Fabrication additive : la pépite Addimetal accueille JPB Système à son capital

Le sous-traitant aéronautique parisien JPB Système est tombé sous le charme de la startup toulousaine Addimetal, comme en témoigne sa prise de participation minoritaire dans le capital de cette dernière. L'industriel compte déployer dans son usine l'imprimante 3D développée par la jeune pousse, qui repose sur la technologie du Metal Binder Jetting. Cette méthode de fabrication additive n'est aujourd'hui maîtrisée et commercialisée que par des entités américaines.
Franck Liguori, Mohamad Koubar, Quentin Leboeuf et Guilhem Peres ont fondé Addimétal avec l'ambition de commercialiser une imprimante 3D équipée de la technique du Binder Jetting.
Franck Liguori, Mohamad Koubar, Quentin Leboeuf et Guilhem Peres ont fondé Addimétal avec l'ambition de commercialiser une imprimante 3D équipée de la technique du Binder Jetting. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est une annonce qui démontre une nouvelle fois tout l'intérêt de l'industrie aéronautique pour la fabrication additive (ou l'impression 3D) ! La PME parisienne JPB Système vient d'officialiser sa prise de participation dans le capital de la startup toulousaine Addimetal.

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Annoncée en exclusivité dans les colonnes de La Tribune, la création récente de cette jeune pousse ne cesse de susciter de l'intérêt. « Nous avons beaucoup de prospects dans l'aéronautique et de la part de laboratoires », confie Franck Liguori, cofondateur d'Addimetal.

Les potentiels partenaires de l'entreprise sont attirés par la nouvelle imprimante 3D mise au point par ses soins, basée sur le concept industriel du Binder Jetting. Cette méthode de fabrication additive consiste à venir poser successivement de fines couches de grains de poudre métallique, grâce à une sorte de sabot robotisé qui fait des va-et-vient, tout en y projetant un liant. Une fois achevée, la pièce est mise au four pour être densifiée. Cette technologie peut aussi être utilisée avec des matières minérales et polymères, en plus d'une large variété de métaux.

Seulement, le peu d'entreprises qui développent et commercialisent cette technologie du Binder Jetting sont toutes aux mains d'acteurs américains et pratiquent des prix importants. Addimetal promet par la même occasion de venir bousculer cette politique tarifaire à travers cet enjeu de souveraineté industrielle.

Une ligne de production à venir

C'est dans le souci d'accélérer la mise sur le marché de l'imprimante 3D développée par l'acteur français que le sous-traitant aéronautique JPB Système s'est ainsi positionné. « Ils étaient intrigués par notre technologie, ils sont donc venus nous voir à Toulouse dans notre atelier. De là, nous avons discuté d'une collaboration commerciale, puis d'une collaboration technique, avant de basculer vers un accord capitalistique », raconte le dirigeant. Pour comprendre, il est à souligner que la prise de contact entre les deux entités s'est déroulée dans une période où Addimetal était dans une recherche active de 500.000 euros pour accélérer son développement après avoir mis au point son prototype. S'il s'agit d'une prise de participation minoritaire, les deux parties préfèrent garder confidentiels le montant de l'accord et la part de capital obtenue par JPB Système. « Ce n'était pas l'offre la plus importante que nous avions sur la table sur le plan financier, mais stratégiquement c'était la plus intéressante », précise Franck Liguori.

Addimetal

Le prototype développé par Addimetal a été masqué pour des raisons de propriété intellectuelle (Crédits : Rémi Benoit).

« JPB Système et Addimetal prévoient donc de mettre en commun leurs avancées respectives afin de démontrer au marché les avantages nombreux du Metal Binder Jetting mais aussi accélérer le développement de la technologie et maîtriser le process », a commenté Damien Marc, le PDG de JPB Système sur son profil Linkedin.

Dans l'industrie aéronautique, la PME parisienne est reconnue pour son savoir-faire dans la conception et la production de systèmes auto-freinant pour les aéronefs. Par ailleurs, ses moyens de production lui ont permis d'être distinguée pendant plusieurs années comme le meilleur fournisseur de Safran Aircraft Engines. C'est aussi depuis plusieurs années que JPB Système s'intéresse et pratique la fabrication additive, lui permettant ainsi de réduire ses délais de fabrication et de gagner en productivité dans son usine située à Montereau-sur-le-Jard (Seine-et-Marne).

C'est aussi grâce à son volontarisme sur la fabrication additive que la société fait partie des neuf premiers lauréats de l'appel à projets France 2030 « Produire en France des aéronefs bas carbone », comme Ascendance Flight Technologies.

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« Notre projet consiste en la création d'une première ligne de production Metal Binder Jetting. C'est un procédé d'impression 3D dans lequel JPB Système voit un avenir incroyable pour produire des pièces complexes à la demande, débrider nos capacités de conception afin de produire des formes impossibles à obtenir par des procédés conventionnels et ainsi alléger les pièces volantes sur les aéronefs », commente la société.

Trois machines à livrer en 2023

Dans les faits, JPB Système, qui a bouclé son dernier exercice avec 30 millions d'euros de chiffre d'affaires, compte doter sa ligne de production de trois machines maîtrisant la technologie MBJ. La première sera la version bêta que va lui fournir Addimetal d'ici la fin de l'année 2023. « Notre accord prévoit aussi la livraison d'une seconde machine, dans un an ou deux, quand notre produit sera plus mature et que nous aurons pris en compte les premiers retours de nos clients », commente Franck Liguori. Enfin, la troisième imprimante 3D est déjà en possession du sous-traitant aéronautique et c'est cet achat qui a déclenché la collaboration franco-française.

« Nous avons commencé à travailler sur la technologie du Metal Binder Jetting dès 2017. Nous avons donc créé deux thèses pour étudier le sujet et nous avons acquis une machine auprès du suédois ExOne afin de s'approprier le logiciel d'une machine ouverte et l'adapter à nos process. Mais depuis leur rachat par l'américain Desktop Metal, ils ont revu leur stratégie. Nous n'avons plus accès aux paramètres de la machine, or, nous avons besoin d'y accéder (...) Notre engagement dans Addimetal s'est fait avec la promesse d'avoir en retour des machines ouvertes en ayant la possibilité d'accéder au logiciel », commente auprès de La Tribune Gregory Chauvet, le directeur général de JPB Système.

Avec cette technologie particulière de fabrication additive, le sous-traitant aéronautique souhaite produire des pièces complexes en moyenne et grande séries. Mais l'intérêt majeur de cet investissement reposera sur la réduction des pertes de matières premières (inconel et inox), sur laquelle mise JPB Système. Cette dernière, qui estime à plus de 50% la perte aujourd'hui en travaillant à partir de barres de divers matériaux, projette à environ 5% ces pertes avec la fabrication additive métallique.

Quant à Addimetal, en plus de la machine livrée à son nouvel actionnaire, deux autres imprimantes 3D bêta doivent être livrées avant fin 2023 à des clients dont l'identité n'a pas filtré. « Nous allons boucler ce premier exercice avec 500.000 euros de chiffre d'affaires, notre objectif, et le vrai décollage commercial arrivera en 2025 », fait savoir le cofondateur. Par ailleurs, la startup compte embaucher six personnes à court terme dont trois ingénieurs et un commercial pour accompagner cette montée en puissance.

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