Fondée en 2019 par trois ingénieurs, Romain Di Costanzo, Alain Fontaine et Ludovic Barbès, la startup toulousaine Hycco a mis au point un procédé unique qui permet de booster la performance des piles à combustible de type PEM (piles à membrane échangeuses de protons), qui représentent 73% du marché mondial. La jeune entreprise y est parvenue en utilisant un matériau nouvelle génération dans la fabrication des plaques bipolaires, composants clés de ces piles.
"Les plaques bipolaires sont un élément particulièrement important car ils représentent près de 40% du prix du système et 75% de son volume. Il y a trois catégories de matériaux (graphite, métallique, composite) qui existent pour les plaques bipolaires et il n'y en a aucun qui est capable de porter simultanément la légèreté, la compacité et la durée de vie. Notre technique de fabrication permet de produire cet élément clé en ayant simultanément ces trois propriétés. Les plaques bipolaires graphites et composites sont très durables mais manquent de compacité, les métalliques elles, sont au contraire compactes mais manquent de durabilité", explique Romain Di Costanzo, co-fondateur d'Hycco.
Ainsi, les plaques bipolaires mises au point par Hycco sont en composite avec une compacité réduite. Elles disposent d'une durée de vie de plus de 20 000 heures (contre 5 000 heures pour les plaques bipolaires métalliques) et pèsent deux fois moins lourd que des plaques métalliques. Cela est possible grace à un procédé de thermocompression, en cours d'être breveté, et sur lequel les trois associés travaillent depuis près de deux années.
Une alternative propre
Grâce à son innovation de rupture, les piles à hydrogène deviennent une vraie alternative énergétique dans le domaine des transports, émetteurs de CO2, tels que l'aviation ou l'automobile par exemple. Elles sont productrices d'une énergie décarbonée et propre.
"L'hydrogène a été identifié comme la solution la plus prometteuse pour un certain nombre d'usages notamment dans la mobilité lourde, qui inclut le fret maritime, le transport routier et de passagers comme les bus, trains et navettes fluviales. Pour ces applications, une durée de vie de 5 000 heures est insuffisante", détaille-t-il.
Outre cet usage, le produit d'Hycco peut s'adresser à des marchés très variés et n'est pas limité à celui des piles à combustibles.
"Il y a des problématiques similaires sur les électrolyseurs et les batteries redox. Notre innovation est plus large que la réalisation de plaque bipolaires. Nous sommes capables de faire des éléments carbone, conducteurs électrique qui peuvent répondre aux problématiques que rencontrent les industriels", précise le cofondateur.
Cependant, le premier marché auquel compte s'adresser la jeune pousse est celui des fabricants de piles à combustibles pour la mobilité lourde, français et européens. "On ne peut pas se limiter au marché français qui est pour l'heure restreint en terme de nombre d'acteurs", justifie Romain Di Costanzo.
Déjà des commandes
Accompagnée par l'incubateur IMT Mines, à Albi, la jeune pousse prévoit deux années supplémentaires de R&D avant d'envisager une commercialisation de sa solution. En parallèle, elle va déployer une première ligne de production pilote, en Occitanie, d'ici 2022. Celle-ci va permettre à Hycco de réaliser les premiers prototypes et d'être en capacité de fournir les futurs clients. L'entreprise toulousaine juge qu'elle sera en capacité de production pour du marché de masse d'ici 2025.
"Nous avons déjà des demandes formalisées assez importantes et mettre en place l'industrialisation nous-même demande du temps et nous ne serons pas capables d'y répondre les premières années. En attendant, nous sommes en discussion avec des industriels qui sont en capacité d'assurer les volumes demandés par les clients et à qui nous allons sous-traiter l'activité."
Afin de financer ses projets, la société a besoin de fonds. Elle vient de déposer un dossier de financement auprès de la BPI afin d'obtenir 600 000 euros. Par ailleurs, Hycco vient de remporter le trophée de "l'énergie positive" et un chèque de 20 000 euros, dans le cadre du concours Inn'Ovations d'Ad'Occ, l'agence de développement économique de la Région Occitanie.
En effet, la société ne génère pour l'heure pas de chiffre d'affaires. Mais elle espère un décollage de celui-ci en 2020. Pour l'exercice 2024, elle a pour ambition de réaliser 9 millions d'euros de chiffre d'affaires. Pour le moment, Hycco, qui compte déjà deux salariés, va recruter trois personnes dès cette année.
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