L'Atelier Méta transforme les chutes de cuir de l'aéronautique en maroquinerie de voyage

Installé à Toulouse, l'Atelier Méta propose des articles de maroquinerie pour le voyage conçus à partir de cuir récupéré auprès des industriels de la filière aéronautique. Néanmoins, sa fondatrice, Domitille Roche Michoudet, rencontre des difficultés dans l'approvisionnement de sa matière première. Rencontre.
L'Atelier Méta offre une seconde vie aux chutes de cuir issues de l'industrie aéronautique.
L'Atelier Méta offre une seconde vie aux chutes de cuir issues de l'industrie aéronautique. (Crédits : Rémi Benoit)

L'avion et ses composants n'ont-ils qu'une seule vie ? Une question dont la réponse est négative pour Domitille Roche Michoudet. Cette Toulousaine a fondé à la fin de l'année 2020 l'Atelier Méta. Derrière cette appellation, sans aucun lien avec la maison-mère du réseau social Facebook, se cache la volonté de proposer une gamme de maroquinerie française à partir de chutes de cuir provenant de l'industrie aéronautique, ou bien de sièges usagés d'avion.

« J'ai toujours eu la volonté de revaloriser quelque chose qui était déjà sur le circuit et non pas avoir une activité émettrice de matières diverses et variées. Pour l'industrie aéronautique, ces morceaux de cuir sont des déchets pour eux donc je les débarrasse. Sur les côtes françaises, ce concept existe déjà à partir des voiles des bateaux et ici nous avons des avions donc l'idée m'est venue ainsi... », raconte l'entrepreneuse.

Après quelques prototypes et essais, aujourd'hui l'Atelier Méta propose une large gamme de produits en lien avec le voyage, afin de garder une connexion avec l'origine de sa matière première. En premier lieu, la couturière commercialise des étiquettes en cuir pour bagage, des étuis pour passeport et pour stylo, des porte-cartes, des trousses de toilette ou encore des petits sac-à-dos. « À terme, j'aimerais aussi proposer des goodies pour les entreprises à l'occasion d'événements particuliers par exemple », se projette Domitille Roche Michoudet.

Atelier Méta

Atelier Méta

Après deux ans d'existence, l'Atelier Méta propose une poignée de références, toutes conçues à Toulouse (Crédits : Rémi Benoit).

S'il est possible de se procurer ses premières créations sur Internet, elle commercialise aussi ses produits depuis quelques jours dans une boutique éphémère dédiée aux artisans et installée sur la réputée place Saint-Georges de Toulouse, Beautique. La fondatrice de l'Atelier Méta sur des marchés d'artisans comme Créart'31, la foire de la Colombette ou encore le marché de Noel d'Airbus réservé aux salariés de l'avionneur.

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Une rencontre en Argentine décisive

Un cheminement logique pour la dirigeante qui, depuis son plus jeune âge, baigne dans le tissu. « Quand j'étais petite mes propres coutures, mes sacs, et mes costumes quand j'en avais besoin », raconte-t-elle. Les années passent et pourtant, même en suivant une licence de philosophie, elle préserve son attrait pour la couture en élaborant des costumes pour des pièces de théâtre.

« Après ma licence, je suis partie en Argentine pour suivre une licence de scénographie du décor. Là-bas, j'ai rencontré une personne qui travaillait dans son atelier le cuir sous plusieurs formes. Une fois par semaine, j'allais dans son atelier et j'y ai appris toutes les techniques pour travailler le cuir », se remémore Domitille Roche Michoudet.

Atelier Méta

Domitille Roche Michoudet a fondé l'Atelier Méta après un séjour en Argentine (Crédits : Rémi Benoit).

Après cinq années dans ce pays d'Amérique du Sud, elle rentre en France avec l'intention de donner naissance à ce qui est aujourd'hui l'Atelier Méta. Par chance, elle fait connaissance avec une couturière, en partance pour la retraite, et qui veut céder ses outils de travail. « Ce sont exactement les mêmes machines que celles sur lesquelles j'ai appris et travaillé en Argentine », se réjouit-elle. Avec, elle s'est installée dans un petit atelier de la zone industrielle de Baluffet dans la Ville rose. À l'intérieur, morceaux de cuir et exemplaires de ses produits se mêlent sur les tables de son local. Pourtant, l'approvisionnement en matière est le nerf de la guerre pour l'Atelier Méta.

Un seul sous-traitant collabore avec l'Atelier Méta

Selon son décompte personnel, Domitille Roche Michoudet a récolté seulement 56 kilos de cuir provenant de l'industrie aéronautique. Un maigre bilan qui, pour le moment, lui permet de développer ses produits et honorer ses premières commandes. Mais cela reste bien loin de ses ambitions pour sa société certifié « Zéro déchet », par la Chambre des Métiers de l'Artisanant de Haute-Garonne, le conseil régional d'Occitanie et l'Ademe.

« Je pense que je manque beaucoup de notoriété... J'ai contacté au moins une quinzaine de sociétés de l'industrie aéronautique et installées sur le bassin toulousain. Pour l'instant, cela n'a pas donné d'issue favorable. Je regarde du côté de Bordeaux maintenant pour m'approvisionner en cuir. J'ai des amis qui sont dans l'aéronautique de ce qu'ils me disent je sais qu'il y a de la matière disponible », explique l'entrepreneuse qui reste optimiste.

Atelier Méta

L'Atelier Méta espère multiplier les collaborations avec les sous-traitants de l'industrie aéronautique prochainement (Crédits : Rémi Benoit).

À l'heure actuelle, seul le sous-traitant aéronautique gersois JCB Aéro collabore avec l'Atelier Méta en l'approvisionnant en cuir. Par conséquent, sa fondatrice compte sur la récente loi anti-gaspillage pour une économie circulaire pour faire évoluer dans le bon sens ses relations avec les industriels de la filière.

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