Des centaines de commerces "à vendre" dans le centre-ville de Toulouse

Alors que les difficultés économiques des commerces toulousains ne cessent de s'aggraver en raison du mouvement des Gilets jaunes, certains se sont regroupés dans un nouveau collectif et font déjà parler d'eux. Près de 700 commerçants locaux ont accroché sur leur devanture une pancarte avec l'inscription "À vendre" pour être entendu par l'État sur leurs difficultés. La Ville de Toulouse va mettre en œuvre un "plan Marshall" pour tenter de les aider.
Depuis mercredi 16 janvier, des commerces de Toulouse sont en vente.
Depuis mercredi 16 janvier, des commerces de Toulouse sont "en vente". (Crédits : Pierrick Merlet)

Le centre-ville toulousain est mis sur le marché ! Dès le petit matin, mercredi 16 janvier, les Toulousains ont pu constater l'apparition d'une pancarte rouge et blanche sur plusieurs centaines de devantures de commerces du centre-ville. Sur celle-ci y est inscrit "À vendre", accompagné d'un numéro de téléphone qui n'est autre que celui de la... préfecture de Toulouse, afin d'interpeller les pouvoirs publics sur leur situation financière.

Lire aussi : Gilets jaunes : les commerces de Toulouse en pleine hémorragie

À la manoeuvre derrière cette initiative ? Le "collectif des commerçants en colère 31", un groupe d'environ 700 commerçants et artisans de Toulouse qui vient de se créer pour porter la voix de ces acteurs gravement touchés par les manifestations chaque samedi des Gilets jaunes dans la Ville rose depuis le 17 novembre.

Depuis cette date, tous sont inquiets pour l'avenir de leur activité et les soldes d'hiver ne permettront pas de rattraper suffisamment le chiffre d'affaires perdu durant la période de fête qui vient de s'achever. Dans une lettre, un représentant des commerçants du centre-ville historique de Toulouse évoque même des dépôts de bilan déjà actés pour l'année 2019 par certains de ses homologues.

22 % des commerçants ont perdu 50 % de leur chiffre d'affaires

Pour preuve, la chambre de commerce et d'industrie Toulouse Haute-Garonne (CCI 31) a mené une enquête entre le 11 et 21 décembre auprès des acteurs économiques locaux sur l'impact du mouvement des Gilets jaunes sur leur activité. Et le résultat est sans appel.

Sur 247 répondants, ils sont 97 % à constater "une baisse de fréquentation de leur clientèle". Pire encore, 22 % des sondés évoquent une perte de chiffre d'affaires de plus de 50 %, et encore 25 % d'entre-eux jugent avoir perdu "de 40 à 50 %".

"D'après les statisticiens, le nombre de participants à cette enquête en fait un échantillon représentatif. Mais ce qu'on voyait comme un phénomène uniquement de centre-ville va se propager. À votre avis, comment les produits arrivent en magasin et comment sont-ils conçus ? Tout cela est fait par des entreprises en retrait du centre-ville et donc elles aussi vont ressentir les conséquences de ce mouvement social. Il va y a avoir un effet domino", prévient Philippe Robardey, le président de la CCI 31.

Par conséquent, l'organisation a prévu de mener une nouvelle enquête prochainement afin de mettre à jour ses statistiques. Par ailleurs, Philippe Robardey œuvre dans les coulisses pour provoquer une réunion entre les représentants des commerçants et le préfet Étienne Guyot pour lui faire part de leurs difficultés économiques. Ils réclament notamment une exonération d'un certain nombre de charges fiscales et sociales et non pas un étalement comme cela a été annoncé par le préfet lui-même le 10 décembre.

"Les commerçants ont déjà été reçus personnellement par le préfet. Les relations sont constantes. Une cellule de suivi existe à Toulouse en collaboration avec la CCI, la CMA et les services de l'Etat. Les demandes du niveau central sont acheminées au niveau central à Paris", fait-on savoir du côté de la préfecture de Toulouse.

Un "plan Marshall" pour le commerce toulousain

Par la suite, la ville de Toulouse a rendu les parkings sous-terrain du centre-ville gratuits pendant trois heures au mois de décembre chaque samedi pour faire revenir la clientèle, la chambre de métiers et de l'artisanat ainsi que la CCI de Toulouse ont mis en place des fonds de solidarité pour les commerçants. Mais tout cela ne suffit pas pour colmater les brèches dans les comptes... Le maire de Toulouse a donc tenu une réunion samedi 12 janvier réunissant divers élus locaux, associations de commerçants et corps intermédiaires. Celle-ci a débouché sur l'élaboration d'un "Plan Marshall" en faveur des commerces de la ville.

"Un plan qui se chiffrera à plusieurs centaines de milliers d'euros sera proposé lors d'un conseil municipal exceptionnel qui aura à se prononcer sur plusieurs mesures telles que l'exonération des droits de terrasse pour les mois de décembre et janvier pour les commerçants des zones dans lesquelles ont eu lieu les manifestations et dans lesquelles des dégradations ont été commises, ainsi que d'une exonération sur la même période des droits de place pour les commerçants des marchés de plein vent qui n'ont pas pu se tenir les jours de manifestation. Sera étudiée l'éventualité d'étendre ce soutien à la taxe locale sur les enseignes et publicités extérieures (TLPE)", est notamment précisé dans un communiqué commun à tous les participants diffusé après la réunion.

En attendant, la mobilisation se poursuit. "L'acte X prévu samedi 19 janvier et qui correspond au deuxième week-end des soldes s'annonce catastrophique pour les commerces encore une fois", craint Philippe Robardey.

Lire aussi : Gilets jaunes : les commerces de Toulouse en pleine hémorragie

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Commentaires 2
à écrit le 17/01/2019 à 8:31
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Qui mettra fin à ces émeutiers irresponsables du samedi qui provoquent la paupérisation des centres villes.

à écrit le 17/01/2019 à 2:18
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Les temps de parking devraient etre gratuits pour les clients dans une limite de duree de deux heures, comme dans de nombreux pays ou travailler reste une notion de liberte. Ce n'est pas avec trois heures libres que ces derniers reviendront faire le...

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