RER : à Toulouse, l'opposition saisit la balle au bond de Macron

Après l'annonce d'Emmanuel Macron ce dimanche concernant le développement des RER métropolitains dans dix métropoles françaises, les élus locaux toulousains ont saisi cette main tendue. Notamment au sein de l'opposition qui est favorable au projet, alors que Jean-Luc Moudenc, à la fois maire et président de la Métropole, est plus nuancé sur ce sujet. L'association locale Rallumons l'Étoile, qui porte un projet de RER à Toulouse depuis plusieurs années, est également satisfaite d'une telle prise de position du chef de l'État. Décryptage.
Toulouse aura-t-elle un jour son RER ?
Toulouse aura-t-elle un jour son RER ? (Crédits : Reuters)

En lâchant quelques mots à propos des RER dans les métropoles françaises, pensait-il produire un tel effet médiatique ? En fin de journée, dimanche 27 novembre, Emmanuel Macron a affiché dans une prise de parole filmée son ambition en la matière. Le président de la République souhaite la concrétisation d'un RER métropolitain dans les années futures dans « »10 métropoles françaises ».

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Étant la quatrième ville de France, il est fortement probable que Toulouse soit intégrée au quota annoncé par le chef de l'État... Cette prise de position soudaine et inattendue n'a pas tardé à faire réagir au sein de l'écosystème local. « On se félicite qu'Emmanuel Macron confirme que la création de RER métropolitains soit un objectif d'État, cela appuie ce que nous pressentions », se réjouit Benoit Lanusse, le président de l'association Rallumons L'Étoile, qui porte un projet de RER à Toulouse depuis plusieurs années.

L'opposition appelle Jean-Luc Moudenc à se manifester sur le sujet

Au sein du monde politique local, l'opposition municipale et métropolitaine n'a pas manqué de saisir la main tendue par Emmanuel Macron sur ce sujet. « Voilà une bonne nouvelle pour la planète et la qualité de vie dans nos villes congestionnées comme à Toulouse... », a réagi sur Twitter Nadia Pellefigue, la vice-présidente socialiste du conseil régional d'Occitanie qui avait porté un tel projet lors de sa candidature aux dernières élections municipales pour le Capitole. « À Toulouse, on est prêt pour démarrer... Cette annonce fera peut-être bouger les lignes des plus réfractaires, parmi lesquels Jean-Luc Moudenc », a rebondi, aussi sur Twitter, Isabelle Hardy, la conseillère d'opposition à la Ville et à la Métropole, également vice-présidente du conseil départemental de Haute-Garonne.

Carole Delga, la présidente du Conseil régional d'Occitanie, s'est elle aussi réjouit des annonces du président de la République, après avoir appelé il y a quelques semaines à "une révolution ferroviaire". "Je souhaite que soient rapidement réunis les acteurs de ces projets - Etat, Régions, Métropoles et SNCF - afin que soient précisés le niveau d'engagement financier de chacun et le calendrier de déploiement", a aussi ajouté l'élue régionale.

Métro plutôt que RER

Il est vrai que le maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc, ne croit pas du tout en l'intérêt d'un RER métropolitain, malgré un voeu voté à l'unanimité   en faveur du projet lors du conseil métropolitain de la mi-octobre. Lors d'un déjeuner avec une poignée de journalistes, dont La Tribune, au cours de l'été dernier, l'édile n'avait pas été tendre à ce sujet.

« Le RER, on agite ça comme un totem. Une sorte de rêve, de fantasme... Mais si on regarde tout le réseau de train en Occitanie, c'est 66.000 voyageurs par jour, quand la seule ligne A (du métro de Toulouse, ndlr), c'est trois fois plus de passagers ! », avait-il déclaré avant d'ajouter : « la 3ème ligne de métro va enlever 90 000 véhicules par jour sur les routes toulousaines contre seulement 20 000 pour le RER ».

