À mi-mandat, Georges Méric estime avoir "largement modernisé le Département"

Élu à la tête du Département le 2 avril 2015, Georges Méric alors inconnu de la plupart des Hauts-garonnais, a depuis tracé sa ligne politique et pris des positions fermes sur plusieurs dossiers économiques locaux comme l'aéroport de Toulouse-Blagnac ou encore les Portes du Tarn. À la mi-mandat du successeur de Pierre Izard, La Tribune est allée à la rencontre du président socialiste pour faire le bilan de ses premières années passées à la tête d'une institution qu'il dit avoir transformé. Entretien.
Il reste encore un peu moins de trois années de mandat à Georges Méric pour convaincre de l'utilité de son action.
Il reste encore un peu moins de trois années de mandat à Georges Méric pour convaincre de l'utilité de son action. (Crédits : Rémi Benoit)

L'équité territoriale sur le plan économique est l'une des priorités de votre mandat. Pour quelle(s) raison(s) ?

La Haute-Garonne est un territoire divers et varié avec des bassins de vie de haute-montagne, un monde rural, un monde périurbain et une métropole. Il faut parvenir à les faire vivre tous ensemble. Il faut donc essayer de déterminer par bassin de vie un destin concerté et faire en sorte que les communautés de communes, les communautés d'agglomération ou la Métropole réussissent avec l'appui du Département. Notre stratégie, c'est donc la solidarité et l'équité territoriale. Pour cela, nous avons inventé les contrats de territoire pour l'ensemble des communautés de communes, communautés d'agglomérations et la Métropole. Ce dispositif permet de dégager un ou plusieurs projets d'avenir sur quatre ans que nous cofinancerons. Ensuite, on signe un contrat. Il n'y a pas une commune en Haute-Garonne qui n'a pas signé un contrat avec le Département. Nous avons un contrat avec les 14 communautés de communes, les deux communautés d'agglomération et Toulouse Métropole.

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Vous avez annoncé une nouvelle version de ces contrats de territoire dès cette année. Qu'est-ce qui bloquait avec la première version ?

Nous avons en effet constaté deux choses. D'abord une complexité pour monter un dossier mais aussi un temps de réponse trop long de la part de nos services. Nous avons donc simplifié l'élaboration des dossiers et nous garantissons désormais une réponse dans les trois mois pour les dossiers complets. par ailleurs cette initiative a été complétée par la création de la carte blanche. Cette nouvelle aide sera réservée à un maire ou à un président d'inter-communalité qui a une volonté publique ou qui attire un acteur privé apportant une innovation sur le territoire avec des créations d'emplois. On étudie alors le projet et le Département signe un contrat particulier pour apporter des subventions, un appui d'ingénierie, un parrainage ou bien un suivi.

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De quelle manière peut-on rendre attrayant d'un point de vue économique l'ensemble des territoires autour de Toulouse Métropole ?

Pour cela, on crée une stratégie territoriale économique grâce à la SPL Haute-Garonne Développement (société publique locale, ndlr), active depuis le mois de janvier. Elle permet de réaliser des études spécifiques afin de créer des zones d'activités en partenariat avec les communautés de communes et de donner un vrai choix à un chef d'entreprise qui souhaite s'installer. Parallèlement, nous avons des discussions qui débutent avec Toulouse Métropole et qui portent sur quatre chapitres signées le 10 avril dont celui de développer des actions complémentaires pour favoriser l'attractivité du territoire, c'est-à-dire avoir une économie partagée. Par exemple, Toulouse Métropole pourrait avoir l'économie de pointe, l'économie de recherche. Mais la sous-traitance, l'économie de niche et les grosses entreprises qui ont besoin d'espace pourraient s'installer dans le périurbain et le rural. J'entends coopérer avec Toulouse Métropole dans ce sens, faciliter les installations ailleurs qu'à Toulouse mais en complémentarité pas en concurrence.

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Comment le Département compte s'engager dans le projet des Portes du Tarn qui entre dans le cadre de cette logique de décentralisation des forces économiques ? Vous avez rédigé une lettre d'engagement en septembre dernier à hauteur de 7 millions d'euros mais le projet patine.

