Avec ses poudres nutritives upcyclées, Green Spot Technologies s'insère dans l'industrie agroalimentaire

Venue de Nouvelle-Zélande, la startup toulousaine Green Spot Technologies conçoit des poudres nutritives à incorporer dans les recettes des transformateurs de l'industrie agroalimentaire. Basée sur la fermentation solide de coproduits, la technologie passe actuellement à l'échelle industrielle avec la première usine de la société - installée dans le Vaucluse - qui monte en puissance. La jeune pousse prépare une levée de fonds en série A pour atteindre une capacité de production de 600 tonnes dès 2024.
À partir de la fermentation solide, Green Spot Technologies produit des farines alimentaires upcyclées pour les transformateurs de l'industrie agroalimentaire.
À partir de la fermentation solide, Green Spot Technologies produit des farines alimentaires upcyclées pour les transformateurs de l'industrie agroalimentaire. (Crédits : Frédéric Scheiber)

« Le gaspillage alimentaire n'est pas le problème, mais la solution ». Voilà le leitmotiv de l'agritech Green Spot Technologies, référencée dans la première promotion de l'Agri 20. Installée à Toulouse, cette jeune société donne une seconde vie au coproduit, cette matière issue des cycles de production dans l'industrie agroalimentaire et inévitable. L'idée ? En faire une poudre alimentaire très nutritive, grâce au procédé de la fermentation, avant de transformer cette poudre en un ingrédient. « Cela peut devenir du snacking salé ou sucré, des yaourts, des crèmes, du lait végétal, du chocolat, des barres, etc... », commente Manon Ledoux, cheffe de produit au sein de la startup.

Le concept vient tout droit de Nouvelle-Zélande, Green Spot Technologies étant initialement une spin-off de l'université d'Auckland, qui a vu le jour en 2018. À cette même date, sa fondatrice, Ninna Granucci achève une thèse sur ce procédé de la fermentation. Elle atterri en France par l'intermédiaire d'une levée de fonds en pré-speed de 600.000 euros auprès de business angels qui lui mettent comme condition d'installer l'entreprise dans l'Hexagone, pays de la gastronomie.

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Green Spot Technologies - Ninna Granucci

Ninna Granucci a fondé la société en 2018 et est arrivée en France à la suite d'une première levée de fonds (Crédits : Frédéric Scheiber).

Améliore le Nutri-Score

Depuis, la jeune pousse, qui a notamment été accompagnée par TWB, a déposé quatre brevets pour protéger son process et notamment la manière de le porter à une échelle industrielle. Tout repose sur la comptabilité entre un coproduit - ou plusieurs - et une molécule.

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« Il y a un choix à faire sur le co-produit sélectionné et nous en avons répertorié une soixantaine de compatible au total. Mais le plus important c'est la comptabilité entre le coproduit et la molécule ou la bactérie. Notre actif est que nous avons une base de données qui recense des milliers de couples compatibles », expose Manon Ledoux.

Pour ses premiers pas sur le plan commercial, Green Spot Technologies a néanmoins fait le choix de se concentrer sur trois coproduits : la tomate, la pomme et la drêche de brasserie. Des saveurs alimentaires disponibles en grande quantité, bien connues des industriels et qui jouissent d'une certaine attractivité auprès des consommateurs. « Nous nous intégrons et nous intervenons sur la chaîne de production juste avant que ces coproduits deviennent du déchet », complète l'ingénieure.

Pour les industriels de l'agroalimentaire, la startup toulousaine lui permet de se débarrasser de ces résidus alimentaires en les recyclant, ce qui améliore considérablement l'empreinte énergétique de la production. Pour les transformateurs qui utilisent les farines de demain développées par Green Spot Technologies, l'intérêt est d'avoir des aliments avec un Nutri-Score parmi les meilleurs. L'objectif final de ces poudres nutritives étant de remplacer des éléments chimiques et artificiels.

Lauréate de l'appel à projet « Première usine »

Malgré ce procédé d'upcycling par de la fermentation solide qui a fait ses preuves, le chiffre d'affaires de Green Spot Technologies est à 0 pour le moment.

« Nous travaillons avec une vingtaine de transformateurs, mais ce ne sont encore que des projets collaboratifs. Nous espérons signer nos premières ventes en 2023. Nous apportons des ingrédients totalement nouveaux sur le marché donc nous devons accompagner nos clients dans l'élaboration de leurs recettes mais aussi sur l'aspect marketing afin de mettre en avant cette démarche RSE auprès du consommateur », précise Manon Ledoux.

Quant à la douzaine de fournisseurs des coproduits, aussi des industriels de l'agroalimentaire, ils ne reçoivent pas encore une rétribution de la part de Green Spot Technologies. « Mais c'est prévu dans notre business plan à terme que nous les paierons », assure-t-elle. L'entreprise ne peut communiquer de chiffres sur ce point, car le montant dépendra de la quantité et la qualité du coproduit en question. Majoritairement, tous ses fournisseurs sont d'ailleurs basés dans le sud de la France, ce qui a motivé la startup à construire sa première usine à Carpentras (Vaucluse) et non à Toulouse.

« Notre choix premier c'était Toulouse. Mais on nous a proposé très peu de sites industriels, avec à chaque fois des prix au m2 très importants. À Carprentras, c'est forcément moins cher mais cela a du sens par rapport à la proximité de nos fournisseurs », justifie la cheffe de produit.

Mis en service il y a quelques semaines, ce site industriel de 1.600 m2 qui occupe six salariés sur les 17 de Green Spot Technologies va offrir une capacité de production de 100 tonnes sur sa première année d'exploitation. Dès la seconde année, celle-ci passera à 600 tonnes. Pour ce faire, la jeune pousse compte boucler une levée de fonds en série A d'une dizaine de millions d'euros courant 2023 afin d'être en capacité d'assumer financièrement cette montée en puissance, en plus d'être lauréate de l'appel à projet de France 2030 « Première usine ». Jusqu'à présent la société a assuré son développement grâce à des subventions européennes (EIC Horizon Europe) et une seconde levée de fonds d'un montant inférieur à trois millions d'euros.

« 2023 sera une année stratégique pour nous puisqu'elle doit permettre de préparer une levée de fonds en Série B avec l'objectif de créer une réseau de cinq usines à taille humaine en France, d'ici 2030, au plus près de nos fournisseurs de coproduits », conclut Manon Ledoux, qui souligne également que la startup compte doubler ses équipes cette année.

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