Immobilier : comment éviter une hausse des prix après la Covid-19 ?

Pénurie de logements, risque d'inflation des prix, accès plus difficile aux crédits...La Covid-19 impacte fortement le marché de l'immobilier à Toulouse et sur sa métropole, mettant en danger des emplois. Décryptage avec des acteurs du marché.
Les acteurs toulousains de l'immobilier craignent une inflation des prix.
Les acteurs toulousains de l'immobilier craignent une inflation des prix. (Crédits : Rémi Benoit)

"Nous avons vécu une année pré-électorale qui n'est jamais propice aux permis de construire, mais en ajoutant l'inactivité liée au confinement, nous risquons d'être face à un manque de stock dans les mois à venir" alerte Stéphane Aubay, le président de la Fédération promoteurs immobiliers (FPI) de la région Occitanie.

Même si l'immobilier neuf a conservé 25% de son activité normale durant la crise sanitaire et que l'heure est à la reprise, les acteurs de l'immobilier toulousain s'inquiètent d'une sous-offre qui pourrait faire augmenter les prix.

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Relancer la délivrance de permis de construire

Si l'offre et la demande ne s'équilibrent pas dans les mois à venir, le risque est que les prix ne soient plus basés sur un prix de revient, mais plutôt sur un prix de marché. De quoi générer de l'inquiétude.

"Ce n'est pas simplement un discours de promoteur, il suffit de regarder l'exemple de la ville de Paris pour comprendre : en 2018, la capitale a commercialisé 369 logements neufs. À Toulouse, pour la comparaison, c'était 3500 biens. Ainsi, il y a une telle pénurie que les prix sont totalement décorrélés du prix de revient ! Dans la région toulousaine et dans les provinces en général, l'offre et la demande sont à peu près équilibrées, le prix de vente n'est donc pas extravagant. Mais pour maintenir ce phénomène, il faut absolument que la délivrance des permis de construire soit relancée de façon dynamique. Les maires doivent oublier un peu les élections municipales", clame le président de la FPI.

L'État va devoir soutenir les entreprises et le BTP

Si l'immobilier a pu maintenir un quart de son activité pendant le confinement, retardant ce scénario, un grand nombre de PME locales subissent tout de même des conséquences économiques de la pandémie du coronavirus. Philippe Pailhès, le président de la Chambre des Notaires de la Cour d'Appel de Toulouse, alerte sur la santé des entreprises de l'immobilier et la répercussion sur les prix du marché.

"Si un grand nombre d'entreprises ne résistent pas aux effets du Covid-19, celles qui restent et qui sont nécessaires aux promoteurs pour construire, gonfleront naturellement les prix à cause d'une sur-demande" s'inquiète le notaire.

Par conséquent, le secteur du BTP a lancé un appel à l'État et aux élus du territoire. Dans un courrier conjoint avec la FPI et l'Union sociale pour l'habitat en Occitanie, la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics de Haute-Garonne explique que les 50 000 emplois de la filière construction du département sont fortement menacés. Sans une mobilisation des pouvoirs publics et l'annonce d'un plan de reconstruction, l'activité des entreprises du BTP pourrait être "anéantie" dans un horizon de 6 mois.

"Nous avons protégé la santé de nos salariés, nous devons à présent protéger leurs emplois. Le secteur de la construction a été très durement éprouvé par la période que nous venons de connaître : 50% des reports de cotisations fiscales ont, à l'échelle de notre département, dû être activés pour des entreprises du BTP, alors qu'elles représentent 7 % de l'activité globale. Les mesures d'accompagnement mises en œuvre par le gouvernement ont amorti le premier choc, mais la deuxième vague économique risque d'être dévastatrice... Comment nos entreprises pourront-elles faire face au remboursement des charges différées, des prêts garantis par l'État qu'elles ont contractés, des nouvelles cotisations sociales et fiscales dont elles seront redevables ?", s'inquiètent les trois signataires.

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Les conditions d'accès aux crédits vont impacter la consommation

Autre nécessité pour soutenir la filière, les établissements bancaires auront un grand rôle à jouer pour relancer le marché immobilier, notamment avec l'accès au prêt pour les particuliers qui a été durci suite à l'impact de la Covid-19.

"Aujourd'hui, à taux égal, il est plus compliqué d'avoir un crédit pour acheter un bien. Il y a une analyse beaucoup plus stricte des dossiers, et notamment sur les 30 % de taux d'endettement maximal. Il y a aussi une analyse dans l'emploi : à dossier similaire, un fonctionnaire peut être bien plus confiant qu'un salarié de sous-traitant d'Airbus par exemple. Les banques sont plus méfiantes et ont plus de mal à accorder un prêt à un  particulier", analyse Maître Pailhès.

En plus d'un retard de gestion sur les dossiers en cours liés au confinement, le durcissement de l'accès à de nouveaux prêts pourrait poser des problèmes sur la concrétisation des opérations et donc par effet de ruissellement sur la demande, mais aussi l'emploi. La création d'un bien neuf crée deux emplois sur 18 mois, et avec les 12 000 logements neufs construits chaque année en Haute-Garonne, ce sont 24 000 emplois qui sont créés sur un an et demi au total, d'après les professionnels du secteur. Autant d'emplois nouveaux chaque année qui ne pourraient plus voir le jour.

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