Nous avons participé à une réunion jeudi 26 avril, à Albi, à la préfecture du Tarn, pour régler le problème. Cela fait deux ans que l'on traîne à cause de l'interprétation de la loi Notre qui a retiré la compétence économique aux Départements. La réunion qui s'est déroulée ce jour-là a permis d'acter le principe d'un syndicat mixte ouvert, à la carte afin que le Département puisse s'engager dans le projet. Maintenant, les collectivités vont travailler ensemble pour définir les statuts de ce syndicat mixte ouvert.

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À propos de l'aéroport Toulouse-Blagnac, le groupe BPCE, à travers la Banque Populaire Occitane et la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées, se porte candidat pour reprendre les 49,99% du capital détenus par les actionnaires chinois de Casil Europe. Le Département soutient-il cette candidature ?

Nous sommes contre la privatisation, depuis toujours, quel que soit celui qui la propose. L'aéroport est un bien public, aussi bien dans la tête des Toulousains que des Haut-Garonnais. D'autre part, il y a un problème de principe, est-ce que l'aéroport doit générer des dividendes à un acteur privé ou doit gérer le véritable avenir d'un territoire ? Quand les Chinois sont arrivés, ils ont voulu vider la caisse, une caisse qui a été créée par d'autres.

Actuellement, Casil Europe détient 49,99 %, c'est bien trop et nous (les élus locaux, ndlr) ne voulons pas que les 10,01 % restants de l'État leur soient vendus. Donc je remercie le gouvernement d'avoir fait le choix de ne pas activer l'option de vente à Casil Europe. C'est un premier pas. Mais dans la vie, rien n'est définitif, tout est rapport de force. Aujourd'hui 50,01% du capital de l'aéroport est public et local et c'est ce que nous voulons garder. Le Département fera des propositions concrètes en ce sens. Notre position n'a pas varié : nous souhaitons racheter les parts de l'État avec Toulouse Métropole, la Région et la CCI de Toulouse. Il existe aussi une autre option à ne pas négliger, celle de l'actionnariat citoyen.

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Durant sa campagne pour l'élection présidentielle, Emmanuel Macron n'a jamais caché son intention de supprimer les départements calqués sur des grandes métropoles dans le but de faire des économies. Que lui répondez-vous ?

Il le dit beaucoup moins, vous avez remarqué ? François Hollande avait lui aussi par le passé annoncé la disparition des Départements un jeudi matin à la radio sur France Inter mais cela ne s'est pas fait. Le Département est indispensable. La foutaise du millefeuille territorial qu'il faut effeuiller cela ne marche pas dans la réalité. Le Département est la seule institution territoriale de proximité qui a les moyens d'une politique et qui peut faire et façonner la solidarité territoriale. Penser la France avec une dizaine de métropoles et un désert autour est un non-sens. Par contre, nous pouvons être un excellent partenaire pour Toulouse Métropole et c'est même une chance de travailler ensemble à condition de partager les ressources. Toulouse Métropole doit vivre avec la périphérie et nous sommes là pour faire le trait d'union.

Quel regard vous portez sur ces trois premières années de votre mandat ?

Pour résumer : beaucoup de travail, un travail commando mais aussi l'organisation d'une équipe performante, un management participatif qui apporte beaucoup, et des services départementaux de qualité. Je suis satisfait de ces trois années car j'ai transformé le Département, et pas qu'en terme d'image, je l'ai transformé en profondeur dans la façon de travailler. J'ai largement modernisé le Département et je l'ai ouvert sur la vie et la création.

Lors de votre élection vous avez dit que vous ne feriez qu'un seul mandat. À la moitié du premier, cette promesse tient-elle toujours ?

Je réfléchis. Comme on dit chez nous l'envie vient en mangeant. Mais je ne suis pas acharné. Il y a des dossiers qui sont en cours, qui ne seront pas achevés à la fin de mon mandat et que j'aimerais terminer, comme la mixité sociale dans les collèges, la SPL, le numérique et la mobilité. Donc on verra, rendez-vous à la fin de cette mandature...

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