C'est reparti pour un tour ! Alors que le dossier de Montpellier n'a pas été retenu, la candidature de Toulouse a été sélectionnée (comme huit autres dossiers) pour devenir un cluster IA, par l'agence nationale de la recherche et le Secrétariat général pour l'investissement. Si la capitale d'Occitanie Est comptait sur un écosystème florissant autour de l'intelligence artificielle pour être distinguée, la distinction de celle de l'Ouest s'inscrit dans la continuité. Pour mémoire, sous l'appellation Aniti, Toulouse abritait l'un des quatre instituts interdisciplinaires en intelligence artificielle de France, conséquence directe du rapport Villani.
À l'occasion d'une cérémonie à l'Élysée le 21 mai, dédiée à l'intelligence artificielle, Emmanuel Macron a annoncé les neuf nouveaux lauréats de l'appel à manifestations d'intérêt « IA Cluster : pôles de recherche et de formation en intelligence artificielle », dont Toulouse fait partie. Avec son dossier renommé une nouvelle fois Aniti, la Ville rose décroche ainsi un financement public pour les cinq prochaines années, afin de mettre sur pied une intelligence artificielle digne de confiance.
« Avec ce nouveau projet, notre ambition est de développer un portefeuille de méthodes qui devront répondre à ce besoin de confiance en l'intelligence artificielle. Cela passe par apporter des explications et garantir la robustesse de nos systèmes », commente Romaric Redon, le nouveau directeur opérationnel d'Aniti, sur le volet industriel.
L'environnement entre dans la danse
Pour y parvenir, lui et son homologue Serge Gratton, pour la partie scientifique, ont proposé dans le dossier pas moins de 19 nouvelles chaires et huit programmes intégratifs. Mais les 16 laboratoires de recherche, 7 universités et écoles d'ingénieurs, et plus de 30 partenaires industriels ne partent pas de zéro pour mettre sur pied cette IA de confiance, grâce à l'héritage de la 'version une' d'Aniti, à l'image de ce programme DEEL.
« Ce projet, qui repose sur un partenariat avec l'IRT Saint-Exupéry, consiste à répondre à des verrous industriels grâce à notre excellence scientifique. Avec lui, nous développons des intelligences artificielles de confiance pour les intégrer dans des systèmes critiques. Par exemple, on a travaillé sur une meilleure détection des pistes d'atterrissage par du traitement de l'image », présente Romaric Redon.
De par la composition de son écosystème, les travaux du cluster toulousain reposeront uniquement sur le domaine des transports, mais aussi l'industrie du futur, comme les cinq années passées, à la différence cette fois-ci que la thématique environnement a été ajoutée. « L'objectif est d'utiliser l'IA de confiance dans la prédiction climatique et la gestion des événements extrêmes, et renforcer ainsi le leadership de Toulouse dans ce secteur », justifie l'université de Toulouse dans un communiqué, membre fondateur d'Aniti.
Former plus de personnes à l'IA
Fort d'une trentaine de libraires d'algorithme en open source, dont une dizaine très populaire avec parfois pas moins d'un million de téléchargement, le cluster Aniti espère un décollage du nombre de startups créées à partir de technologies développées par ses soins. Pour le moment, une seule, Amineo, se démarque en la matière.
« Si nous comptons en startups, oui, nous ne sommes pas très bons là-dessus, mais nous avons très bon espoir que cela change dans les années à venir. Par ailleurs, beaucoup de collaborations avec des acteurs industriels ont permis à des grands groupes d'établir des standards en matière d'intelligence artificielle et de développer leur compétitivité », estime Romaric Redon, lui qui était jusqu'à présent en charge de la feuille de route IA du groupe Airbus.
Afin de favoriser le transfert de technologies des laboratoires d'Aniti vers le monde privé et industriel, le cluster repose avant tout sur un partenariat public-privé, avec pas moins de 35 partenaires industriels, dont 65% sont des grands comptes tels qu'Airbus ou Continental pour ne citer que ces exemples.
Si l'État va apporter 20 millions d'euros sur cinq ans au consortium toulousain, les industriels de leurs côtés se sont engagés à apporter près d'un quart du budget annuel d'Aniti. Des investissements auxquels il faudra ajouter le prochain montant annoncé par la Région Occitanie, dans le cadre de son plan Intelligence Artificielle, dévoilé au dernier salon Vivatech. « Le plan va nous permettre d'attirer des talents français et étrangers autour de l'IA », commente Serge Gratton, le responsable scientifique d'Aniti. Selon, l'université de Toulouse, le cluster ambitionne de former 450 spécialistes de l'intelligence artificielle chaque année dans la Ville rose.
« Si ANITI a déjà permis de doubler le nombre de personnes formées à l'IA entre 2019 et 2023, il s'agit d'aller encore plus loin. Le projet IA Cluster intègre la création d'un Master International en IA qui vise à augmenter le nombre d'étudiants - déjà élevé - par des flux venant de l'étranger, en s'appuyant sur des partenariats académiques et des collaborations de recherche à l'échelle mondiale, notamment en Asie, aux États-Unis et en Amérique du Sud », commente l'établissement fondateur.
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