La Métropole de Toulouse dévoile son plan pour (mieux) réduire ses émissions carbone

Face au retard accumulé sur la réduction des émissions carbone du territoire, Toulouse Métropole dévoile un plan de 80 mesures, dont 60 nouvelles pour atteindre ses objectifs. Seulement, ce ne sera pas suffisant, ce qui oblige les élus locaux à appeler à la mobilisation particuliers et entreprises dans cette mission. Par exemple, un fonds de compensation carbone va voir le jour pour permettre aux entreprises de compenser localement leurs émissions carbone en finançant des projets.
La métropole de Toulouse sera dotée de 600 points de charge électrique d'ici fin 2023.
La métropole de Toulouse sera dotée de 600 points de charge électrique d'ici fin 2023. (Crédits : Kasto /Fotolia)

"Nous devons accélérer sur nos ambitions environnementales". Jean-Luc Moudenc l'avait annoncé en janvier, lors d'un événement public, à l'occasion d'un bilan de mi-parcours du Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) de la Métropole de Toulouse. La conclusion du maire de Toulouse et président de la Métropole ne pouvait être différente face aux chiffres communiqués.

Sur les cinq indicateurs de ce document, deux posaient alors problème dans cette évaluation. Tout d'abord, la réduction des émissions carbone avait été fixée à -40% par rapport à son niveau de 2008. Sans nouvelle mesure, le point de chute était estimée à -9% seulement. Même constat sur l'indicateur de la consommation énergétique, pour lequel l'objectif était de -30% en 2030 en comparaison à son niveau de 2014. La tendance était -4% à échéance 2030. À contrario, l'indicateur sur la production d'énergies renouvelables sur le territoire était dans le vert pour Toulouse Métropole grâce à de multiples projets.

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"La difficulté pour nous c'est l'évolution de la population. Nous sommes une agglomération qui attire et ces objectifs doivent se faire à l'échelle du territoire et sans prendre en compte l'évolution démographique. Ramenés à l'habitat, les chiffres sont bien meilleurs. Nous sommes à -28% d'émissions carbone par habitant contre un objectif de -53% en 2030", confie Jean-Luc Moudenc.

Face à ces chiffres, l'élu a présenté, lundi 17 octobre, à une petite poignée de journalistes une délibération qui sera votée au prochain conseil métropolitain, jeudi 20 octobre. Celle-ci sera composée de 61 mesures nouvelles et 23 actions amplifiées déjà existantes.

Le maire de Toulouse appelle à la mobilisation des entreprises

Parmi elles, il est intéressant de souligner la mise en place d'un "conseil scientifique de la nature en ville", pour "une intégration amplifiée des enjeux de biodiversité dans les politiques publiques". Sur ce sujet, le maire de Toulouse ferme la porte à une végétalisation pérenne de la place du Capitole, notamment pour des raisons techniques, au profit d'une solution provisoire pour rafraîchir le lieu entre juin et août. Par ailleurs, la collectivité va lancer une étude pour évaluer l'impact de son budget sur le climat.

Pour ce qui est des mesures structurelles, les services de Toulouse Métropole ont lancé un travail de cartographie pour évaluer le potentiel de désimperméabilisation sur le territoire, c'est-à-dire retirer le goudron quand cela est possible pour une meilleure récupération des eaux de pluie, donc nourrir les nappes phréatiques et réduire inévitablement la température des sols. Cette méthode a déjà été mise en oeuvre sur le site de l'ancien parc des expositions de Toulouse, sur l'île du Ramier. Un travail de cartographie similaire est actuellement mené pour accueillir des ombrières photovoltaïques sur les bâtiments publics. L'éclairage public de la Ville de Toulouse devrait être 100% LED d'ici la fin du mandat actuel, contre les deux tiers aujourd'hui.

Côté transport, Toulouse Métropole va lancer une étude sur le déploiement de stations d'avitaillement en carburants propres. Ce dispositif existe déjà dans le département du Tarn. La collectivité promet également 600 points de charge pour la mobilité électrique, d'ici fin 2023 sur le territoire métropolitain, contre une centaine actuellement. Dans cette logique, les services travaillent sur l'élaboration d'un plan de déplacement marchandises métropolitain pour favoriser une livraison du dernier kilomètre avec des véhicules propres. Parallèlement, le fret fluvial va être développé sur la métropole.

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Enfin, Toulouse Métropole entend se doter d'un plan hydrogène pour développer l'usage de cette énergie sur le territoire. Elle compte également mettre sur la table un fonds de dotation de 10 millions d'euros pour accompagner les communes dans des projets réalisés en faveur de la réduction des émissions de GES. Des arbitrages doivent encore être arrêtés pour définir une certaine priorité dans les projets accompagnés.

"Grâce à ces actions nouvelles, nous allons arriver à -25% de réduction de nos émissions carbone en 2030. Le delta de 15 points est entre les mains des particuliers et des entreprises dans leur comportement, le changement de certaines pratiques, etc", lance Jean-Luc Moudenc, comme un appel à la mobilisation.

Un fonds de compensation carbone pour les entreprises

À destination des particuliers, Toulouse Métropole va mettre en place un "fonds Air Bois", dont le montant n'est pas encore précisé. Mais celui se matérialisera par des subventions pour aider financièrement les particuliers, équipés de cheminées ou anciens chauffages au bois, à se doter d'appareils de chauffage récents et performants énergiquement. La collectivité a également annoncé quelques mois plus tôt l'amplification de son service de location "Vélo Toulouse", avec l'apport de vélos électriques pour moitié du parc et un service prochainement disponible aux communes limitrophes de Toulouse.

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Pour ce qui est des entreprises, la collectivité demande aux entreprises, par exemple équipées de grands parkings, de s'emparer du sujet des ombrières photovoltaïques comme l'a déjà fait Thales. Des aides financières ont également été mises en place pour le renouvellement de la flotte de véhicules, en faveur de voitures électriques notamment. Enfin, un fonds de compensation carbone des entreprises va être créé. "L'objectif est de proposer aux entreprises de compenser localement leurs émissions de GES résiduelles en finançant des projets qui participent à la réduction ou au stockage des émissions carbone et au confort thermique", précise Toulouse Métropole.

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