"Construire et proposer aux électeurs d'Occitanie une alternative au projet de la majorité sortante portée par Carole Delga". Voilà l'ambition de l'eurodéputé Manuel Bompard et de son parti La France Insoumise (LFI) pour les élections régionales 2021 dans cette région qui regroupe 13 départements.

"Il ne s'agit pas de dire que tout ce qu'a fait Carole Delga (la présidente sortante du conseil régional, ndlr) est à jeter, mais nous ne pouvons pas dire que nous nous retrouvons dans ce bilan. Il y a du positif, comme la gratuité des manuels scolaires dans les lycées que nous avons poussé, mais il y a aussi du négatif. Le conseil régional soutient actuellement de grands projets qui vont nuire à l'environnement et qui sont inutiles, comme l'extension du port de Port-la-Nouvelle, le projet de scierie à Lannemezan ou encore l'autoroute Toulouse-Castres. Cela rend impossible de travailler avec Carole Delga dès le premier tour", tance Manuel Bompard.

Lire aussi : L'autoroute Toulouse-Castres, "une priorité nationale" pour le gouvernement

À titre d'exemple, le Toulousain regrette également l'absence de contreparties demandées aux entreprises qui bénéficient des aides financières du conseil régional d'Occitanie dans le cadre de la crise sanitaire, comme notamment l'interdiction de faire appel à des travailleurs détachés, un sujet hautement sensible. Face au fait que le Rassemblement National est donné en tête en Occitanie selon un récent sondage de La Tribune, "il faut s'attaquer à la racine des problèmes pour calmer cette colère ambiante qui entraîne la tentation d'un vote RN. Nous avons la volonté d'avoir une région beaucoup plus sociale face à la crise actuelle", annonce Manuel Bompard.

Lire aussi : Régionales en Occitanie : vers un duel entre Carole Delga et le RN en 2021

Le Monsieur élections du parti mélenchoniste veut ainsi "proposer un autre avenir à l'Occitanie", à l'occasion de ce scrutin en proposant un projet basé sur trois grands axes, à savoir "un bouclier social et sanitaire", "la transition écologique" et "la démocratisation de nos collectivités locales", énumère-t-il.

Une alliance avec EELV envisagée

Pour porter et enrichir ce projet alternatif, La France Insoumise vient de lancer un appel pour une Occitanie populaire, déjà signé par plus de 1 500 personnes. Cette mobilisation, qui n'est qu'à ses débuts, doit encourager la création d'une liste commune avec d'autres forces politiques, des citoyens, des collectifs et associations.

"Nous tendons la main à d'autres forces politiques comme EELV, le Parti communiste, ou Génération-S notamment, afin de construire une liste commune et une stratégie majoritaire. Il y a déjà eu une première série d'échanges avec ces forces politiques, la seconde est un peu en suspens en raison de la date incertaine de la tenue de ces élections régionales. Mais il y a suffisamment de points d'accords pour travailler ensemble", fait savoir l'élu de La France Insoumise.

Néanmoins, ce dernier a pris connaissance des propos tenus récemment dans La Tribune par la nouvelle tête de liste d'Europe Écologie Les Verts, Antoine Maurice, et appelle son potentiel allié "à bien réfléchir", face aux volontés d'autonomie et de gouvernance affichées par le candidat écologiste.

Lire aussi : Régionales 2021 en Occitanie : "EELV y va pour gouverner", prévient Antoine Maurice

"Une démarche commune est le meilleur moyen pour parvenir à proposer ce projet alternatif. Comme le démontre le récent sondage, si nous partons ensemble il y a la possibilité de disputer la première place de cette élection. En ordre dispersé, cela sera plus compliqué", insiste-t-il.

L'hypothèse d'une liste autonome pas écartée

Selon le premier sondage de ces élections régionales 2021 en Occitanie, proposé par La Tribune, EELV est créditée de 12 points au premier tour, contre 9 pour LFI et Manuel Bompard. Soit assez loin de Carole Delga et du Rassemblement National, tous deux au-dessus des 20 points. De quoi encourager à la collaboration... Cependant l'hypothèse d'une liste autonome de La France Insoumise n'est pas impossible.

"Tout d'abord, notre volonté première est de travailler sur une liste commune la plus large possible avec d'autres. En cas d'échec, il est clair que LFI ne sera pas absente de cette élection en Occitanie. Nous avons des profils au sein de notre parti qui peuvent remplir le rôle de tête de liste. L'un ou l'une de nos conseillers régionaux sortants, qui ont fait un travail formidable durant le mandat, peuvent mener cette liste, ou moi-même", prévient le représentant du parti.

En interne, un calendrier a été établi pour mener à bien ce travail collectif. Si les élections régionales sont maintenues en mars 2021, la deadline est fixée autour de fin novembre pour faire émerger un projet commun, sinon le processus de désignation d'une tête de liste en interne sera enclenché. Un avertissement ou un simple constat ?

Lire aussi : Régionales 2021 : qu'attendent les électeurs de la région Occitanie ?