Autoroute Toulouse - Castres : recours en justice rejeté, demande de référendum, grève de la soif débutée... L'A69 déchaîne les passions

La future autoroute A69 entre Toulouse et Castres est au coeur du débat public ces dernières semaines. Mais depuis quelques jours, un cap semble avoir été dépassé. Certains opposants se lancent dans une grève de la soif, tandis que le gouvernement et la région Occitanie veulent maintenir le dialogue avec eux au travers d'ateliers autour de l'impact environnemental de ce projet. Les associations contre l'infrastructure demandent une étude indépendante et un référendum, avant une grande manifestation le 21 octobre prochain. Les détails.
L'autoroute A69 Toulouse-Castres fait l'objet d'une opposition de plus en plus forte.
L'autoroute A69 Toulouse-Castres fait l'objet d'une opposition de plus en plus forte. (Crédits : Rémi Benoit)

Le débat public n'a jamais semblé aussi agité autour de ce projet, et pourtant les travaux ont déjà débuté. Le projet d'autoroute entre Toulouse et Castres, dénommé A69, mobilise plus que jamais deux camps que tout oppose : les pro-autoroute et les anti-autoroute. « À celles et ceux qui croient nécessaire d'entamer une phase de négociation, je dis que c'est peine perdue. Nous avons face à nous deux positions irréconciliables », a même réagi durant le week-end Alain Grizaud, le nouveau président de la Fédération nationale des travaux publics, sur le réseau social Linkedin.

Le dirigeant a pris la parole quelques heures après que le tribunal administratif de Toulouse ait décidé, vendredi 6 octobre au soir, de rejeter un nouveau recours en urgence des opposants à l'autoroute A69. Ces derniers s'appuient sur un abattage des arbres jugé illégal selon eux pour mener leurs démarches..

« Les associations et syndicats, à l'origine de cette requête, notamment le groupe national de surveillance des arbres (GNSA), contestaient la légalité des coupes d'arbres d'alignement, actuellement réalisées sur le chantier de l'A69. La juridiction administrative a jugé que ces travaux de déboisement sont bien couverts par l'autorisation délivrée par l'État, dans le respect de la réglementation applicable », a rappelé la préfecture du Tarn, dans un communiqué publié dans la foulée.

C'est la quatrième fois en quelques mois que la justice (tribunal administratif, cour d'appel et conseil d'État) valide la poursuite des travaux, notamment en confortant l'autorisation environnementale, le principal point d'attaque des opposants au projet.

« Cette décision ne fait que confirmer une nouvelle fois la parfaite légalité de la nouvelle autoroute entre Castres et Toulouse. Elle permet à Atosca de poursuivre les opérations conformément au calendrier des travaux de construction de l'A69 et de confirmer l'objectif d'une mise en service en 2025 », ajoute Atosca, la société concessionnaire chargée de mener à bien les travaux.

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« Éviter tout drame »

Cette entité regroupe NGE, le groupe chargé de sa construction et détenteur de 25% du capital, ainsi que Ascendi, le futur gestionnaire portugais de l'infrastructure avec la technologie de flux libre (15%). Deux fonds d'investissements sont aussi présents, à savoir Quaero Capital (30%) et TIIC (30%). Par ailleurs, ce consortium bénéficie du soutien de certaines collectivités locales comme l'agglomération Castres-Mazamet (1,5 million d'euros), le conseil régional d'Occitanie (sept millions d'euros) ou encore le département du Tarn (3,1 millions). Au total, 450 millions d'euros hors taxes vont être investis pour voir aboutir cette autoroute A69, entre Toulouse et Castres, d'une longueur de 53 kilomètres.

« Nous appelons à un moratoire immédiat sur ce projet, qui va faire gagner seulement 15 minutes de temps et faire perdre 17 euros. C'est une aberration sociale et environnementale. On continue à développer des projets autoroutiers au lieu d'investir dans les infrastructures ferroviaires. Nous appelons à un moratoire pour se donner le temps d'examiner les alternatives », a réagi Sophie Binnet, la secrétaire générale de la CGT, lors d'une intervention sur France Inter dimanche 8 octobre.

