Régionales 2021 : en Occitanie, le duel Delga (PS) -Garraud (RN) se confirme selon un sondage exclusif La Tribune-IFOP-Europe 1

Selon un sondage exclusif IFOP pour La Tribune et Europe 1, le candidat Jean-Paul Garraud (RN), arriverait en tête au soir du premier tour des élections régionales en Occitanie qui se dérouleront dans moins de trois semaines. Devancée, la présidente socialiste sortante, Carole Delga, dispose néanmoins d'un avantage au second tour selon divers scénarios étudiés. Seulement, plusieurs aspects pourraient venir bouleverser ces rapports de force, et ce dans les deux sens. Derrière le duo, les candidats LR, LREM et EELV doivent faire face à un effritement de leur électorat, tout en ayant la marge pour mieux faire. Analyse.
Carole Delga (PS), Jean-Paul Garraud (RN), Antoine Maurice (EELV), Aurélien Pradié (LR) et Vincent Terrail-Novès (LREM), sont en mesure de se qualifier au second tour des élections régionales en Occitanie, selon notre sondage exclusif.
Carole Delga (PS), Jean-Paul Garraud (RN), Antoine Maurice (EELV), Aurélien Pradié (LR) et Vincent Terrail-Novès (LREM), sont en mesure de se qualifier au second tour des élections régionales en Occitanie, selon notre sondage exclusif. (Crédits : Rémi Benoit)

Quelques heures avant le grand débat de La Tribune organisé à Toulouse, "il y a match", n'hésite pas à lancer Frédéric Dabi, le directeur général de l'IFOP. Pour La Tribune et Europe 1, "son" institut a sondé un échantillon de 1.003 personnes en Occitanie, à près de trois semaines du premier tour des élections régionales, programmé au dimanche 20 juin. Selon notre sondage exclusif, c'est l'eurodéputé du Rassemblement National (RN), Jean-Paul Garraud qui arriverait en tête au soir du premier tour dans la seconde plus grande région de France, avec 30% des bulletins. Celui que Marine Le Pen promet de nommer ministre de la Justice en cas de victoire à l'élection présidentielle de 2022 devance ainsi la présidente socialiste sortante, Carole Delga, deuxième avec 26% des voix.

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"Quand nous analysons ces scores de plus près, nous avons face à nous deux électorats superposables, avec comme seule zone de frottement celle du salariat", commente l'analyste. Côté géographique tout d'abord, le candidat RN réunit 35% des sondés en ex-Languedoc-Roussillon, mais "seulement" 23% en Midi-Pyrénées. À contrario, l'ancienne secrétaire d'État rassemble 29% des électeurs en ex-MP et 23 en ex-LR. Sur le plan "humain", les jeunes de 25 à 34 ans sont favorables à 35% au vote RN, une dominante que nous retrouvons chez les plus de 65 ans pour ce qui est du vote PS avec 31% des voix sondées. "Chez ces jeunes, il y a un sentiment d'insertion professionnelle difficile, exacerbé par la crise sanitaire, ce qui renforce ce vote côté Jean-Paul Garraud", tient à préciser Frédéric Dabi. En revanche, si les deux adversaires se partagent l'électorat dit salarié, tout comme les dirigeants d'entreprise, Jean-Paul Garraud récolte 52% des suffrages des chômeurs contre 11% pour Carole Delga. Côté social, le constat est identique sur la catégorie dite populaire, avec 40% pour le candidat RN. Carole Delga est quant à elle devant sur la catégorie dite supérieure (30%).

"En plus de réaliser un score plus important en Occitanie que Marine Le Pen à la dernière élection présidentielle (22,98%, ndlr), il est haut dans tous les segments traditionnels du Rassemblement National. Sans être devant, il est aussi fort dans l'électorat plus âgé, celui qui se mobilise le plus à cette élection. Par ailleurs, Carole Delga tient le choc face à cette montée du RN et en comparaison à d'autres régions la gauche ne s'effondre pas. Avec ce score, elle fait même mieux que sa performance de 2015 qui se situait à près de 24%", analyse avec le recul le directeur général de l'IFOP, en se basant sur ce sondage exclusif La Tribune-Europe 1.

Si Jean-Paul Garraud fait mieux que Marine Le Pen sur ce territoire aux 13 départements, c'est en partie grâce au fait qu'il arrive à "chiper" 22% de l'électorat de François Fillon, le candidat Les Républicains au premier tour de l'élection présidentielle de 2017. À gauche, Carole Delga parviendrait à capter 39% de l'électorat d'Emmanuel Macron si les élections régionales avaient lieu dimanche prochain.

