Municipales : les raisons du retrait de Nadia Pellefigue à Toulouse

Après un week-end riche en tensions au sein même de sa liste de rassemblement d'une partie de la gauche, la candidate socialiste Nadia Pellefigue a annoncé son retrait du second tour des élections municipales à Toulouse, lundi 1er juin. En façade, la gauche sera donc unie pour affronter le maire sortant Jean-Luc Moudenc le 28 juin, avec comme tête de liste l'écologiste Antoine Maurice. Voici les multiples raisons du retrait de la vice-présidente du Conseil régional dans la course au Capitole.
La pression sur la socialiste Nadia Pellefigue a été maximale pour qu'elle fusionne sa liste avec celle d'Archipel Citoyen à Toulouse.
La pression sur la socialiste Nadia Pellefigue a été maximale pour qu'elle fusionne sa liste avec celle d'Archipel Citoyen à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Alors qu'une réunion avec l'autre liste de gauche, Archipel Citoyen, était programmée lundi 1er juin à 11 heures pour avancer dans la création d'une liste unitaire, Nadia Pellefigue avait décidé de parler à ses colistiers une heure avant. La candidate socialiste aux élections municipales, à la tête de la liste Une Nouvelle Énergie pour Toulouse, leur a annoncé le retrait pur et simple de sa candidature à ce scrutin qui doit se tenir le 28 juin. Une décision officialisée dans une vidéo de moins de quatre minutes.

"Les échanges qui se sont tenus depuis le premier tour ne me permettent pas de considérer, que les conditions sont réunies, pour un rassemblement de nos deux listes que chacun porterait avec fierté et enthousiasme (...) Je ne serai pas un obstacle au rassemblement. Demain, je permettrai l'union de la gauche (...), mais personnellement je n'y participerai pas", a-t-elle déclaré.

Si elle a appelé l'écologiste Antoine Maurice pour l'informer personnellement de sa décision avant la publication de cette vidéo, en revanche, la désormais ex-candidate ne compte pas en dire davantage avant demain, mardi 2 juin. Nadia Pellefigue tiendra à 15 heures une conférence de presse pour justifier plus longuement cette décision, aux côtés de ses colistiers. D'ailleurs, elle a demandé à ces derniers de ne pas s'exprimer publiquement ou dans les médias, jusqu'à la tenue de ce rendez-vous.

Des divergences profondes entre Pellefigue et Maurice

Sans attendre cette prise de parole de celle qui est aussi vice-présidente au sein de la Région Occitanie en charge notamment du Développement Économique, plusieurs raisons évidentes justifient ce choix, qualifié de "difficile à faire, mais courageux" dans les rangs de UNE, le micro-parti inventé par Nadia Pellefigue pour tenter de la mener au Capitole. Tout d'abord, malgré de nombreux échanges et réunions avec la liste d'Archipel Citoyen menée par Antoine Maurice, l'élue régionale n'est jamais parvenue à mettre sur pied un projet commun. S'y est-t-elle mal prise ? Sa conférence de presse du 25 mai où elle a demandé publiquement la présidence de la Métropole - instance qui concentre tous les pouvoirs de décision au niveau local - comme condition au rassemblement des deux listes a été très mal perçue du côté d'Archipel Citoyen.

"Pour qui elle se prend ? Sa demande est inacceptable", avait déclaré à La Tribune un colistier de la liste du mouvement citoyen. "Pour nous, il n'est pas possible que la candidate arrivée troisième puisse être candidate à la Métropole", avait rajouté Antoine Maurice, lors d'une conférence de presse vendredi 29 juin, avant un week-end qui s'annonçait comme décisif pour l'avenir de la gauche toulousaine.

Si Antoine Maurice doit s'exprimer publiquement dans l'après-midi suite au retrait de son adversaire à gauche et qu'il doit revenir sur l'échec de ces négociations, il n'est un secret pour personne que les divergences étaient profondes entre les deux candidats sur plusieurs dossiers majeurs. Tout d'abord sur l'emploi et sur la filière aéronautique, sans parler de la LGV Toulouse-Bordeaux pour laquelle Nadia Pellefigue est favorable, ce qui n'est pas le cas d'Antoine Maurice. Les visions n'étaient pas identiques également sur la future troisième ligne de métro à Toulouse et la suite à donner à ce projet, fermement porté par le maire sortant, Jean-Luc Moudenc.

Les partis plus forts que "la politique autrement"

Alors qu'on "savait que les négociations seraient difficiles avec Archipel Citoyen pour aboutir à une fusion", dit-on dans les rangs de Nadia Pellefigue, le coup de grâce de ces 72 dernières heures est venu des divisions au sein même de la liste dans cette période fatidique. La proposition d'union de Nadia Pellefigue n'aura été portée collectivement par toute sa liste qu'à peine 48 heures... Après, toutes les composantes politiques de la liste UNE sans exception, à savoir le PCF, le PRG et le PS, ont multiplié communiqués et interviews pour appeler au rassemblement des deux listes. Celle qui a fait le plus de mal est sans aucun doute l'interview accordée à La Dépêche du Midi par le sénateur Claude Raynal (PS), aussi colistier de premier ordre sur la liste UNE. Une interview vécue comme "une trahison" en interne. Dans sa vidéo, Nadia Pellefigue est d'ailleurs revenue sur ce tournant de l'entre-deux tours.

