Exclusif. Addimetal importe en France une technologie de fabrication additive métallique aujourd'hui aux mains des Américains

EXCLUSIVITÉ LA TRIBUNE. Nouvel acteur sur le marché de la fabrication additive, la startup Addimetal développe actuellement en France, et particulièrement à Toulouse, une imprimante 3D pour de la production via la technique du Binder Jetting, uniquement maîtrisée par les Américains actuellement. Après des tests réussis avec le premier prototype, plusieurs acteurs industriels ont déjà passé des pré-commandes auprès de la jeune pousse qui prépare une levée de fonds. Les détails.
Franck Liguori, Mohamad Koubar, Quentin Leboeuf et Guilhem Peres viennent de co-fonder la startup Addimétal avec l'ambition de commercialiser une imprimante 3D équipée de la technique du Binder Jetting.
Franck Liguori, Mohamad Koubar, Quentin Leboeuf et Guilhem Peres viennent de co-fonder la startup Addimétal avec l'ambition de commercialiser une imprimante 3D équipée de la technique du Binder Jetting. (Crédits : Rémi Benoit)

Le Binder Jetting, une technologie de fabrication additive par projection de liant. Voilà la technique de production que compte importer en France la jeune société Addimetal, née à Toulouse en 2021, comme le dévoile  La Tribune en exclusivité. Pourquoi importer ? À l'heure actuelle, ce procédé technologique est maîtrisé uniquement par des acteurs américains (Desktop Metal et Markforged). Derrière ce projet franco-français qui embarque aussi l'INP de Toulouse et son laboratoire Cirimat, il y a donc un enjeu de souveraineté. Ce qui a d'ailleurs valu à ce projet industriel un soutien financier du fonds France Relance.

"Nous sommes conscients de notre retard par rapport aux Américains. La plus petite imprimante 3D qui utilise la technologie du Binder Jetting chez la concurrence est commercialisée à 200.000 euros. Nous, nous voulons partir à 120.000 euros. L'idée est de venir casser le marché tout en étant plus performant. Nous ne sommes pas dans une démarche de faire du low cost", confie à La Tribune Franck Liguori, le responsable commercial d'Addimetal.

Le prototype numéro 1 est achevé et il vient même de sortir sa première série test de pièces quelques jours plus tôt, avant un départ en laboratoire pour analyse qualité. Une seconde version du prototype est espérée pour l'été 2023. Dans la foulée, cinq à dix machines pourraient partir pour une phase de tests et de co-développement chez des partenaires tels que des laboratoires et des industriels afin de parachever l'imprimante 3D à technologie Binder Jetting de la startup toulousaine Addimetal.

Une accumulation de couches de poudre de métal

Pour comprendre cet intérêt, il est à noter que de plus en plus de publications scientifiques apparaissent sur cette technique de production du Binder Jetting. Celle-ci consiste à venir poser successivement de fines couches de grains de poudre métallique, grâce à une sorte de sabot robotisé qui fait des va-et-vient, tout en y projetant un liant. Une fois achevée, la pièce est mise au four pour être densifiée. Cependant, cette technologie peut aussi être utilisée avec des matières minérales et polymères, en plus d'une large variété de métaux.

Parallèlement, nombreux sont les industriels à utiliser un autre procédé de fabrication additive métallique, à savoir la Direct Metal Laser Sintering (DMLS), dont particulièrement dans l'industrie aéronautique. C'est le cas par exemple chez Liebherr Aerospace, Thales ou encore Airbus, pour ne citer que ces exemples.

"Par rapport à d'autres techniques, la technologie du Binder Jetting est un gage de qualité pour les productions car elle garantit une meilleure cohésion du métal notamment. Elle offre aussi des cadences de production bien plus importantes", met en avant Mohamad Koubar, le président d'Addimetal.

Addimetal

Mohamad Koubar, un ancien salarié d'eMotion Tech, est le président d'Addimétal (Crédits : Rémi Benoit).

Mêmes actionnaires qu'eMotion Tech, mais aucun lien entre les deux sociétés

À court-terme, le marché des fabricants de serrures pourrait alimenter les premières commandes, selon des analyses d'Addimetal, tout comme l'industrie aéronautique et spatiale sera visée, au même titre que l'automobile ou le luxe. Bien qu'aux débuts de l'aventure, la jeune startup a déjà reçu huit lettres d'intention pouvant déboucher chacune sur la commande d'une machine. D'autres prospects s'y seraient engagés de manière orale. De bon augure pour la suite donc.

Reste maintenant à financer la société pour assurer son développement et la production des premières machines 3D équipées de cette technologie dite Binder Jetting. Jusqu'à présent, Addimetal a assuré sa phase de R&D sur fonds propres. Mais à très court terme, une première levée de fonds d'amorçage pourrait intervenir dans les trois à six mois pour un montant autour d'un million d'euros. Une autre pourrait suivre au plus tôt fin 2023, pour une dizaine de millions, afin de préparer le lancement de la commercialisation visée pour 2024.

Pour l'heure, son capital est composé de Franck Liguori, Guilhem Peres et Quentin Leboeuf, qui sont aussi les actionnaires et dirigeants de la PME toulousaine eMotion Tech, spécialisée sur la fabrication d'imprimantes 3D avec fusion de filaments plastiques (pour l'industrie désormais après avoir commencé avec les particuliers et le tissu scolaire). "Mais la société Addimetal n'a aucun lien avec eMotion Tech et c'est voulu", commente le président Mohamad Koubar, aussi ancien salarié de la PME. "eMotion Tech est gérée en bon père de famille, tandis qu'avec Addimetal l'idée c'est de prendre des risques, lever des fonds et aller vite", résume Franck Liguori.

Lire aussiImprimante 3D : eMotion Tech séduit les grands industriels et vise désormais les petits

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Commentaire 1
à écrit le 29/10/2022 à 17:03
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12 millions d'euros d'investissement pour cet techno mérite un appel à travers un crowdfunding... L'inflation va laminé l'épargne de nos livrets et fonds €, les gens sont prêts à investir pour l'avenir du pays contrairement à la plupart des banques q...

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