Emploi des jeunes : comment Toulouse tente d'éviter une génération sacrifiée

Malgré les incertitudes liées au contexte sanitaire et économique, les acteurs toulousains se mobilisent pour l’emploi des étudiants et des néo-diplômés. Ainsi, plusieurs centaines voire milliers d’opportunités professionnelles s’offrent à eux au sein de la Ville rose et dans tous les secteurs. Analyse.
Plus jeune population active de France, Toulouse doit protéger l'employabilité de ses jeunes face à la crise sanitaire.
Plus jeune population active de France, Toulouse doit protéger l'employabilité de ses jeunes face à la crise sanitaire. (Crédits : Rémi Benoit)

Les jeunes, aussi bien étudiants que néo-diplômés ou jeunes actifs, ont été l'une des tranches de la population la plus touchée par la crise de la Covid-19, si ce n'est LA plus impactée par ces douze derniers mois inédits par leur contexte. Selon un sondage Ifop, pour La Tribune et Europe 1, publié en octobre dernier, ils sont même 54 % à penser que les jeunes générations ont été sacrifiées au profit des Français les plus âgés. Côté économie, 87 % se disent d'accord avec l'affirmation que "ce sont les jeunes générations qui vont payer pendant des décennies la dette contractée au cours de la crise du coronavirus", et ils sont 35 % à craindre les conséquences de la crise sanitaire sur l'emploi (soit six points de plus que l'ensemble des Français).

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Des chiffres qui résonnent fortement dans la Ville rose, la quatrième ville de France étant la première ville étudiante du pays et l'Insee met souvent en avant le fait que la population active de Toulouse est bien plus jeune que la moyenne hexagonale. Attirée généralement pour les opportunités professionnelles en lien avec l'aéronautique, la jeunesse s'installe aussi dans la capitale de l'Occitanie pour son tissu universitaire et de recherche.

Une image d'excellence

"Au regard du potentiel scientifique, de formation et la qualité de vie formidable à Toulouse, c'est une anomalie que Toulouse ne soit pas considérée comme une grande ville de recherche et d'innovation. Il y a urgence à ne pas laisser durer cette image", estime Patrick Lévy, chargé par les collectivités locales de créer la future grande université de Toulouse, après l'échec de l'Idex. L'arrivée de l'institut pluridisciplinaire Aniti, dédié à l'intelligence artificielle à travers la mobilité et la santé, est également venue renforcer cette image d'excellence, tout comme la naissance de l'institut occitan du quantique va y contribuer.

Côté privé, la Holberton School, tout droit venue de la Silicon Valley de San Fransico, va déposer ses valises à Toulouse dès le début de l'année 2022. Après tout récemment Lille, l'établissement dédié aux métiers du numérique en tension va ainsi accueillir ses premiers élèves à Laval dès le mois de juin, mais aussi à Toulouse à partir de janvier 2022 grâce à un partenariat noué avec le groupe Actual et la société toulousaine Bizness.

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Proposant une approche de formation innovante, sans condition à l'entrée et avec un financement déjà trouvé, la Holberton School se propose comme une solution à toutes les populations en recherche d'une reconver- sion sur des métiers à l'avenir assuré et notamment les jeunes. "Aujourd'hui, toutes les entreprises de France sont focus sur leur stratégie numérique et elles ont donc besoin de se doter d'équipes sur le sujet. Elles veulent recruter des profils très demandés sur le marché comme des data scientist, data analyst, developer web ou ingénieurs du web. De plus, dans une ville comme Toulouse fortement touchée par la crise en raison de la prédominance de l'aéronautique, les besoins en reconversion sont importants", commente Bruno Sola, le dirigeant de Bizness qui propose à ses entreprises clientes des méthodes de formation "nouvelle génération". Au total, chaque année, toutes formations confondues, ce sont environ 15 000 néo-diplômés toulousains qui font leur entrée sur le marché du travail.

Les acteurs publics se mobilisent

Pour accompagner ce dynamisme dans la formation toulousaine, les collectivités se montrent force de propositions sur l'autre nerf de la guerre : les jobs étudiants. C'est désormais démontré, la crise a tout d'abord touché les emplois les plus précaires, autrement dit l'intérim, les CDD et les emplois étudiants. Des statuts la plupart du temps occupés par des jeunes à Toulouse afin de subvenir à leurs besoins essentiels. Dès lors, le conseil régional d'Occitanie s'est engagé à ouvrir 300 emplois étudiants notamment sur des missions administratives d'ici l'été 2021, en plus des  emplois saisonniers habituels.

