En Occitanie, une reprise d'activité plus difficile qu'au niveau national

Selon une étude de la Banque de France, la reprise d'activité suite au confinement pour lutter contre la Covid-19 est bien plus compliquée en Occitanie qu'ailleurs, hormis dans le BTP. L'analyse démontre que l'industrie et les services de la région payent la spécialisation sectorielle autour de deux secteurs que sont l'aéronautique et le tourisme. Analyse.
En Occitanie, la reprise d'activité après l'épidémie de la Covid-19 est plus difficile qu'ailleurs, selon la Banque de France.
En Occitanie, la reprise d'activité après l'épidémie de la Covid-19 est plus difficile qu'ailleurs, selon la Banque de France. (Crédits : Rémi Benoit)

Depuis quelques semaines désormais, les plans sociaux et accords de performance collective, très médiatisés de part le contexte, se succèdent. Pour autant, quel est le réel impact de la Covid-19 sur les entreprises d'Occitanie ? Afin d'apporter une réponse, la préfecture de région, suite à une collaboration avec trois startups toulousaines (Guty, JS&CO et Flutiliant), vient de lancer la plateforme "Impact Covid-19". Cette plateforme, grâce aux contributions des entreprises, permet de mesurer l'impact de la crise économique plus particulièrement sur les filières numérique, robotique, aéronautique et santé de la région.

Sans attendre cette démarche, dans une note de conjoncture dévoilée début juillet, l'Insee a évalué le ralentissement de l'activité en juin à - 13 % par rapport à une situation normale, contre - 31 % au cœur de la crise en avril. Avec néanmoins le constat d'une destruction de 37 000 emplois salariés en Occitanie, dont 24 000 intérimaires. Une analyse en accord avec celle de la Banque de France, qui alerte cependant sur la disparité entre l'Occitanie et le reste de la France.

Lire aussi : L'économie occitane a détruit plus d'emplois en un trimestre qu'elle n'en a créés en un an

"Au niveau national, nous évaluons à -9% la perte d'activité en juin, par rapport à une période normale, alors que nous avions prévu cela pour le mois de septembre. La reprise est plus rapide qu'attendue en France. Mais en Occitanie, l'analyse est tout autre. Il y a une déception", décrypte Stéphane Latouche, le directeur de la Banque de France en Occitanie.

L'industrie d'Occitanie à la peine...

Si l'activité de la filière du BTP en Occitanie suit la tendance de celle au niveau national, pour retrouver un taux d'activité normal estimé à 96% en juillet, en revanche le constat est loin d'être celui-ci en ce qui concerne les services et l'industrie.

Après un démarrage plus fort en Occitanie que dans le reste de la France pour cette dernière, les courbes sont en train de s'inverser. Ainsi, en juin, si l'industrie nationale a atteint un niveau d'activité à 83%, alors qu'il ne l'était que de 80% pour Toulouse et sa région. Et l'écart se creuserait en juillet, toujours selon les prévisions de la Banque de France qui a interrogé 800 chefs d'entreprise pour dresser ce bilan. Selon elle, l'activité industrielle régionale va se stabiliser en juillet, alors que simultanément le tissu industriel national va poursuivre sa lente reprise et atteindre les 85% d'activité.

"Nous n'allons pas nous le cacher, ce qui pénalise l'Occitanie c'est bien l'industrie des transports et particulièrement celle dédiée à l'aéronautique", ajoute Stéphane Latouche.

Lire aussi : Le Covid-19 va-t-il faire payer à Toulouse sa dépendance à la filière aéronautique ? Enquête.

Si la région est plus productive sur l'agroalimentaire ou l'électronique, elle est en effet à la traîne sur dans ce secteur de l'industrie des mobilités avec un taux d'activité à 61% de la normale sur le mois de juin 2020, contre 67% en France. Cet écart conséquent s'explique par la baisse d'environ 33% des cadences de production de l'avionneur Airbus qui entraîne avec lui toute la sous-traitance, alors que parallèlement les primes à l'achat d'une voiture neuve instaurées par le gouvernement tirent l'industrie automobile vers le haut. Pour preuve, le nombre de ventes de voitures neuves est en augmentation de quasiment 30% en juin de cette année par rapport au même mois de l'année 2019.

... mais les services résistent non sans mal

L'autre jambe de ce colosse aux pieds d'argile qu'est la région Occitanie, n'est autre que le tourisme qui pèse environ 13% du PIB régional et qui lui aussi fait face à une situation compliqué. Selon le comité régional du tourisme (CRT) d'Occitanie, les pertes liées à la Covid-19 pour l'industrie touristique régionale sont évaluées à "environ un milliard d'euros". De plus, 42% des professionnels jugent les niveaux de réservation faible pour le mois de juillet et 35% en août. Ce qui est en accord avec les données de la Banque de France.

Selon l'institution, la région occitane a connu une activité d'hébergement et de restauration jugée à 43% de la normale en juin, contre 46% en France et la différence croît dans les prévisions de juillet (54% vs 59%). Une tendance également observée pour ce qui englobe les services de l'information, la communication et l'informatique, secoués par la crise de l'aéronautique. Ainsi, en Occitanie ceux-là ont eu une charge de travail à 68% d'un niveau "hors crise", contre 89% en France et la différence devrait sensiblement augmenter au cours de juillet. Dans l'ensemble, l'activité des services en Occitanie sera légèrement en retrait, sur le mois en cours, par rapport à la moyenne nationale (81% contre 83%).

"Avant la crise, l'Occitanie faisait partie des régions de France les plus dynamiques sur le plan économique. Mais en raison de ses spécialisations sectorielles autour du tourisme et de l'aéronautique, elle est désormais en queue de peloton malgré le fait que sa filière de l'agroalimentaire ait amorti le choc", résume le patron régional de la Banque de France.

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