Certains opposants en grève de la faim depuis une trentaine de jours ont annoncé leur intention d'entamer une grève de la soif dès ce lundi 9 octobre, face à ce nouveau revers juridique contre l'A69 entre Toulouse et Castres. L'opposant Thomas Brail fait partie de ceux qui vont franchir cette étape dans leur mobilisation.

« Le gouvernement, la région Occitanie et le département du Tarn, rappellent que les travaux sont très avancés et se poursuivent. Ce projet a été décidé démocratiquement et systématiquement confirmé par le juge. Les responsables politiques ne peuvent remettre en cause ces principes fondamentaux (...) Le gouvernement, la région Occitanie et le département du Tarn appellent à éviter tout drame », a réagi le trio dans un communiqué publié en début d'après-midi lundi 9 octobre.

Selon ces trois acteurs, une nouvelle réunion, « avec la mise en place de groupes de travail sur les aspects environnementaux et les mobilités décarbonées », a été proposée. Dans un premier temps, le ministre des Transports attend les opposants de l'autoroute A69 à son ministère jeudi, comme d'autres associations, afin de poursuivre la revue des projets autoroutiers en France.

« Ce sont 87 M€ qu'il est prévu d'investir pour éviter, réduire et compenser les impacts environnementaux (préservation de la faune, construction d'ouvrages hydrauliques, création de nouvelles zones humides et viaducs pour éviter l'imperméabilisation des zones les plus sensibles notamment). Le projet prévoit cinq fois plus d'arbres replantés que d'arbres coupés », rappellent le gouvernement, le département du Tarn et le conseil régional d'Occitanie.

Un référendum demandé

Pas satisfaits des engagements pris par les collectivités favorables au projet et le concessionnaire Atosca, les opposants prévoient une grande manifestation sur le tracé les 21 et 22 octobre prochains, à l'image de l'action organisée courant avril sur la commune de Saix (Tarn).

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Les collectifs à la tête de la contestation, La Voie est Libre et le Groupe National de Surveillance des Arbres, demandent une suspension immédiate des travaux de l'A69, qui doit entrer en service en 2025, « le temps du dialogue ». Le duo demande la réalisation d'une « expertise indépendante sur les données socio-économiques » du projet. Autre point, ils demandent la mise en place d'un référendum « permettant à la population concernée de s'exprimer sur ce projet ».

À contrario, les acteurs favorables au projet, hors acteurs publics et financiers associés, commencent aussi à se mobiliser. Durant le week-end, 550 entreprises du département ont officialisé leur soutien à ce projet. La CCI du Tarn a publié les signataires. « Cette liste ne représente qu'une minorité d'entreprises du département. Beaucoup sont opposés mais ne le disent pas par crainte que cela porte préjudice à leur business à terme », commente un chef d'entreprise local. Nul doute, la guerre de l'image et de l'opinion autour de cette autoroute A69 entre Toulouse et Castres prend une nouvelle ampleur jour après jour.

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Commentaires 5
à écrit le 10/10/2023 à 13:45
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Il y a du troll aujourd'hui sur cet article. Couper des arbres n'est jamais une bonne chose! Mais ce que révèle cette opposition c'est que plus personne ne respecte l'intérêt général et que nos politiques ont de plus en plus de mal à dialoguer av...

à écrit le 10/10/2023 à 11:20
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Toujours plus de bitume toujours moins de surface agricole toujours plus d inondations ...on marche sur la tête, cela pour enrichir se grands groupes pour la construction et la gestion de cette autoroute.

à écrit le 10/10/2023 à 8:30
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Je les comprends parfaitement et suis solidaire avec eux, parce qu'en plus leurs autoroutes au début sont silencieuses puis au bout de plusieurs années, tout ces camions de 44 tonnes tassent et usent les infrastructure en décuplant le bruit qui devie...

à écrit le 09/10/2023 à 17:19
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Le problème est que la nature n‘a aucun droit. Construire une autoroute parallèle à la nationale pour gagner 15 minutes!! Une aberration sans nom, raser les arbres centenaires de nuit ( méthode de brigants), donner la route ensuite à une entreprise p...

le 10/10/2023 à 9:35
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Vous aurez noté que cette autoroute symbolise le combat maintenant permanent que nous avons en France et en Europe entre une minorité de conservateurs décroissants très bruyants et une majorité silencieuse qui soutient le développement d’infrastructu...

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