Autoroute A69 : après le débat des chiffres, une réunion pour tenter d'amorcer l'apaisement

À la veille d'une réunion, peut-être décisive, concernant l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres, l'entrevue entre Carole Delga et des scientifiques opposés au projet n'a rien donné. Le ministère des Transports souhaite désormais faire un état des lieux après un débat d'opinion par médias interposés et à coup de chiffres toujours plus importants que les autres. Les détails.
En avril dernier, les opposants à l'autoroute A69 avaient construit un mur sur le futur tracé.
En avril dernier, les opposants à l'autoroute A69 avaient construit un mur sur le futur tracé. (Crédits : Rémi Benoit)

La rencontre n'a rien donné. Comme révélé par La Tribune mercredi 11 octobre, Carole Delga a rencontré ce même jour, à sa demande, des scientifiques opposés au projet d'autoroute A69 pour tenter de désamorcer cet épineux débat non sans conséquence dans son entourage politique.

Lire aussiAutoroute A69 Toulouse - Castres : la majorité de Carole Delga s'effrite-t-elle ?

Présent autour de la table, Christophe Cassou a fait un bilan de sa rencontre avec la présidente socialiste de la Région Occitanie, sur le réseau social X (ex Twitter). « Au terme de cet entretien, les membres du collectif ne peuvent que constater l'échec des discussions. Ils regrettent que les risques sociaux et environnementaux (...) soient minorés ou non pris en compte », écrit notamment le membre du GIEC sur sa publication.

Ce à quoi a rapidement réagi Carole Delga, au travers d'un communiqué. « Le bassin de Castres-Mazamet, du fait de son enclavement faute de liaison 2X2 voies, reste fortement pénalisé et en déclin. Les indicateurs démographiques, sociaux et économiques le démontrent. Existe-t-il d'autres alternatives pour répondre aux besoins de mobilité des 143 000 habitants du sud du Tarn ? La réponse est NON. Elles ont été étudiées (...) C'est pourquoi l'A69 est nécessaire », a insisté l'élue régionale.

Deux réunions en une après-midi

Mercredi soir, sa présence à la réunion de vendredi 13 octobre, exigée par le ministère des Transports pour « faire un point sur la situation », n'était pas encore tranchée. Cette réunion, sous l'égide des préfets du Tarn et de l'Occitanie qui doit réunir élus locaux et associations, doit se dérouler à la sous-préfecture de Castres (Tarn). Certaines associations hésitent à participer à cette réunion prévue dans l'après-midi.

Selon la préfecture d'Occitanie, une première réunion à 14h30 réunira les élus concernés par le tracé : les maires, les présidents d'intercommunalités, les présidents du Tarn et de la Haute-Garonne, la présidente de la région Occitanie et les parlementaires. À 16 heures, ce sera au tour des associations qui ont été parties dans les contentieux devant le tribunal administratif. À l'issue de ces deux temps d'échanges, les deux préfets doivent prendre la parole devant les médias.

Lire aussiAutoroute A69 Toulouse - Castres : un premier recul du gouvernement ?

Une bataille de chiffres

Cette réunion autour de l'autoroute A69 est le résultat d'une escale... de chiffres. Depuis plusieurs mois, le projet d'autoroute A69, entre Toulouse et Castres, oppose deux camps : les pro-autoroute et ceux opposés à ce chantier, comme souvent dans ce genre de situation. Après un combat juridique, cette bataille autour de l'infrastructure s'est transformée en une guerre des chiffres. Fin septembre, 200 scientifiques toulousains et régionaux ont publié une lettre ouverte dénonçant les effets néfastes potentiels sur l'environnement de cette infrastructure.

Lire aussiAutoroute A69 Toulouse-Castres : 200 scientifiques se mobilisent contre le projet

« Il y apparaît très clairement que le lien entre infrastructure autoroutière et développement n'est pas automatique, et peut même être négatif : les infrastructures autoroutières, en exacerbant la compétition entre territoires, ont surtout pour effet d'amplifier les dynamiques existantes, ces dernières dépendant plus des projets de territoire que des infrastructures elles-mêmes. Dans le cas plus précis de l'autoroute Toulouse-Castres, les analyses indiquent qu'il n'y a aucun enclavement de la région Castres-Mazamet, mais que le projet d'autoroute A69 est avant tout un soutien au développement économique de la métropole toulousaine », avaient notamment écrit les scientifiques du collectif.

Ce n'est que quelques jours plus tard que ce premier panel a été rejoint par un collectif de 1.500 scientifiques français, aussi défavorables à cette autoroute, dans une lettre ouverte publiée par le magazine L'Obs début octobre.

Les pro-autoroutes ont alors répondu à coup de tribunes et de lettres ouvertes par médias interposés, avec en tête de gondole Alain Grizaud, le nouveau président de la fédération nationale des travaux publics (FNTP). « Ce n'est pas celui qui crie le plus fort qui a raison ! », a notamment écrit le dirigeant. Dans son sillage, la CCI du Tarn a regroupé 550 entreprises du Tarn autour d'un texte favorable à l'A69. Mais la méthode pour récolter des signatures fait beaucoup débat et certains ne cachent pas vouloir s'en désolidariser désormais. Plus fraîchement, ce sont 900 élus du Tarn qui se sont dits favorables au projet. Là encore, le décompte ne fait pas l'unanimité.

La prochaine bataille des chiffres aura lieu samedi 21 octobre. C'est à cette date que les associations opposées au projet ont donné rendez-vous pour une « mobilisation citoyenne » sur le futur tracé.

Lire aussiAutoroute Toulouse-Castres : plongée au coeur « d'une mobilisation historique », avec l'espoir de stopper le projet

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 13/10/2023 à 16:29
Signaler
oui pour un aménagement en 2x2 voies gratuite, non à l'autoroute payante !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.