Plus localement, la mairie de Toulouse et la Métropole "imitent" cette mobilisation. "Les deux collectivités lancent le recrutement pour leurs postes de saisonniers sur l'été 2021. Cela représente annuellement 300 étudiants en période estivale et 100 étudiants sur l'année pour les besoins temporaires. Par ailleurs, 150 apprentis ont été recrutés à la rentrée 2020. 80 par Toulouse Métropole et 70 par la Mairie de Toulouse, soit 550 emplois à destination des jeunes", ont récemment fait savoir les cellules communication dans un communiqué conjoint. Côté consulaire, la CCI de Toulouse a fait le choix de maintenir début mars sa Nuit de l'Orientation dédiée aux collégiens, lycéens et étudiants en format totalement digital, en raison de l'impossibilité d'organiser des salons d'orientation physiquement.

"Nous avons fermement souhaité maintenir cette manifestation, afin d'accompagner d'une part les jeunes dans leur choix d'orientation mais aussi les entreprises qui ont pu faire part de leurs aspirations pour les années à venir. Faire des choix dans la période actuelle s'avère compliqué. Nous avons voulu éclairer les jeunes et leurs parents sur ce que seront les métiers de demain", réagit Philippe Rodardey, le président de la CCI de Toulouse.

La dixième édition de cet événement reconnu à Toulouse a ainsi permis, en l'espace de quatre heures, la "visite" de 500 jeunes auprès d'une centaine de professionnels.

L'alternance galvanisée

Au-delà des métiers de demain - notamment autour de l'hydrogène, de l'environnement, du numérique et de la data - qui peuvent apparaître comme des voies d'orientation professionnelles "sécurisées", l'alternance apparaît aussi comme la grande gagnante de la crise sanitaire de la Covid-19. D'après les retours compilés et analysés par la junior entreprise ESCadrille, pour La Tribune, sur les 5 000 intentions d'embauche à Toulouse sur l'année 2021, environ 500 concernent des alternants.

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L'explication se trouve en grande partie dans le plan national "1jeune1solution", qui favorise cette employabilité des jeunes avec d'importantes subventions pour l'embauche d'alternants et/ou d'apprentis. Ainsi, parmi le Top 50 des entreprises qui recrutent à Toulouse, nous retrouvons l'opérateur Orange qui cherche des alternants aux profils commerciaux, techniciens et ingénieurs. Les banques sont également au rendez-vous avec une centaine d'alternants pour la Banque Populaire Occitane et la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées (45), tous deux étant à la recherche de profils commerciaux. Atos est également à la recherche de ces jeunes qui veulent coupler travail et formation notamment des profils informatiques, tout comme Cerfrance, mais plutôt sur des activités de conseil et comptabilité.

Enfin, d'autres entreprises, qui n'ont pas fait part de leurs intentions à La Tribune à travers l'étude, ont aussi l'intention de recruter des alternants. C'est le cas de La Poste qui prévoit 260 recrutements de la sorte sur l'ancienne région Midi-Pyrénées, aussi bien pour ses filiales logistique que bancaire, tout comme le groupe Carrefour qui a communiqué sur son projet de recruter 300 alternants à Toulouse en 2021. Enfin, le constructeur aéronautique européen Airbus compte maintenir ses efforts en la matière malgré la récente tenue d'un plan social qui a coûté la suppression de milliers de postes à Toulouse et en France.

"Grâce au plan de relance national, nous avons fait le pari de maintenir cette politique d'apprentissage. Nous serons donc sur des volumes comparables sur l'année 2021 (l'avionneur a employé sur l'année 2020 plus de 700 apprentis, dont 355 sur la division avion, ndlr). L'alternance n'est autre que la clé de voûte de notre politique RH", avait ainsi déclaré Donald Fraty, le directeur France des ressources humaines, lors de la visite du porte-parole du gouvernement sur une chaîne d'assemblage à Toulouse en décembre dernier.

Afin de favoriser la rencontre entre ces offres d'emplois et les jeunes en recherche d'opportunités, le conseil régional d'Occitanie a lancé l'application mobile "Anie", qui se présente comme un Tinder de l'apprentissage et de l'alternance. Enfin, l'association pour l'emploi des cadres l'Apec, a lancé au niveau national l'opération "Objectif Premier Emploi" afin d'accompagner les nouveaux diplômés dans un marché de l'emploi chamboulé. La plateforme d'offres d'emploi associée à la démarche propose ainsi plus de 1 000 postes ouverts aux profils non expérimentés, rien qu'à Toulouse. De bonne augure pour offrir une lueur d'espoir aux jeunes Toulousains.

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Commentaire 1
à écrit le 10/04/2021 à 11:16
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On exagère pas un peu avec la génération sacrifié? Alors que tout le monde est au même stade... les médias leur monte la tête et l'on fini par y croire! Il faut sans cesse des victimes pour faire une histoire!

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