Le déconfinement enclenché le 11 mai partout en France a été corrélé à une reprise du trafic ferroviaire dans un volume bien plus important qu'il ne l'a été sur les deux derniers mois. Quasiment à l'arrêt, le réseau TER d'Occitanie est désormais revenu à la moitié de ses capacités ces derniers jours.

"Sur les 197 rames en possession du Conseil régional d'Occitanie (le transport ferroviaire est une compétence de la collectivité, ndlr), la moitié sont aujourd'hui en service et c'est loin d'être simple car cela a demandé d'importantes opérations de maintenance après cet arrêt forcé", explique Philippe Bru, le directeur régional Occitanie SNCF Voyageurs. "Aujourd'hui, nous sommes à 50%, mais dès le 18 mai, je souhaite que nous soyons à 60% de notre offre habituelle, avant un retour à la normale dès la fin du mois de mai", ajoute la présidente de la Région, Carole Delga, en visite à la gare de Muret (Haute-Garonne) le 14 mai.

Carole Delga, accompagnée de Philippe Bru, est venue constater sur le terrain l'application du dispositif "Accès Train Serein" qui entraine la suppression d'une place sur deux dans les TER (Crédits : Rémi Benoit).

Seulement, les Français, face à la pandémie de Covid-19, délaissent les transports en commun au profit de la voiture individuelle et le ferroviaire n'échappe pas à la règle. Si l'affluence est en hausse chaque jour, elle est seulement de 10% sur le réseau TER d'Occitanie pour cette semaine de reprise.

Un dispositif unique pour redonner confiance aux voyageurs

Alors, afin de redonner confiance aux usagers, et surtout pour éviter un pic de pollution, la Région Occitanie a décidé de mettre en place en partenariat avec la SNCF un dispositif inédit : "Accès Train Serein". "Entre la prise de décision et la reprise, nous n'avons eu que 48 heures pour installer le dispositif", nous confie Philippe Bru.

Plusieurs milliers d'autocollants de ce genre ont été installés dans les gares d'Occitanie en l'espace de 48 heures, comme ici à Muret (Crédits : Rémi Benoit).

En l'espace d'un week-end, toutes les gares de l'Occitanie ont été "décorées" de stickers sur les bancs et chaises pour condamner des places et ainsi respecter le mètre minimum de distance entre chaque individu. Un marquage au sol a aussi été installé pour séparer les flux de personnes et donc éviter les contacts en se croisant. Par ailleurs, les guichets qui n'en avaient pas ont tous été équipés de barrières en plexiglass. Sans oublier les équipes de nettoyage, qui ont été renforcées pour traiter plusieurs fois par jour les surfaces qui sont touchées par les voyageurs dans les gares, mais aussi dans les trains.

Les équipes de nettoyage ont été renforcées face à la crise sanitaire (Crédits : Rémi Benoit).

Enfin, en plus d'un masque lavable et réutilisable aux 20 000 abonnés TER Occitanie, 40 000 masques "alternatifs", offerts par la Région, ont été distribués sur cette semaine de reprise aux usagers, leur port étant obligatoire pour accéder aux trains.

"Je tenais à cette distribution de masques pour éviter des tensions entre les voyageurs masqués et non-masqués, comme nous avons pu l'observer dans d'autres régions", commente l'élue régionale.

Pendant cinq jours, les agents de la SNCF ont distribué aux voyageurs des masques offerts par la Région Occitanie (Crédits : Benoit).

Obligation de s'enregistrer avant de monter à bord

Si le dispositif "Accès Train Serein" représente surtout un investissement matériel sur le terrain, dont le coût entre dans le cadre de la convention pluriannuelle Région-SNCF, il comporte aussi un volet numérique. Dans un souci de sérénité, chaque voyageur a l'obligation de s'enregistrer numériquement avant de monter à bord, en se présentant au guichet, sur le site internet du réseau ou bien via l'application mobile transformée à cet effet pour l'occasion.

"C'est la seule Région de France à mettre en oeuvre un tel dispositif. Cela nous permet ainsi de connaître à l'avance l'affluence qu'il va y avoir sur un trajet et gérer le trafic en temps réel. Étant donné qu'une place sur deux est condamnée dans les TER pour le moment, en cas de forte demande sur une liaison précise, nous pouvons ajouter une rame si nécessaire afin de répartir équitablement sur tout le train le flux de voyageurs et respecter ainsi la distanciation sociale", explique Philippe Bru.

Une distribution de fiches de sensibilisation aux gestes barrières fait également partie du dispositif (Crédits : Rémi Benoit).

Néanmoins, afin de ne pas handicaper davantage l'usager, celui-ci a la possibilité de s'enregistrer sur des trajets jusqu'à sept jours à l'avance. Si cette contrainte est plutôt bien vécue par les voyageurs, grâce à un important effort de pédagogie opéré par les agents en gare, la SNCF compte supprimer le dispositif dès que possible.