite à partir de déchets de pommes. Capable de supporter du poids, la matière est plus résistante que du cuir animal traditionnel et ne craint pas l'eau. Contrairement au cuir animal lisse, elle ne se raye pas et ne garde aucune trace des coups du quotidien comme ceux d'un ongle ou de clés par exemple.

Respectueuse de la planète, des animaux et de l'humain, l'entreprise privilégie une production responsable à la main et 100 % made in France, minimisant ainsi au maximum son impact sur l'environnement.

"Avec Noémie Flamant, ma cofondatrice, nous sommes amies depuis toujours et avons l'amour de la maroquinerie pour point commun. Nous voulions créer notre propre marque mais en adéquation avec nos engagements et valeurs écologiques et locales. Il était donc impossible pour nous de choisir de la matière animale traditionnelle. Nous avons commencé à travailler sur la marque en 2019. Il nous a fallu quelques années de développement, de recherche, de prototypes et de sourcing matières. Cela n'a pas été évident de trouver des matières qui correspondent à l'identité que l'on voulait donner à Alénore, sobre, chic, qualitative", raconte Anne-Laure Sas-Mayaux, co-créatrice de la marque de haute maroquinerie végétale.

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Anne-Laure et Noémie, les fondatrices d'Alénore. (Crédits : Alénore)

Une matière végétale non toxique

Cette toile végétale de pomme, aussi appelée Apple Skin, que l'entreprise a mis du temps à trouver, provient d'Italie. Elle est réalisée à partir de déchets de pommes issus de l'industrie agroalimentaire (peau, pépins et tiges) séchés, réduits en poudre. Cette dernière est ensuite mélangée à un liant (polyuréthane) et teintée avec un colorant liquide à base d'eau. Le tout est ensuite enduit sur une toile de coton et polyester, puis embossé pour donner différents aspects à la matière.

"Cette matière a été créée en 2015 par un chimiste. Elle contient 50 % de déchets de pommes. D'autres matières végétales existantes contiennent un pourcentage de déchets végétaux beaucoup plus faible."

La matière première est ensuite transformée en sacs, petites maroquinerie et autres accessoire près de Toulouse, à Graulhet, dans le Tarn, au sein de l'atelier labellisé entreprise du patrimoine vivant et dotée d'un savoir-faire de plus de 50 ans dans la maroquinerie. Tous les articles sont fabriqués à la main par des artisans. "Tout est cousu, rien n'est collée", insiste la cofondatrice de l'entreprise.

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L'ensemble de la collection est cousue à la main. (Crédits : Alénore)

Aujourd'hui, la marque vegan propose deux modèles de sacs pour femme ainsi que sept modèles de petite maroquinerie (portefeuilles, porte-cartes, porte-monnaie, trousses, pochettes et portes-clés) pour femme et homme. Les différentes références sont déclinées en plusieurs coloris et trois finitions : lisse, grainée et imitation croco.

Des prix abordables pour des produits durables

Selon le modèle, les sacs sont commercialisés entre 295 euros et 350 euros pièce. Pour la petite maroquinerie, les prix sont compris entre 19 euros et 65 euros selon l'accessoire. Ces prix qui peuvent paraître élevés, sont en réalité "plutôt justes" pour de la maroquinerie végétale, 100 % made in France et cousue main. Afin d'éviter des coûts et des marges supplémentaires d'intermédiaires, la jeune marque privilégie sa boutique en ligne et la vente directe.

"Nous sommes conscientes que les prix ne sont pas accessibles à tous et qu'il n'est pas possible de s'acheter un sac Alénore tous les mois. Nous sommes sur un achat réfléchi. L'objectif est de proposer des pièces qui durent dans le temps, qui sont résistantes et des modèles intemporels. Les pièces coûtent cher à produire en matières et main d'oeuvre. De plus, nous avons pris le parti de baisser les coefficients qui peuvent être pratiqués dans la maroquinerie traditionnelle. Par exemple, il nous a été conseillé de commercialiser le modèle "Pâquerette" à 500 euros. Nous avons des prix assez similaires à du made in Portugal ou Espagne, sachant que dans ces pays, il est possible de diviser le coût de fabrication par cinq, voire dix dans certains ateliers. Les droits ne sont pas du tout respectés dans ces ateliers, c'est une catastrophe", explique-t-elle.

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Outre son e-shop, la marque est également présente au sein des Galeries Lafayette, sur des stands éphémères. Alénore a eu un corner à Toulouse, elle est actuellement à Biarritz et à Bordeaux. Les modèles sont également revendu à Bordeaux au sein de Mat Green Concept, une boutique multi-marques engagée qui possède également un e-shop. Alénore est également commercialisée sur Sélène Provence, concept store en ligne 100% éthique et référencée sur la plateforme "le site du Made in France". Avec le souhait d'être présente dans toutes les grandes villes de France et notamment la capitale, la jeune entreprise recherche des magasins, engagés "avec des valeurs similaires", pour revendre ses références. "Nous cherchons un seul revendeur par grande ville. Voir les sacs en vrai peut faire la différence pour les clients sceptiques", précise Anne-Laure Sas-Mayaux.

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Ouvrir une boutique Alénore

Aujourd'hui, les deux fondatrices gèrent et maîtrisent entièrement les différents aspects de leur entreprise, du dessin des modèles à l'envoi des colis. Le dessin et la création de toute la collection modèles sont faits par Anne-Laure qui gère également la communication de la marque. Noémie elle, se change de la comptabilité, la gestion des fournisseurs, du sourcing des matières, ainsi que de la logistique. Les deux femmes qui conservent une activité professionnelle en parallèle de leur marque, souhaitent en faire leur métier à plein temps. Afin de se structurer davantage, les cheffes d'entreprise souhaitent créer des bureaux et un shoowroom Alénore dès cette année et embaucher une alternante sur la partie communication et community management.

À horizon 2027, Alénore envisage d'ouvrir sa première boutique en propre et de créer une petite dizaine de postes de vendeurs, logisticien, gestionnaire, modéliste/designer ou encore commercial. À cette même période, la jeune entreprise a pour objectif d'atteindre le demi-million d'euros de chiffre d'affaires.

En attendant, l'entreprise souhaite vendre 500 pièces en 2022. En mars 2022, elle a déjà atteint le chiffre d'affaires global de l'exercice 2021 (de mars 2021, date de lancement de l'e-shop à décembre 2021). Afin d'atteindre ses objectif, elle devrait très rapidement élargir sa gamme avec deux nouvelles tailles de ses sacs et sortir un nouveau modèle dès septembre prochain.

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