RER métropolitain à Toulouse : une première réunion entre attentes et déceptions

Pour la première fois, tous les acteurs concernés par le projet de RER métropolitain à Toulouse étaient réunis sous l'égide du préfet, lundi 13 novembre. Aussi appelé SERM, ce projet qui repose sur une offre ferroviaire amplifiée avance bien trop lentement, selon certains participants à cette réunion. Des zones de flou doivent être clarifiées. Les détails.
Le RER métropolitain, ou SERM, à Toulouse est loin de voir le jour, pour le moment.
Le RER métropolitain, ou SERM, à Toulouse est loin de voir le jour, pour le moment. (Crédits : Reuters)

Comme si Toulouse n'en avait pas assez. Après s'être battue pendant des décennies pour obtenir (très péniblement) sa LGV jusqu'à Bordeaux, la Ville rose semble se lancer dans un nouveau projet ferroviaire épineux et complexe : un RER métropolitain. En fin de journée, lundi 13 novembre, « Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne, a réuni les parlementaires, les élus locaux et les associations concernés par le projet de Service Express Régional Métropolitain Toulousain (SERM) », a souligné la préfecture.

Si le président de la République, Emmanuel Macron, a employé le terme de « RER métropolitain » un an en arrière quand il a évoqué son souhait de voir 10 projets de la sorte aboutir en France, le vrai terme politique et technique est désormais celui de Service Express Régional Métropolitain (SERM). Une dénomination moins naturelle, qui comprend une offre ferroviaire accrue couplée à des services de bus express, du covoiturage et des pistes cyclables, selon la proposition de loi qui doit être votée à l'Assemblée nationale mercredi 15 novembre.

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« Nous sommes heureux qu'il y ait eu tous les partenaires de l'aire urbaine métropolitaine autour de la table pour parler de ce projet de SERM toulousain, qu'on puisse enfin en parler sur un périmètre beaucoup plus large que les majors (SNCF Réseau, Région Occitanie, Toulouse Métropole, Tisséo et Département Haute-Garonne, ndlr) », se félicite Jacques Oberti, le président du Sicoval, l'intercommunalité du sud-est toulousain.

En plus des collectivités, des parlementaires de tous bords politiques étaient présents comme le sénateur Claude Raynal, ou encore les députés Piquemal, Arrighi (EELV-NUPES) et Iborra (Renaissance). Deux associations étaient également présentes, dont Rallumons l'Étoile qui porte publiquement ce projet de RER métropolitain à Toulouse.

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« Nous attendions beaucoup de ce rendez-vous avec le préfet. Nous espérions le lancement d'un vrai processus de travail dédié à ce projet de RER. Finalement, il n'y a pas grand chose à retenir de cette réunion, qui ressemblait plutôt à un point général sur la situation », regrette Benoît Lanusse, le président de Rallumons l'Étoile.

Des études au coeur des échanges

Mais fallait-il attendre quelque chose de cette réunion de deux heures, qui a réuni près d'une cinquantaine de personnes ?

« Cette réunion d'information, non décisionnelle, rassemblait au-delà des partenaires publics décideurs, tous les acteurs du territoire intéressé par le projet, afin d'expliciter le périmètre, les enjeux de mobilités et techniques du projet, d'en partager les ambitions et de présenter les contraintes techniques et les facteurs de réussite », souligne la préfecture.

Pour le moment, les acteurs concernés sont en attente des conclusions des études de faisabilité technique et financière menées par SNCF Réseau, sur commande du conseil régional d'Occitanie, pour une dizaine de millions d'euros. Trois scénarios sont étudiés par la filiale du groupe français : un RER métropolitain à l'échelle de la petite couronne, un RER sur la grande couronne, ou un juste-milieu entre les deux. Quel que soit le scénario retenu, il est question de dizaines de millions d'euros annuels en coûts de fonctionnement et un investissement initial de 1,3 à près de trois milliards d'euros selon le maillage envisagé. « Nous présenterons les conclusions de cette étude aux collectivités au plus tard mi-2024 », a notamment fait savoir Catherine Trevet, la directrice territoriale Occitanie pour SNCF Réseau, à l'occasion d'un colloque organisé par l'Observatoire des Transports le 10 novembre à Montauban (Tarn-et-Garonne). Sauf surprise, aucune décision fondatrice d'un tel projet ne devrait être prise avant cette échéance.

