Hopper conçoit des lames de course avec les chutes de carbone de l’A350 d’Airbus

Pour permettre aux personnes amputées des membres inférieurs de pratiquer du sport, la startup albigeoise revalorise des chutes industrielles en fibre de carbone habituellement utilisées sur l’A350 d’Airbus pour en faire des lames de course. Cela lui permet de diviser leur prix de vente par deux sans renoncer à la qualité des matériaux et technique. Les premières prothèses Hopper, 100 % made in France, devraient être prêtes pour l’été 2022.
Hopper veut remettre au sport les personnes amputées.
Hopper veut "remettre au sport" les personnes amputées. (Crédits : Hopper)

Faciliter l'accès à la pratique du sport aux personnes amputées d'un membre inférieur ? C'est la mission que s'est donnée l'entreprise Hopper. Fondée en juin 2021, à Albi, par des ingénieurs, elle a conçu une lame de course à haute performance réalisée à partir de chutes industrielles. Cela permet de réduire considérablement son coût et ainsi de diviser le prix de vente par deux. Ce qui a démarré comme un projet étudiant est aujourd'hui une activité professionnelle à part entière.

"Tout a débuté en 2019 lorsque Jérôme, amputé des deux jambes et d'un bras, est venu nous voir, dans notre école d'ingénieurs (IMT Mines d'Albi), car pour courir avec ses enfants, il devait débourser plus de 10.000 euros. Il nous a donc demandé d'améliorer l'accessibilité aux sports pour les personnes amputées", raconte Hugo Roche, cofondateur de Hopper.

En effet, contrairement aux prothèses pour marcher qui sont remboursées par la sécurité sociale, celles pour courir ne le sont pas. En moyenne, leur prix est compris entre 4.000 et 7.000 euros l'unité. Une somme conséquente pour beaucoup de personnes amputées qui doivent donc renoncer au sport.

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Une lame nettement moins cher

Pour baisser le coût de l'équipement la startup rachète, à un tarif préférentiel, des fins de rouleaux de fibres de carbone issues de la production de l'A350 d'Airbus. Ces matières qui sont habituellement jetées par l'avionneur européen sont encore utilisables et adaptées pour la production de prothèses de course. Cette stratégie de revalorisation de chutes industrielles permet à la jeune société d'afficher un prix défiant toute concurrence. Ainsi, la lame de course Hopper sera commercialisée "à moins de 2.000 euros" (l'unité).

"Nous aidons Airbus à revaloriser une matière qu'ils auraient jeté. C'est la grande force de notre produit. Nous allons arriver avec la lame la moins chère du marché et la meilleure techniquement, car nous avons le meilleur matériau au monde. Si l'entreprise s'est bien développée, c'est grâce à la crédibilité des grandes entreprises qui nous entourent comme Airbus", affirme le président de la startup.

Le carbone est récupéré et mis en forme par un sous-traitant nantais. Il est ensuite couplé à une semelle réalisée par la marque française Salomon. Le packaging et l'expédition se font depuis Albi par Hopper. Les premières lames, 100 % made in France, devraient être disponibles à la vente dès cet été. Elles seront commercialisées en BtoB, à des orthoprothésistes, spécialisés dans la conception et la pose de prothèses, qui les proposeront à des particuliers. "C'est un équipement sportif qui reste quand même un dispositif médical", précise le jeune entrepreneur.

Hopper

Commencer à exporter en 2023

La production des prothèses Hopper a officiellement été lancée. La starup a pour objectif de produire une vingtaine de lame par mois pour débuter. La fabrication des premiers dispositifs a été financée par une campagne de crowdfunding sur la plateforme Ulule. Lancée le 30 mars 2022 et clôturée le 11 mai dernier, elle a permis de récolter 35.335 euros sur un objectif de 30.000 euros.

"L'argent servira aussi à équiper gratuitement une dizaine de personnes qui n'ont pas les moyens de s'offrir des lames de course."

Les premières lames de courses seront destinées au marché français. Dès le printemps 2023, la jeune pousse souhaite exporter son dispositif en Europe vers des pays limitrophes et francophones. Afin d'adresser ces futurs marchés elle prévoit augmenter sa cadence de production et de fabriquer quelques 500 lames en 2023.

Des prothèses de course pour enfants

Afin d'accompagner son lancement commercial et son développement, la jeune pousse qui emploie deux personnes à plein temps va créer deux postes à partir de septembre prochain. Hopper envisage d'avoir un effectif de huit personnes à temps plein d'ici 2024. La jeune société a pour but de faire de ses lames de courses une référence pour les personnes handicapées.

"Le but est d'apporter un maximum de polyvalence, de permettre à des gens de pratiquer un maximum d'activité et de les remettre au sport. Nous travaillons sur des améliorations et voulons mettre au point des lames de course pour enfants. Ils grandissent très vite et changent rapidement de poids sauf qu'une lame en carbone est définie pour un poids et un usage. Un enfant changer régulièrement de prothèse. Nous travaillons sur un concept de lame qui puisse suivre un enfant pendant toute sa croissance", conclut Hugo Roche.

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