Spatial : quand l'intelligence artificielle permet de prédire les débits des cours d'eau

Grâce à l'intelligence artificielle et aux données satellitaires, la startup toulousaine BWI réussit à prédire les débits et hauteurs des fleuves et des rivières à dix jours. Une technologie qui a déjà conquis des acteurs publics au Sénégal, en Inde ou en France et qui intéresse de près les assurances et plus globalement les industriels tant la gestion de la ressource en eau devient cruciale. Spin-off du groupe spatial Hemeria, BWI vient de boucler une levée de deux millions d'euros pour accélérer son développement.
Grâce à l'intelligence artificielle et aux données satellitaires, la startup toulousaine BWI réussit à prédire les débits et hauteurs des fleuves à rivières à dix jours.
Grâce à l'intelligence artificielle et aux données satellitaires, la startup toulousaine BWI réussit à prédire les débits et hauteurs des fleuves à rivières à dix jours. (Crédits : Rémi Benoit)

« Beaucoup d'acteurs économiques n'auraient jamais imaginé un jour avoir besoin de prévisions hydrologiques et sont freinés dans leur activité en raison du stress hydrique. Par exemple, une usine de production d'hydrogène nécessite un volume important d'énergie mais aussi d'eau pour réaliser l'étape d'électrolyse. De la même manière que certaines entreprises consomment des prévisions météo, beaucoup d'acteurs vont avoir besoin des prédictions sur la ressource en eau disponible », observe Jérémy Fain, directeur général de BWI.

Simuler la propagation des précipitations

Cette startup, initiée en 2022 au sein du groupe spatial toulousain Hemeria, s'appuie sur l'intelligence artificielle pour prédire les débits et hauteurs des fleuves à rivières à dix jours.

« Notre intelligence artificielle va simuler la propagation des précipitations, liquides comme la pluie ou solides comme la neige. jusqu'à ce que la goutte d'eau arrive et vienne renforcer le débit d'une rivière et jusqu'à que cette eau soit absorbée par un sol », avance Jérémy Fain.

La startup s'appuie sur les données satellitaires pour modéliser le tracé des cours d'eau à l'échelle mondiale et puise dans les prévisions météo pour générer des stations virtuelles de suivi de la ressource en eau.

« Ces stations virtuelles ont l'avantage de fournir la donnée sur des zones complètement vierges d'instruments de mesure. Par exemple, nous avons déployé notre technologie sur un fleuve long de plus de mille kilomètres, le Godavari, qui traverse six régions indiennes et qui ne faisait l'objet d'aucune mesure physique. Notre intelligence artificielle est capable d'être déployée n'importe où dans le monde sans risque d'endommager l'électronique en cas d'inondation, de vol des instruments et en avoir besoin de se déplacer pour assurer la maintenance de la station », argue le directeur général de la startup. Pour autant la technologie de BWI vise à apporter une solution complémentaire aux stations physiques classiques en leur apportant au-delà du suivi en temps réel des prédictions.

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Tensions autour de la ressource en eau

Outre l'Inde, la solution a déjà conquis des agences de l'eau au Sénégal ou en France (notamment le fleuve Lys dans le Nord). « Les pouvoirs publics sont à l'affût de ce type de données pour arbitrer le partage de la ressource en eau. C'est le cas par exemple en Inde avec le Godavari, qui traverse six régions indiennes et il faut répartir équitablement les ressources. Les guerres de l'eau est déjà une réalité. En France aussi, les agences ont besoin d'anticiper les éventuelles tensions sur l'eau entre les prélèvements agricoles et les besoins des villes », ajoute Jérémy Fain.

Du côté des acteurs privés, la technologie de BWI intéresse aussi de près les producteurs hydroélectriques pour anticiper le débit des barrages mais aussi les assureurs pour évaluer les retombées des catastrophes naturelles, dont la facture ne cesse de s'alourdir.

Deux ans après sa création, BWI franchit une nouvelle étape dans son développement en bouclant un tour de table de deux millions d'euros avec l'arrivée de nouveaux investisseurs qui rejoignent Hemeria. Ce qui devrait permettre à la startup de 20 salariés de recruter cinq collaborateurs supplémentaires d'ici la fin de l'année.

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