« Il faut mettre en oeuvre des optimisations possibles et significatives le plus tôt possible. Nous avons des choses à réaliser d'ici 2026 comme une meilleure desserte en bus de certaines gares, un meilleur cadencement sur certaines lignes ferroviaires et davantage de stations de covoiturage à proximité des gares », expose Jacques Oberti qui perd patience. « On continue à faire des études pour ne pas décider », va jusqu'à dire Benoît Lanusse. Dans les faits, SNCF Réseau vient tout de même de lancer l'enquête publique environnementale pour les aménagements ferroviaires du nord-toulousain. Cela devrait permettre le lancement des travaux en mars 2024, avec ainsi un doublement des voies vers Castelnau d'Estretefond et Montauban d'ici 2031, le trafic étant aujourd'hui saturé sur cette diagonale au départ de Toulouse.

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« Le SERM est une nécessité et une formidable opportunité pour Toulouse (...) Mais c'est déjà une réalité. La ligne ferroviaire entre Saint-Cyprien-Arènes à Toulouse et Colomiers, appelée la ligne C, a un cadencement important similaire à un RER métropolitain. Des études sont en cours pour le prolonger jusqu'à la gare de Brax-Léguevin », a aussi tenu à faire remarquer la dirigeante de SNCF Réseau à l'assemblée, elle aussi présente à la réunion de lundi.

Les entreprises, la solution pour financer ?

Malgré ces déclarations, certains participants regrettent que des sujets de fonds n'aient pas été abordés, ou de manière très artificielle pendant ces 120 minutes d'échanges. « Il y a plusieurs non-dits comme l'urgence d'agir face à la congestion routière et la question du financement », peste le président de Rallumons l'Étoile. Certaines collectivités ont souligné l'effort de l'État pour les 765 millions d'euros de subventions apportés au total pour tous les projets en France, tout en appelant à un vrai soutien significatif au regard des sommes évoquées par projet.

« Il faut aller chercher de l'argent (...) Nous portons beaucoup le déplafonnement du versement mobilité payé par les entreprises (jusqu'à 2% de leur masse salariale, ndlr), ainsi que l'instauration d'un versement mobilité pour les territoires qui n'en bénéficient pas encore aujourd'hui. En l'échange de cette nouvelle offre de transport pour leurs collaborateurs, les acteurs économiques doivent y contribuer », estime Jacques Oberti, à la tête du Sicoval.

Toulouse Métropole, déjà fortement mobilisée financièrement entre le projet de LGV entre Toulouse et Bordeaux, ainsi que sa troisième ligne de métro, compte bien sur le tissu économique pour financer en partie ce RER métropolitain à Toulouse. Un point inconcevable pour Pierre-Olivier Nau, le président du Medef Haute-Garonne, qui porte au niveau national ce sujet pour l'organisation patronale.

« Nous devons avancer sur la question des transports et améliorer le quotidien des Haut-Garonnaises et des Haut-Garonnais. Le SERM constitue en ce sens une vraie opportunité que nous devons saisir. La Haute-Garonne est prête à participer à ce projet majeur pour les mobilités », a répété une énième fois Sébastien Vincini, le président du département, qui veut faire du SERM "son" projet pour les mobilités.

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Une nouvelle réunion avec un format similaire pourrait être convoquée par le préfet prochainement, selon les dispositions inscrites dans la loi sur les SERM attendue au Palais Bourbon demain. Malgré cette perspective, « il faut un pilote pour le projet à l'image de ce que nous avons fait pour GPSO », clame Jacques Oberti. « Sans maître à bord, nous perdons du temps », conclut Benoît Lanusse.

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