Derrière, LR et EELV face à l'effritement, et une première élection régionale complexe pour LREM

Cette photographie à l'instant T, tout en prenant en compte la marge d'erreur potentielle de ce type d'exercice, met dans une situation inconfortable celui qui complète le podium à trois semaines de la première manche de ces élections régionales en Occitanie, à savoir Aurélien Pradié. Crédité à 14% des intentions de vote, le candidat du parti Les Républicains ne semble pas en mesure de venir troubler le duel qui se présente en Occitanie entre la présidente de région sortante et le RN. D'autant plus que le secrétaire national des LR doit tout d'abord faire face à l'effritement de son électorat, avant de voir plus loin. Ce qui explique pourquoi le score sondé est plus faible que celui réalisé par le parti aux dernières régionales (18,84%). Selon notre échantillon, 69% des sympathisants Les Républicains disent vouloir voter pour lui dans quelques semaines, et 17% se disent prêts à glisser dans l'urne un bulletin Garraud voire 8% un bulletin Delga. Par ailleurs, seulement 50% de l'électorat de Dominique Reynié de 2015 (dernier candidat LR aux élections régionales) se dit prêt à voter Aurélien Pradié. Même problème dans l'électorat Fillon de 2017 où le député du Lot ne récupère que 56% des électeurs.

Dans les deux cas, l'autre moitié se partage entre Jean-Paul Garraud (RN)... et Vincent Terrail-Novès, le candidat soutenu par la majorité présidentielle dans cette élection, dont LREM et Agir. Ce dernier, maire de Balma et conseiller régional sortant - après avoir été tête de liste en Haute-Garonne pour les dernières élections régionales avec le candidat LR Dominique Reynié - est positionné quatrième avec 13% des voix. Pour en arriver là, celui qui est aussi vice-président de Toulouse Métropole parviendrait à rassembler 66% des sympathisants de la majorité présidentielle, 29% privilégiant plutôt la carte Carole Delga selon le sondage IFOP pour La Tribune - Europe 1. Néanmoins, si l'élu local récupère 28% des électeurs de la droite de 2015, en revanche seules 41% des voix d'Emmanuel Macron de 2017 (et du premier tour) iraient dans son camp et 39% en faveur de Carole Delga.

Derrière ce quatuor de tête, à la limite d'un éventuel maintien au second tour, la liste d'Europe Écologie Les Verts (EELV) menée par Antoine Maurice ne récolterait que 10% des voix au premier tour. L'ancien candidat à la mairie de Toulouse aux dernières municipales parvient tout de même à rassembler 75% des sympathisants de son parti et domine le match chez les 18-24 ans avec 38 % des suffrages. À contrario, la tête de liste de L'Occitanie Naturellement ne récupère que 44% de l'électorat de son homologue en 2015, Gérard Onesta, face à Carole Delga qui en capte 25%. Pour être complet, derrière, la liste de La France Insoumise portée par la conseillère régionale sortante Myriam Martin est créditée de 6% des suffrages. Elle se situe ainsi devant la liste "Union essentielle" d'Anthony Le Boursicaud et son 1%, ou encore la liste "Bastir l'Occitanie" de Jean-Luc Davezac et celle de Malena Adrada soutenue par Force ouvrière, toutes deux évaluées à moins de 0,5% des votes.

Avantage Delga au second tour

Une fois les rapports de force du premier tour analysés, reste maintenant à se pencher sur les scénarios du second tour de ces élections régionales en Occitanie. Dans l'hypothèse d'une quinquangulaire comme le laisse penser l'analyse de la première manche, les scores resteraient inchangés, hormis en tête. Carole Delga et Jean-Paul Garraud se retrouveraient alors à égalité avec 31% des voix chacun, la première bénéficiant de "l'élimination" de la liste France Insoumise. Bien qu'étudié, ce scénario est de loin le plus improbable de tous, tant l'idée d'une fusion EELV-PS dans l'entre-deux tours pourrait vite s'imposer malgré les désirs d'autonomie écologistes après leurs bonnes dernières performances électorales aux élections municipales de 2020 et européennes de 2019.

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Dans ce cas de figure, les cartes seraient alors rabattues. Une alliance Carole Delga-Antoine Maurice au second tour, dans le cadre d'une quadrangulaire, propulserait la présidente socialiste sortante en tête des suffrages avec 37%. Elle devancerait ainsi Jean-Paul Garraud, évalué une nouvelle fois à 30%, et Vincent Terrail-Novès (majorité présidentielle-LREM) piquerait d'une courte tête la troisième place à Aurélien Pradié, avec 17%, contre 16%. Il parviendrait à compléter le podium en récupérant 25% de l'électorat de Myriam Martin et LFI du premier tour, ainsi que 18% de celui d'Antoine Maurice et EELV.