« Sur le principe, un réseau toulousain composée de sa troisième ligne de métro et d'un réseau RER, ce serait un réseau qui aurait beaucoup plus de vertus. Mais nous relevons quatre questions autour de ce projet et il faut avancer dessus avec lucidité. Il y a tout d'abord la question du coût de construction. Selon une étude, l'axe nord vers Montauban est estimé à 700 millions d'euros et l'ensemble du projet à plus de trois milliards. Des points restent aussi à éclaircir sur sa temporalité et le nombre de passagers, tout comme la question des coûts de fonctionnement. Un RER c'est quatre fois plus cher qu'un métro en coût de fonctionnement », avait exposé Jean-Michel Lattes, adjoint au maire de Toulouse et président de Tisséo, interrogé par La Tribune en septembre sur le sujet.

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Depuis son retour à la tête de la mairie de Toulouse et de la Métropole, Jean-Luc Moudenc porte ardemment un tout autre projet comme évoqué ci-dessus : une troisième ligne de métro pour « sa » ville, aussi grande que les lignes A et B réunies.

« Toulouse a la chance d'avoir un réseau ferré en étoile, déjà existant. La mise en œuvre d'un RER peut donc compter sur des infrastructures qui sont déjà là, une aubaine pour la Métropole. Malheureusement, Jean-Luc Moudenc s'enferme dans une politique du tout métro, au détriment des habitants et habitantes qui ont besoin d'un maillage sur l'ensemble du territoire métropolitain. Qui plus est, ce maillage permettrait de réduire les déplacements automobiles, générateurs de pollution et de plus en plus contraints depuis l'instauration de la ZFE (...) Nous appelons Jean-Luc Moudenc à se manifester très rapidement pour que Toulouse fasse partie de cette liste », a fait savoir dans un communiqué le groupe métropolitain d'opposition AMC.

Et bien qu'elle ait été pensée dans son tracé pour être connectée à plusieurs gares ferroviaires de l'agglomération et donc potentiellement des points de passage d'un futur RER métropolitain, des doutes existent sur le financement de cette nouvelle ligne de métro face à son coût qui va avoisiner les trois milliards d'euros. Un tel montant empêche de fait la collectivité de s'engager sur un autre projet de mobilité majeur si aucun soutien financier extérieur ne vient la soutenir. Le financement de ces RER, c'est d'ailleurs le grand absent de l'intervention d'Emmanuel Macron...

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« Les questionnements de Jean-Luc Moudenc et Jean-Michel Lattes sont légitimes. Le coût dans le ferroviaire est une véritable boite noire... Il faut étudier le projet de RER à Toulouse ligne par ligne et répondre à ses nombreux points comme leur coût, leur fréquentation et les répercussions sur les mobilités locales. Mettons nous autour de la table pour trouver notamment un financement compatible avec la troisième ligne de métro à Toulouse », réagit Benoit Lanusse.

Une enquête d'opinion en cours

À Toulouse, l'association Rallumons L'Étoile milite depuis plusieurs années auprès des collectivités locales pour optimiser l'existant.

« Nous avons identifié six lignes potentielles en s'appuyant sur les branches existantes de l'étoile ferroviaire toulousaine. La ligne entre Toulouse et Colomiers est un cas d'école et pourrait être la première ligne expérimentée. Il faudrait voir ce qu'un cadencement toutes les trente minutes, avec des trains de 5 heures à minuit, aurait comme impact sur le trafic routier notamment », poursuit le président de l'association, qui fédère des particuliers, des collectivités, des entreprises et des syndicats.

En se mettant autour de la table dans un futur proche, Benoit Lanusse espère parvenir à mettre en place un choc de l'offre à Toulouse dès 2024, à l'image de ce que va mettre en place la métropole de Strasbourg. Coïncidence, l'association toulousaine a lancé depuis quelques jours une vaste étude auprès des habitants sur leurs attentes et connaissances autour du projet de RER dans la Ville rose. En une semaine, déjà 1.500 personnes ont répondu au questionnaire. L'organisme espère 10.000 retours pour démontrer l'attente autour de ce projet.

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