Troisième ligne de métro à Toulouse : des surcoûts majeurs se profilent, le maire se dit "inquiet"

Quelle sera la facture de la troisième ligne de métro à Toulouse, attendue en 2028 ? Un surcoût de plusieurs centaines de millions d'euros est inévitable et ce constat inquiète au Capitole. L'opposition pourrait s'en saisir pour redonner du poids au projet de RER toulousain.
Alstom sera chargé de fournir le matériel roulant de la troisième ligne de métro à Toulouse.
Alstom sera chargé de fournir le matériel roulant de la troisième ligne de métro à Toulouse. (Crédits : image non contractuelle Alstom/rcp)

Ce projet est la clé de voûte de la politique de mobilité de Jean-Luc Moudenc, depuis son retour au Capitole en 2014. Le maire de Toulouse et président de la Métropole, qui a aussi concrétisé le téléphérique urbain au sud de la ville, a promis aux habitants et au tissu économique une troisième ligne de métro, aussi grande que les deux existantes réunies afin de desservir de nombreux bassins d'emplois stratégiques.

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Néanmoins, ce projet ambitieux de 21 stations, dont la mise en service est attendue pour 2028, a un coût. Pas moins de 2,7 milliards d'euros. Encore que, cette estimation était celle d'hier. Aujourd'hui déjà, le vice-président de Toulouse Métropole chargé des Finances, Sacha Briand, évoque un surcoût de 300 millions d'euros.

Pour comprendre, il faut se tourner du côté de l'envolée des prix des matériaux, ainsi que celle de l'énergie. Mais cette estimation de l'élu n'est que provisoire et il donne rendez-vous début 2023 pour une présentation d'un nouveau plan de financement de cette future troisième ligne de métro à Toulouse.

"Actuellement, nous sommes en phase de consultation pour les gros lots de génie civil. Cela représente environ 50% du prix de cette ligne de métro. Nous avons reçu les premières offres, mais les négociations ne sont pas terminées. Nous comptons avoir les offres finales à la fin du mois de novembre. Nous procéderons à une révision du budget global après cette échéance", éclaircit Jean-François Lacroux, le directeur général de Tisséo Ingénierie.

Jean-Luc Moudenc appelle l'État à la rescousse

Le contexte est loin d'être favorable au projet. Le versements mobilité, cette contribution des entreprises au budget du syndicat des transports en commun toulousain, est en baisse comme partout en France. Récemment, Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo, a fait savoir que la facture énergétique de Tisséo allait passer de 6 millions d'euros en 2022, à environ 30 millions en 2023.

Par ailleurs, ce projet majeur a déjà été décalé dans sa mise en service de 2026 à 2028 en réponse à la crise sanitaire qui a fragilisé les finances des collectivités locales. Le conseil régional d'Occitanie, le conseil départemental de Haute-Garonne, le Sicoval, le Muretain et l'État, autres principaux co-financeurs de cette troisième ligne de métro, seront-ils favorables à consentir à un autre report, par exemple ? Pas certain.

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Devant un petit comité de journalistes, lundi 17 octobre, Jean-Luc Moudenc s'est dit "inquiet" face au contexte qui entoure le projet et ses premières conséquences. Alors que l'État va déjà apporter 200 millions d'euros à cette troisième ligne de métro, le maire de Toulouse a co-signé une tribune dans le Journal du Dimanche du 16 octobre pour réclamer au gouvernement une enveloppe d'investissement de neuf milliards d'euros dans les transports collectifs nationaux.

"Dans les années 80/90, l'Etat était beaucoup plus aidant sur les investissements dans les transports collectifs. À l'heure actuelle, cela reste un moyen efficace en faveur de la transition écologique. À ce titre, nous demandons à l'État de redevenir actif sur le sujet", justifie Jean-Luc Moudenc.

Un débat favorable au RER ?

Sera-t-il entendu ? Quoi qu'il en soit, l'édile ferme la porte fermement à un décalage du début des gros travaux, attendus pour fin 2022 voire début 2023. Sa position est identique quant à un éventuel phasage du projet. "Cela coûterait bien plus cher que les chiffres actuels", explique-t-il face à une opposition municipale et métropolitaine qui a longtemps appelé à cette solution.

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La vice-présidente du conseil départementale et élue d'opposition à la Métropole, Isabelle Hardy, demande par conséquence « une analyse transparente et précise de la soutenabilité financière de la 3e ligne de métro et des solutions pour répondre à l'urgence ».

Ces péripéties pourraient ainsi redonner de l'épaisseur à la nécessité d'un RER toulousain, par phases, comme le réclame l'association Rallumons L'étoile. Les élus du conseil métropolitain de Toulouse ont adopté à l'unanimité un voeu en ce sens ce jeudi 20 octobre. D'autres intercommunalités pourraient suivre. Mais là aussi, un débat existe sur son coût réel et sa faisabilité technique. Ces dernières heures, le conseil départemental de Haute-Garonne a écrit à plusieurs protagonistes du dossier dans l'espoir de faire la lumière sur ce dossier.

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