Cette hypothèse pourrait remobiliser dans la dernière ligne droite le camp du maire de Balma. Si Aurélien Pradié n'a jamais caché son désir de maintien au second tour malgré un risque de victoire du RN en Occitanie, voulant croire à "une droite républicaine", en revanche Vincent Terrail-Novès n'a jamais réellement dévoilé ses intentions pour le second tour au-delà de celle de s'y qualifier avec plus de 10%. Désormais, arriver potentiellement troisième apparaît comme un score honorable pour la majorité présidentielle qui vit ses premières élections régionales. Dans le cas d'un retrait, Carole Delga réunirait au second tour 40% des votants, Jean-Paul Garraud 34% et Aurélien Pradié 26%. Dans ce contexte, c'est ce dernier qui récupérerait 78% des votants de l'édile toulousain, contre 20% pour Carole Delga. En revanche, sous une autre grille de lecture, la présidente socialiste sortante accueillerait dans son giron 55% des électeurs du premier tour de 2017 d'Emmanuel Macron contre 39% pour Aurélien Pradié.

Une photo bien fragile et des rapports de force encore volatiles

Autrement dit, dans les trois scénarios de second tour étudiés, l'avantage est à Carole Delga, mais ceci est à prendre avec prudence, de par seulement ses six points d'avance en moyenne sur Jean-Paul Garraud mais aussi en raison du temps qu'il reste avant le scrutin. "La campagne ne fait que réellement commencer et les dynamiques peuvent évoluer d'ici le 20 juin", commente Frédéric Dabi. En exemple, le directeur général de l'IFOP explique que "l'électorat écologiste se mobilise toujours de manière très tardive", à l'image du dernier scrutin européen.

De plus, selon notre sondage exclusif pour La Tribune et Europe 1, la participation estimée au premier tour est de seulement 41%, à l'heure actuelle. Soit bien loin des 52,24% de participation au premier tour lors des élections régionales de 2015, ce qui démontre le potentiel pour toutes les équipes à mobiliser davantage d'électeurs encore. Par exemple, les sympathisants EELV sont les moins mobilisés pour le moment avec seulement 29% de leurs soutiens qui prévoient d'aller voter. De manière plus générale, la droite et la majorité présidentielle parviennent à mobiliser un électeur sur deux, au contraire de la gauche pour laquelle seulement 37% des électeurs ayant cette proximité politique déclarent vouloir aller voter aux prochaines élections régionales. Un sentiment de victoire avant l'heure, qui pourrait être fatale à la présidente socialiste sortante ?

Difficile à dire, néanmoins, même du côté des électeurs certains d'aller voter, une incertitude dans leur choix est encore perceptible à moins de trois semaines du premier tour. Sur ceux certain d'aller voter, 28 % des électeurs se déclarent encore incertains de leur choix, et la proportion est bien différente en fonction du camp politique. Si pour Jean-Paul Garraud (RN) 83% de ses électeurs sont sûrs de leur choix, en revanche pour les autres, c'est bien différent. Chez Aurélien Pradié (LR) , 39% des votants en sa faveur se disent capables de changer de bulletin, et le problème est le même pour Antoine Maurice (EELV) pour qui ce chiffre monte à 41%. Entre les deux tendances, il y a ceux où ce questionnement est modéré, aussi bien pour Carole Delga (29%), Myriam Martin (23%) et Vincent Terrail-Novès (28%). Des chiffres qui démontrent qu'à 18 jours du premier tour de ces élections régionales en Occitanie rien n'est fait et que tout peut encore basculer. Dès lors, le grand débat de La Tribune programmé ce soir en direct sur les réseaux sociaux à 18 heures s'annonce déterminant.

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Commentaires 8
à écrit le 03/06/2021 à 8:22
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LRM et autres party politique on peur du RN Donnons une chance A M LE PEN ??ESSAYEZ C'EST l'ADOPTER

à écrit le 01/06/2021 à 16:51
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"Jean-Paul Garraud (RN)" En tapant : liste des candidats en Occitanie ,sur Wiki ,Jean-Paul Garraud est LDP (la droite populaire).

à écrit le 01/06/2021 à 15:46
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à quoi bon de faire une politique régionale si le politique se fait défaut sur le plan national . disait Pecress avec la venue de Macron à l'Elysée , le politique français fait défaut ; personne n'est animée de cet esprit de politique mais de la corr...

à écrit le 01/06/2021 à 13:16
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Espérons que le candidat EELV ne fasse pas plus de 10% d'intentions de vote puisque je viens de voir sur une de vos dépêches reuters que Eric Piolle a été mis en garde à vue pour des pratiques courantes de nos dirigeants politiques, le fait qu'il aur...

à écrit le 01/06/2021 à 11:16
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Y a pas un représentant Patriote pour cette région ?

à écrit le 01/06/2021 à 8:29
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Une forte mobilisation de votants pour Carole DELGA, lui donnerait plus de pouvoir face à certaines velléités de totalitarisme des écologistes.

à écrit le 01/06/2021 à 8:25
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Garaud + Pradie, cela fera 44%. Faut virer le socialisme de France.

le 01/06/2021 à 14:31
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Le RN est vendu à Poutine et n'offre aucune perspective pour le pays ni les régions. Il faut virer le RN et tous les LR qui seraient tentés de faire alliance avec la petite PME familiale des LEPEN.

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