Un nouveau départ, pour une issue différente ? Battu fin juin par le Républicain Jean-Luc Moudenc, au second tour des élections municipales de Toulouse en obtenant un peu plus de 48% des suffrages, l'écologiste Antoine Maurice repart pour un nouveau combat électoral.
À l'issue d'une consultation et d'un vote des militants d'Europe Écologie Les Verts (EELV) en Occitanie, samedi 3 octobre, le chef de file d'Archipel Citoyen a été désigné pour mener la liste de son parti aux prochaines élections régionales, qui doivent avoir lieu en mars 2021.
Dans cette nouvelle quête à l'investiture, le conseiller d'opposition municipal et métropolitain était opposé à l'actuel vice-président du conseil régional d'Occitanie et originaire d'Albi, Guillaume Cros. Mais ce dernier n'a obtenu que 34,8% des voix, contre 59,5% en faveur d'Antoine Maurice.
Seulement, EELV a décidé au niveau national de proposer autant de têtes de liste femmes que hommes à ces prochaines élections locales. Par conséquent, il formera un binôme avec la Montpelliéraine Jacqueline Markovic. Néanmoins, celle-ci n'a obtenu que 46,5% des suffrages, contre 53,5% de votes blancs, n'ayant aucun candidat face à elle... Un score qui la met naturellement hors-jeu pour espérer la tête de liste. Désormais, Antoine Maurice doit se faire confirmer sa nomination par un conseil fédéral de son parti attendu pour le mois de novembre. "Mais il y a peu de doutes sur sa nomination", assure-t-on du côté d'Europe Écologie Les Verts.
Une nomination qui engendre des tensions
Ce nouvel engagement électoral ne fait pas que des heureux et provoque quelques remous au sein du collectif Archipel Citoyen, façonné à l'occasion des élections municipales à Toulouse et qui regroupe plusieurs partis dont La France Insoumise, EELV, Génération-S, des anciens socialistes sous la bannière Toulouse Idées Neuves et des citoyens notamment.
"Lors de la constitution de la liste Archipel Citoyen, nous avons signé une charte dans laquelle nous nous engageons à ne pas cumuler plusieurs mandats d'élus. Certes, s'engager dans une campagne électorale n'est pas forcément synonyme de mandat par la suite, mais cela fait grincer des dents certains Archipeliens", explique un membre du collectif qui préfère garder l'anonymat pour le moment.
Dans les rangs du collectif qui est parvenu d'une manière inédite, par sa méthode, à atteindre le second tour dans la quatrième ville de France, le silence est désormais la règle pour les prochains jours. Un travail de médiation est mené par les militants entre les divers "clans" du groupe afin de parvenir à la création d'un groupe d'opposition à la Métropole, ce qui n'est toujours pas fait trois mois après les élections.
"Nous n'arrivons pas à fonctionner... Nous sommes embourbés dans des histoires de gouvernance et de méthodes, après un premier accord rejeté finalement par La France Insoumise. Nous nous dirigeons vers deux groupes à la Métropole avec d'un côté, Génération-S, EELV, Toulouse Idées Neuves et de l'autre Marc Péré (maire de l'Union, ndlr), LFI et les Archipeliens. Forcément, la nomination d'Antoine Maurice cristallise encore plus la situation", témoigne un autre élu d'opposition.
La fracture de ce collectif au niveau de la Métropole pourrait avoir le même effet au niveau du groupe municipal, déjà fragilisé par diverses problématiques. Surtout, avec la nomination et les ambitions en vue des élections régionales en Occitanie d'Antoine Maurice, certains de ses membres ne l'estiment plus crédible pour garder la présidence du groupe d'opposition.
Quelle stratégie politique face à Carole Delga ?
Au-delà des problèmes politiques toulousains, la tête de liste EELV Antoine Maurice devra affronter la présidente sortante, la socialiste Carole Delga ? Et, une question majeure se pose : quelle stratégie politique peut-il mener face à "sa partenaire" à l'occasion des élections municipales quand l'ancienne ministre lui avait apporté son soutien dans la dernière ligne droite, et ce de manière poussive ? Lors d'une conférence de presse pour sceller leur alliance, tous deux avaient déclaré partager "des valeurs communes" et "des idéaux identiques".
Carole Delga s'est affichée aux côtés d'Antoine Maurice, le 22 juin à Toulouse, pour le soutenir dans sa mission de quête du Capitole aux dernières élections municipales (Crédits : Rémi Benoit).
"Je suis surprise. Je pensais que son projet, c'était Toulouse", a d'ailleurs déclaré Carole Delga dans une récente interview accordée à La Dépêche Du Midi à propos des intentions de l'écologiste, tout en appelant à une gauche rassemblée en Occitanie, face au Rassemblement National, lors de ce prochain scrutin.
D'après un sondage exclusif publié mi-septembre par l'Ifop, pour La Tribune, une liste EELV autonome au premier tour aux prochaines élections régionales pourrait porter préjudice à Carole Delga. Si ce scénario venait à se concrétiser, elle est donnée seconde avec 22% des voix, contre Julien Sanchez et le Rassemblement National qui arriveraient en tête avec 25%. Derrière, Europe Écologie Les Verts obtiendraient 12% des suffrages seulement. Pour Carole Delga, l'unité est donc vitale.
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