"Je suis triste que certains se sont affranchis du collectif et ont pu déclarer qu'il n'y avait plus aucun obstacle au rassemblement de nos deux listes, alors même que des désaccords existaient toujours sur le fond et la forme, mais que les échanges étaient toujours en cours. Je déplore ces pratiques politiques loin de la nécessaire confiance, à l'opposé de l'indispensable renouveau démocratique", regrette l'élue régionale.

Un coup dur pour Nadia Pellefigue qui voulait porter initialement une candidature aux élections municipales à Toulouse hors des partis politiques afin de faire de la politique autrement. Mais ces organisations ont été plus fortes que sa volonté. Néanmoins, jusqu'au dernier moment, ses colistiers de la société civile issus de son organisation Une Nouvelle Énergie ont soutenu leur candidate, via un communiqué publié dimanche soir.

"Depuis quelques jours, des échanges ont lieu entre Antoine Maurice, Nadia Pellefigue et leurs équipes, et nous voulons réaffirmer notre soutien indéfectible à notre tête de liste, qui porte haut nos valeurs, nos principes, notre volonté d'un avenir progressiste. (...) Nous exprimons nos craintes, au regard des annonces et expressions y compris de certains de nos colistiers, sur la manière dont se poursuivent les échanges et réaffirmons notre exigence de transparence pour un rassemblement sur des bases claires décidées en commun", ont alors rédigé 25 colistiers associés au mouvement UNE et donc hors des partis politiques qui ont rejoint la liste de Nadia Pellefigue.

D'ailleurs, la grande majorité de ces colistiers signataires ne feront pas partie de la liste d'union de la gauche qui affrontera Jean-Luc Moudenc dans quatre semaines, malgré le fait que leur chef de file ait laissé le choix. Le signe qu'un collectif est né et qu'il continuera à exister après l'épisode des élections municipales, de l'aveu de certains.

Quelle gauche au second tour ?

De façade donc, la gauche sera unie pour le second tour des élections municipales à Toulouse, mais dans les faits cela ne sera pas le cas en raison du retrait du mouvement UNE et de ses colistiers qui ont participé activement à l'obtention des plus de 18% des suffrages exprimés lors du 1er tour le 15 mars dernier.

Lire aussi : Municipales : les résultats définitifs du 1er tour à Toulouse

De ce fait, ce retrait va-t-il engendrer la défaite de la gauche toulousaine dans sa mission reconquête du Capitole ? Selon un récent sondage commandé par Archipel Citoyen, sa tête de liste Antoine Maurice est donnée devant la municipalité sortante d'une courte tête, 52% contre 48%. Mais cette étude a été réalisée avant l'annonce de Nadia Pellefigue. Cet indicateur est donc désormais faussé.

Une chose est certaine, Archipel Citoyen doit maintenant négocier un nouvel accord avec la liste Pour La Cohésion de Pierre Cohen, mais aussi avec les partis politiques qui avaient initialement rejoint Nadia Pellefigue, le Parti socialiste en tête. Un nouveau casse-tête politique alors que le dépôt des listes est fixé à 18 heures, mardi 2 juin.

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Commentaires 6
à écrit le 02/06/2020 à 9:10
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Il n'y a plus que les médias à parler de la "gauche" en évoquant le socialisme. Les gars, ça commence à devenir lourd tandis que les 3/4 des français ne font plus la différence entre les partis de "droite" et de "gauche", alors qu'ils ont perdu toute...

à écrit le 02/06/2020 à 8:23
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Après le covid19 un autre virus encore plus catastrophique pour la croissance économique de la region, le Maurice19 sera la nouvelle vague craint par les spécialistes. 15 ans de retard sur tout et de retour en arrière et de saleté se profile sur la ...

le 02/06/2020 à 9:12
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"En ces moments trouble je préfère la continuité" Qui ont mené à ces temps troubles donc... Oui oui c'est logique bien entendu hein... Allez maintenant faut se reposer ! Au secours.

à écrit le 02/06/2020 à 8:23
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Après le covid19 un autre virus encore plus catastrophique pour la croissance économique de la region, le Maurice19 sera la nouvelle vague craint par les spécialistes. 15 ans de retard sur tout et de retour en arrière et de saleté se profile sur la ...

à écrit le 01/06/2020 à 20:26
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cette situation n'est pas une surprise. De plus, devant l'échec du << en même temps>> il était logique que MME PELLEFIGUE ne tombe pas dans le piège d'accepter un programme qui ne correspond pas à ses choix ainsi que ses colistiers. La maturité p...

à écrit le 01/06/2020 à 15:06
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De la politique stratégique à la petite tambouille locale ..... Si les Ecolos arrivent à Toulouse, ils vont être ravis de pouvoir mettre en place leurs idées sur la décroissance avec l’effondrement de l’industrie aéronautique qui s’annonce !!!

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