Abelio va lever un million d'euros pour accélérer son outil d'intelligence artificielle pour l'agriculture

La startup toulousaine Abelio a mis au point solution basée sur de l'intelligence artificielle qui fournit des conseils aux agriculteurs pour limiter l'usage des pesticides au strict nécessaire tout en économisant de l'argent. Après avoir conquis 80 coopératives et de grands noms de l'agroalimentaire comme Bonduelle, la jeune pousse s'apprête à lever un million d'euros pour accélérer la commercialisation en France et partir à la conquête de l'Allemagne et du Canada. Face aux yoyos du climat, ce type de solution devient de plus en plus indispensable pour les agriculteurs.
Grégoire Dupré est le cofondateur de la startup Abelio.
Grégoire Dupré est le cofondateur de la startup Abelio. (Crédits : Abelio)

Le Sud-Ouest est confronté depuis cet été à une sécheresse historique. L'an passé, au contraire, un climat humide avait été enregistré lors de la saison estivale. Une incertitude climatique très difficile à gérer pour les agriculteurs pour qui le recours à des outils d'aide à la décision devient de plus en plus indispensable pour limiter les dégâts dans les récoltes.

À Toulouse, la startup Abelio a mis au point solution basée sur de l'intelligence artificielle qui fournit des conseils aux agriculteurs à partir de plusieurs types de données.

"Aujourd'hui, avec le regroupement d'exploitations, les agriculteurs doivent s'occuper de parcelles de plus en plus grandes. L'analyse de données nous permet par exemple de prévenir ces agriculteurs de l'apparition d'une maladie dans les trois jours sur telle parcelle ou de mauvaises herbes à un endroit. Nous utilisons la donnée satellitaire pour analyser la fertilisation. Le drone est privilégié pour gérer les pulvérisations d'herbicides localisées afin de lutter contre les mauvaises herbes. Et pour nos conseils de gestion de l'irrigation pour prévenir les maladies, nous nous appuyons sur les données météo", explique Grégoire Dupré, cofondateur de la startup Abelio.

Face à l'essor de multiples solutions d'agriculture connectée au cours des dernières années, Abelio entend se différencier par une automatisation très poussée de son outil. "L'intelligence artificielle nous permet d'accéder à cette automatisation assez forte. Dans certaines solutions concurrentes, l'agriculteur reçoit des données et doit lui les interpréter lui-même ou alors la société se charge de l'interprétation manuellement mais fournit des conseils en quelques jours, ce qui est parfois trop tard. Notre solution fournit au contraire un résultat au bout de quelques secondes", plaide Grégoire Dupré.

Lire aussiNaïo part à la conquête des États-Unis avec son robot viticole Ted

Une réduction drastique des herbicides

La solution Abelio coûte à l'agriculteur quelques euros par hectare mais lui assure en contrepartie une réduction drastique de l'usage des herbicides comme le très décrié glyphosate avec des bienfaits pour l'environnement mais aussi pour le portefeuille des agriculteurs.

"D'après l'Inrae (Institut national de la recherche agronomique), notre solution fait économiser 68% d'herbicides. Sur le terrain, nous remarquons que les agriculteurs utilisent plutôt 84% d'intrants chimiques en moins, fait valoir Grégoire Dupré. Économiser des herbicides, c'est autant de marges en plus pour l'agriculteur. Un épandage d'herbicide coûte en général 60 euros par hectare. Disons que notre solution permet d'économiser une cinquantaine d'euros par hectare et qu'une exploitation de céréales fait en moyenne en France 120 hectares, l'agriculteur peut dégager 6.000 euros de marge."

La meilleure gestion des cultures augmente aussi le rendement des récoltes. "S'il y a moins de maladies et une meilleure irrigation, il est possible de produire plus. L'un de nos clients, la coopérative Arterris (25.000 adhérents dans le sud de la France, ndlr) a produit 500 kilos supplémentaires par hectare de céréales. Cela représente 8% de production en plus et 100 euros de revenus en plus par hectare, ce n'est vraiment pas négligeable", pointe l'entrepreneur.

Fondée en 2020, Abelio a lancé cette année la commercialisation de sa solution et a déjà conquis 80 distributeurs en France. Outre la coopérative Arterris, la pépite toulousaine a également convaincu Vivadour (Gers), Noriap (Somme) et Ceresia (Marne) ainsi que le géant de l'agroalimentaire Bonduelle. "Pour ce dernier, nous surveillons le maïs doux afin de réduire les herbicides", illustre le dirigeant.

Lire aussiEn s'appuyant sur Arterris, La Compagnie des Amandes renforce sa stratégie de souveraineté française

Contrat en vue au Canada

La startup vient de lancer une campagne de financement sur Sowefund pour lever un million d'euros d'ici début 2023. Un nouveau tour de table pour la jeune société qui avait déjà levé 500.000 euros en 2020. Abelio compte accélérer la commercialisation de sa solution en France mais aussi se déployer en Allemagne et au Canada.

"L'Allemagne, a un modèle agricole qui est très proche de celui de la France. Au Canada, il existe de très grandes superficies et nous sommes en passe de signer un contrat avec la plus grande coopérative du pays. Dans un deuxième temps, nous visons le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne et l'est européen", détaille-t-il.

Pour le moment hébergée au Village by CA à Toulouse, Abelio compte passer de 15 à 25 collaborateurs à l'issue de la levée de fonds et investir ses propres locaux.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.