
« C'est un contrat vitrine pour nous. Nous espérons qu'il fera des petits », ne cache pas, non sans fierté, Franck Liguori, le CEO d'eMotion Tech. Ce dernier annonce dans les colonnes de La Tribune sa nouvelle collaboration avec l'armée française, pour fournir celles-ci en imprimantes 3D. Pour le dirigeant toulousain, c'est même « une victoire » selon lui, qui prend la forme d'un contrat de cinq années avec la Direction de la Maintenance Aéronautique de l'État (DMaé).
Dans un souci de montée en puissance sur la fabrication additive (production d'une pièce par ajout de matière en couches successives), l'armée avait publié un appel d'offres découpé en deux lots : un pour l'acquisition de deux à quatre machines avec la capacité d'utiliser des matériaux de haute performance et un second, pour l'achat de 38 machines avec des matériaux plus communs. C'est ce second lot que la PME toulousaine vient de remporter auprès de la DMaé.
C'est la finalité d'un véritable pivot stratégique par eMotion Tech. Quelques années en arrière, cette TPE installée à Toulouse était spécialisée dans la fourniture d'imprimantes 3D à des fins éducatives, ou au moins dans les FabLab. Ce n'était alors que les débuts de la fabrication additive. Mais la concurrence chinoise a obligé l'entreprise a quitté son marché d'origine et à se lancer à la conquête des entreprises avec des machines bien plus imposantes et à plus grande valeur ajoutée. Ce contrat avec l'armée apparaît ainsi comme un aboutissement pour la société, jusqu'alors peu présente dans le secteur de la défense.
Plusieurs bases militaires équipées
Pour ce marché, l'armée a opté pour le second modèle d'imprimante 3D à vocation industrielle développée par l'entreprise française, à savoir le modèle IDX420. Celui-ci dispose, contrairement à sa grande soeur Dual600, de deux têtes d'impression indépendantes, capables d'effectuer, en fonction des réglages de l'utilisateur, un travail identique, miroir ou différent. Elle est également équipée d'un écran tactile de contrôle, en plus d'être conçue et fabriquée en France, comme sa grande soeur.
« Nos imprimantes 3D seront réparties sur l'ensemble du territoire français, avec l'idée d'être capable de fabriquer des pièces de maintenance pour le matériel aéronautique militaire présent sur le territoire et sur tous les corps des forces armées : terre, mer, air. Il y aura des sites référents en matière de fabrication additive, avec une formation aux machines un peu plus poussée et des sites utilisateurs avec une formation un peu plus light », commente le CEO de la PME devenue une référence dans la fourniture d'imprimantes 3D à vocation industrielle.
Pour preuve, plusieurs acteurs de renom ont évolué dans la fabrication additive avec comme fournisseur eMotion Tech et tout particulièrement dans l'aéronautique, comme Safran, Airbus, Liebherr Aerospace, Airplane ou encore ST Luxury (ST Composites). D'autres acteurs dans les secteurs du luxe (LVMH), du médical et de l'agroalimentaire voire de l'automobile ont aussi en leur possession un tel équipement.
Un accompagnement personnalisé
Pour la PME de 12 salariés, ce contrat avec l'armée française est un véritable bon coup sur le plan financier. Habituellement, eMotion Tech réalise en moyenne un chiffre d'affaires d'environ un million d'euros depuis son virage vers une clientèle industrielle. Le contrat avec la Direction de la Maintenance Aéronautique de l'État va lui rapporter au minimum 450.000 euros et pourrait monter jusqu'à 750.000 si l'option d'une vingtaine de machines supplémentaires est levée par son nouveau client.
« Nous allons devoir doubler notre volume de production et donc certainement devoir recruter pour cela. Nous allons livrer cinq et dix bases par mois, et pendant cinq mois, jusqu'au premier semestre 2024. Le contrat comprend aussi l'approvisionnement périodique de certaines matériaux et de pièces détachées », précise le dirigeant à La Tribune.
En plus de devoir former les futurs utilisateurs de ses imprimantes 3D, eMotion Tech va instaurer une ligne support exclusivement réservée à ce client premium afin d'accompagner tous les corps armés dans leur montée en compétence sur la fabrication additive. L'entreprise toulousaine espère que ce ne sera que le premier pas d'une longue série dans le secteur de la défense, porteur pour n'importe quelle entreprise.
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