Des Toulousains veulent lancer Longtime, un label contre l'obsolescence programmée

La startup sociale toulousaine Ethikis planche sur un label européen pour permettre aux consommateurs d'identifier les produits conçus pour durer.
Elsa Lomont et Florent Preguesuelo, fondateurs d'Ethikis.
Elsa Lomont et Florent Preguesuelo, fondateurs d'Ethikis. (Crédits : Rémi Benoit)

À Toulouse, de simples citoyens ont décidé d'agir contre l'obsolescence programmée. Plutôt que de pointer du doigt les mauvaises pratiques commerciales, ils veulent mettre en avant les biens de consommation pensés pour durer. "Nous voulons créer le label Rouge de l'électroménager", résume Florent Preguesuelo, cofondateur d'Ethikis. Infirmier pendant 10 ans, il a décidé de s'associer avec Elsa Lomont, diplômée d'une école de commerce et qui a géré pendant six ans une structure de loisirs dédiée au paintball.

"En tant que consommatrice, je trouve cela aberrant qu'on ne puisse pas réparer certains objets. Par exemple, quand mon mixeur (qui n'était pourtant pas bas de gamme) est tombé en panne, on m'a expliqué qu'il fallait le casser pour accéder aux composants !" témoigne Elsa Lomont. Au-delà de leurs expériences personnelles, les entrepreneurs ont remarqué un manque d'indicateurs pour s'y retrouver au moment de l'achat :

" Il existe beaucoup de labels dans l'alimentaire pour guider les consommateurs. Cela a un effet levier sur les producteurs agricoles qui sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le bio. Mais l'équivalent n'existe pas pour tous les produits domestiques et de loisir", poursuit Florent Preguesuelo.

40 critères de la conception à la réparation de l'objet

Ethikis travaille depuis deux ans sur l'élaboration d'un label européen baptisé Longtime pour permettre aux consommateurs d'identifier les produits conçus pour durer. Les fondateurs ont échangé avec des associations environnementales mais aussi des réparateurs pour identifier les freins qui empêchent aujourd'hui de prolonger la durée de vie de certains produits. À l'issue de cette concertation, le cahier des charges du label axé sur 40 critères a été établi :

"II repose sur trois piliers : la conception du produit, les conditions de réparation et la garantie. Pour la conception, prenons l'exemple d'un frigo connecté. S'il n'arrive plus à envoyer des données, cela ne doit pas mettre en péril sa fonction primaire qui est de garder les aliments au frais. Cela paraît évident mais ce n'est pas toujours le cas.

Autre critère dans le cas d'un smartphone, l'utilisateur doit pouvoir retirer tout seul la batterie. De même, les pièces détachées doivent rester disponibles 5 à 10 ans après la fin de la production de l'appareil. Concernant la garantie, celle-ci doit être supérieure à la garantie légale de conformité qui est de deux ans", détaillent Elsa Lomont et Florent Preguesuelo.

Les fondateurs d'Ethikis cherchent désormais 4 entreprises pilotes pour tester le processus de certification et espèrent lancer officiellement le label fin 2018.

"Nous aurons une phase de pré-diagnostic gratuite pendant laquelle on pourra éventuellement dire au fabricant s'il est trop éloigné des critères et lui proposer de l'accompagner dans cette démarche. L'audit sera réalisé par un organisme certificateur indépendant et Ethikis touchera une rémunération pour l'utilisation du label. Mais la démarche ne coûtera que quelques milliers d'euros par an à l'entreprise. C'est nettement moins qu'une campagne de communication dans un magazine", font-ils remarquer.

D'ailleurs, une expérimentation menée en 2016 par le Cese (Conseil économique, social et environnemental) a montré qu'un label affichant une durée de vie allongée à un produit, générait une augmentation des ventes de cet appareil allant jusqu'à 128%. Désignée coup de coeur du jury dans l'appel à idées "Mon projet pour la planète" lancé par le ministère de la Transition écologique, l'Ademe et l'Agence française pour la biodiversité, la startup pourrait bientôt être accompagnée dans son projet par ces instances gouvernementales. Ethikis a déjà suivi le parcours Adress de Toulouse Métropole et cherche désormais à lever des fonds. Les Toulousains espèrent 200 000 euros pour lancer le projet et notamment embaucher des communicants, des ingénieurs qualité et des commerciaux.

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Commentaires 5
à écrit le 30/05/2018 à 17:30
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Très bonne initiative ,pour la planète ,ainsi que pour le budget des consommateurs . il faut mettre fin à cette société de consommation à outrance ! Aucune action concrète jusqu'à ce jour de la part de nos politiques . Heureusement que des cit...

à écrit le 27/05/2018 à 20:48
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Je leur souhaite du succès dans leur entreprise. Ils peuvent s’appuyer sur l’indice iFixit au besoin, pour connaître le niveau de reparabilité des produits.

à écrit le 26/05/2018 à 13:07
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Ils devraient se mettre en contact avec cette femme qui propose un site de vente anti-obsolescence programmée: https://www.wedemain.fr/Contre-l-obsolescence-programmee-elle-cree-une-boutique-de-produits-garantis-a-vie_a1707.html Produit garantie 25...

à écrit le 25/05/2018 à 10:55
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Je leur dis bravo , je regardai toujours si ce label figure sur ce que j'achèterai dès qu'il sera en place

à écrit le 25/05/2018 à 2:05
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Belle initiative. J'adhère!

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